Pendant les vacances d'été, trois garçons
s'amusent à espionner, avec des idées macabres en tête, un vieillard
excentrique qui vit seul dans une maison isolée. Petit à petit, ils se
rapprochent et découvrent un homme hors du commun.
Shinji
Somai signe ici un de ses plus beaux portraits d'enfance dans une de ses
œuvres relativement méconnues. Nous suivons ici les trois jeunes
garçons Kiyama (Naoki Sakata), Kawabe (Yasutaka Oh) et Yamashita
(Ken'ichi Makino) le temps d'un été où comme souvent chez Somai il sera
question de découverte pour des protagonistes juvéniles. Yamashita ayant
perdu récemment sa grand-mère et Kawabe n'ayant jamais connu son père
(dont il invente un passé et des métiers flamboyant dans une logorrhée
mythomane) se découvrent une sorte d'obsession pour la mort.
Celle-ci
est restée abstraite par l'incinération de la grand-mère de Shinji et du
père absent de Kawabe, et ils souhaitent en avoir une vision concrète.
Ils vont donc entraîner Kiyama dans l'espionnage d'un vieil excentrique
(Rentarô Mikuni) du quartier son grand âge le rapprochant certainement
d'une mort qu'ils pourront observer. Le vieillard bien vivant vit
pourtant une existence guère gratifiante dans sa demeure délabrée qu'il
ne quitte que pour de rares courses. Une complicité s'installe pourtant
entre lui et ses poursuivants en culottes courtes, qui vont éclairer son
quotidien tout en débroussaillant son jardin.
D'habitude Shinji Somai orchestre un évènement extraordinaire (le typhon de Typhoon Club (1985), le divorce de Moving
(1993)) pour marquer la bascule de ses jeunes héros. Rien de tout cela
ici où l'ambiance est essentiellement bienveillante et chaleureuse, la
progression du récit se soumettant à ce que l'on apprend des
personnages. La curiosité, la recherche de modèle masculin et une vraie
amitié entraînent l'attachement des garçons pour leur aîné, qui se
déride et se confie à eux le temps d'une nuit pluvieuse. La mort
superficiellement recherchée par les enfants s'invite à eux à travers le
passé douloureux de leur ami et les fantômes du Japon guerrier de la
Seconde Guerre Mondiale.
La jolie pastille d'été s'orne d'une gravité et
profondeur inattendue, mais où la tendresse et la bienveillance
surmonte tout. Shinji Somai tisse un écrin chaleureux qui anticipe
grandement les meilleurs opus d'un Kore-eda, notamment ceux qui
captivent dans cette même approche sans conflit ni bascule dramatique
comme Notre petite sœur (2015). L'onirisme
cher au réalisateur s'estompe (même s'il peut s'inviter par
intermittence comme lors de la belle dernière scène du puits, papillon
et lucioles) pour quelque chose de plus concret, de plus ancré au sol, à
la manière des fleurs que les enfants auront planté dans le jardin du
vieillard qui à son tour a retrouvé recouvré les racines du cœur (et des
souvenirs) de son aimée. Une œuvre délicate, poétique et lumineuse.
Malheureusement inédit en dvd français pour l'instant (pourtant tout fut remis en lumière lors de la rétro 2012 à la cinémathèque française)
Extrait du début du film
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