Les élèves d'un lycée
de la banlieue de Tokyo voient leur comportement influence par l'approche d'un
typhon. Le danger naturel leur fait découvrir la "vraie" vie que les
adultes oublient si souvent. Peu à peu l'approche du danger va les faire se découvrir,
leur masque social va tomber.
Shinji Somai est un des cinéastes majeurs du cinéma japonais
des années 80/90 – la prestigieuse revue japonaise Kinema Junpō le consacrera d’ailleurs
meilleur réalisateur japonais des 80’s. Son œuvre demeure malheureusement
méconnue en occident et notamment en France où la révélation de Takeshi Kitano a
un peu occulté d’autres artistes aux yeux de la critique. Typhoon Club est une
de ses rares œuvres à être sortie en salle en France et s’avère une des plus
emblématiques de son œuvre où il explore souvent le thème de l’adolescence.
On suit ici un groupe d’élèves d’un lycée de la banlieue de
Tokyo dans les quelques jours puis heures précédant l’arrivée d’un typhon, puis
leur expérience collective et individuelle durant son passage. La belle scène d’ouverture
qui voit les adolescentes s’introduire de nuit dans la piscine du lycée traduit
déjà le besoin associé d’évasion et de transgression de leur âge. Les rires et
jeux d’eau puérils les place encore dans l’enfance mais une forme de sensualité
ainsi que la manière dangereuse de tester leur limite (sans conséquence dans
cette scène) les place déjà face aux maux de l’âge adulte et notamment le
questionnement sur la mort qui hante le film. Chacun des personnages permet d’explorer
le regard insouciant, anxieux et/ou mature qu’ils ont par rapport à leur
quotidien et de quelle manière le passage du typhon va mettre tout cela à mal.
Sous la légèreté, le malaise se propage de façon explicite et inattendue (cet
élève blessant par possible dépit amoureux une camarade avec un produit
chimique) ou alors contenue sous le sérieux à travers le caractère trop
réfléchi de Mikami (Yuichi Mikami).
Shinji Somai sait donner un caractère
mystérieux à ce mal-être (le long plan fixe sur cet élève entrant et sortant
machinalement d’une pièce en tenue de base-ball) dans un rythme flottant où les
révélations rompant la norme (l’attirance lesbienne de deux lycéennes) passent
comme dans un rêve où seule la curiosité concupiscente des garçons amène un
brin de légèreté. Les personnages ne semble vivre que pour le moment présent
mais un possible futur frustrant s’invite par inadvertance dans leur salle de
classe (avec la famille de la fiancée de leur professeur) et leur rappelle le
peu d’horizon qu’offre leur campagne (le professeur s’amusant à les traitant de
paysan et articulant ses problèmes de maths dans ce sens). Cela passe
subtilement avec le grand frère étudiant de Mikami et plus violemment avec la
réaction de Michiko (Yuka Onishi) demandant des comptes au professeur (Tomokazu
Miura) pour l’esclandre. Le naturalisme de la mise en scène de Somai laisse
flotter à la fois une angoisse latente mais aussi toute la radieuse innocence
de cet âge des première fois. La première partie sert donc d’observation et d’attente
autour d’émotion prête à exploser avec le passage du typhon.
L’espace de l’école à disposition de quelques élèves coincés
sert paradoxalement de libération tour à tour inquiétante (une agression
sexuelle qui s’interrompt avant le drame, des penchants suicidaires) et
euphorisante. La frustration s’exprime par le dialogue à travers l’échange
téléphonique laconique entre Mikami et le professeur, les tabous s’estompent
par la vivacité, la sensualité puis la nudité des corps (et dans cette dualité
la nudité est d’abord forcée avec l’agression avortée) dans un mouvement
instinctif où les conventions n’ont plus cours. Shinji Somai l’illustre par une
des figures formelles majeures de son cinéma, le plan-séquence. Les deux
principaux interviennent justement dans cette émancipation des corps et des
êtres dont il scrute la progression, la contagion joyeuse parmi les élèves.
Le
réalisateur capture à la fois la candeur et la sensualité de ces silhouettes
juvéniles en les filmant à distance dans un pur instantané collectif.
Mikami filmé constamment à l'extérieur puis participant à cet élan représente le paradoxe insoluble d'une quête individualiste qui se refuse, et d'une jouissance commune qu'il ne se résout pas à rejoindre pleinement - ce que les cadrage, montage et composition de plan autour du personnage laissent parfaitement voir dans les choix de Shinji Somai. Parallèlement l’échappée se fait à Tokyo pour Rie (Yūki Kudō) où l’inquiétude,
l’excitation et les mystères de la grande ville (magnifique rencontre fantomatique
et poétique avec des duettistes joueur de flûte dans une galerie marchande)
offre là aussi toute une gamme d’expériences inattendues.Shinji Somai offre un contraste captivant de ce que peut
être ce moment de l’adolescence pour chacun dans un propos universel, et
reposant sur la lumière et les ténèbres dans un final où la tragédie se dispute
l’optimisme.
Sorti en dvd japonais
Extrait
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