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samedi 27 juillet 2019

Jump, l’âge d’or du manga - Hiroki Gotto



Dragon Ball, Hokuto No Ken, Saint Seiya ou encore City Hunter, soit autant de titres qui obtinrent une grande popularité en France par l’intermédiaire de leur adaptation animée diffusée au sein du Club Dorothée. Tous ont connus précédemment une publication papier en manga dans le magazine de prépublication Shonen Jump, véritable institution et leader incontesté sur le créneau du shonen (manga pour garçon). Hiroko Gotto, membre de la revue dans ses premières heures en 1970 puis son rédacteur en chef durant son âge d’or du milieu à la fin des années 80, se charge donc de nos en conter l’histoire dans cet ouvrage.

Le fil conducteur de l’ouvrage est de nous montrer comment se sont constituées les valeurs principales du magazine, les titres emblématiques qui les ont perpétuées et transcendées et ainsi scruter l’évolution du monde de l’édition au Japon. Le Shonen Jump se caractérisa par une règle aussi impitoyable qu’égalitaire entre les auteurs, celle de se soumettre aux votes de popularité des lecteurs. Les fameuses valeurs furent déterminées d’après un sondage soumis aux jeunes lecteurs sur les mots les plus vibrants pour eux où se détachèrent l’effort, l’amitié et la victoire. La matrice des futurs mangas « nekketsu » (combat et dépassement de soi), sportifs et d’aventure se trouve là même si l’évocation des premiers titres à succès du Jump se détache de ce modèle et surprend par ses audaces comme L’école impudique (humour grivois et provocateur entre professeurs et élève d’une école primaire qui fit scandale) de Go Nagai. L’auteur s’attarde sur des titres spécifiques à la fois selon son goût personnel et le tournant qu’il estime y voir dans la dynamique du Jump. L’absence de retour sur des titres populaires en France comme Cobra pourra décevoir mais s’explique donc par la faible influence qu’y voit Gotto. Quand il développe sur une série c’est pour aborder une mue majeure comme le calcul anticipé sur le possible merchandising de Masami Kurumada quand il façonne tout le décorum et accessoires de cloths/armures de Saint Seiya après avoir conçu un manga nekketsu sans doute plus sincère avec le récit de boxe de Ring no Kakero. C’est donc tout aussi intéressant dans l’analyse du ton et contenu des œuvres en elles-mêmes que dans leur impact parfois négatif sur les productions à venir, notamment Yu Yu Hakusho qui marqua une rupture en voyant ses volumes reliés (regroupement des chapitres paraissant de manière hebdomadaire dans le Jump et seule modèle que nous connaissions en France) dépasser en vente celle du Jump son magazine d’accueil.

Il ne faut donc pas lire le livre en quête de révélations extraordinaires sur la conception de ses titres favoris (parfois forts décevants comme la notule succincte de City Hunter) mais plutôt comme l’observation d’un modèle, standard et parfois cliché du shonen classique. Les tâtonnements des premières heures constituent ainsi les passages les plus captivants de l’ouvrage où malgré notre méconnaissance de certains titres (souvent inédits en France) Gotto nous en dépeint méticuleusement les spécificités narratives et stylistiques (passionnante évocation du manga de base-ball Astro Kyudan de Norihiro Nakajima). Les purs génies du manga sont largement célébrés (Takehiko Inoue et son cultissime Slam Dunk, Akira Toriyama évidemment) et les coulisses expliquent la dynamique singulière de la création d’un titre entre le mangaka (parfois seulement dessinateur et accompagné d’un scénariste) et son tanto, son éditeur au rôle fondamental (et parfois très interventionniste) dans la direction d’un titre. Tout juste reprochera –t-on quelques redondances et erreurs dans les noms (de titres d’auteurs) qui auraient éventuellement pu être affinées lors de la traduction. Quoiqu’il en soit une lecture indispensable pour le féru de manga et de pop culture japonaise.

Publié aux éditions Kurokawa

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