Akino est l'apprentie concierge d'un grand magasin vraiment spécial : les clients y sont tous des animaux. Qu’ils soient petits ou grands, à poils ou à plumes, Akino travaille dur pour satisfaire toutes leurs demandes… même les plus surprenantes.
Le Grand Magasin est le premier long-métrage de Yoshimi Itazu, animateur ayant fait ses armes aux auprès des plus grands à divers postes (animateur-clé sur Paprika de Satoshi Kon Satoshi, Miss Hokusai (2015) et Wonderland (2019) de Keichii Hara et Le vent se lève (2014) et Le Garçon et le Héron (2023) de Hayao Miyazaki) et officié sur certaines des séries récentes les plus emballantes comme Welcome to the ballroom (2020). Pour ce galop d’essai au cinéma, il met son talent au service d’une très fidèle adaptation du manga La Concierge du grand magasin, publié en France aux éditions Le Lézard noir.
Le récit joue de manière décalée sur deux tableaux. Tout d’abord on peut y voir une sorte de métaphore écologique puisque tous les animaux vaquant à leurs achats au sein de ce curieux grand magasin sont des espèces en voie de disparition (vison de mer, phoque tropical, lion de barbarie…). Le cadre consumériste n’est qu’un prétexte à offrir un cadre chaleureux et apaisé aux différentes bêtes pour lesquelles l’extérieur et les humains ont toujours représenté une menace. L’autre élément original consiste dans un mélange d’humanisme et de satire de travers sociaux, et plus spécifiquement japonais. L’héroïne Akino, apprentie concierge au sein du magasin, incarne l’idéal de la dévotion et du sens du service japonais. Le film se divise en segment représenté par un client dont la quête d’achat représente un défi à relever pour Akino, des maux intimes à apaiser, un bonheur furtif à donner afin que le client reparte satisfait. La timidité, le manque de communication et la solitude déterminent les difficultés d’achats des animaux et chaque solution trouvée par Akino est l’occasion d’un joli moment de bienveillance, plein de drôlerie. Itazu trouve un équilibre adéquat dans l’animation et le chara-design des bêtes dont l’anthropomorphisme repose sur les tenues et le phrasé tout ce qu’il y a d’humain, tandis que les regards et la gestuelle conservent cette part d’animalité. Le récit nous réserve d’ailleurs des surprises quant aux animaux/clients les plus récalcitrants. Un phoque tropical offre une démonstration extrême par son attitude vindicative et capricieuse du terme « le client est roi » et la réponse pince-sans-rire des employés typique de la retenue passive/agressive japonaise. Autre running-gag hilarant, les démonstrations amoureuses publique des paons, toujours prompt à exposer leur plumage avec une fierté indécente. Le foisonnant et bariolé espace du magasin a quelque chose de surréaliste et féérique qui fait ressentir sa nature hors du temps et de cocon au sein duquel, pour quelques heures, on savourera être conseillé et choyé. C’est une ode à l’empathie et au bonheur de servir, les moments les plus doux se jouant entre le sourire comblé des animaux et celui d’Akino gagnant ses galons de concierge en ayant appris à les jauger pour le meilleur. Une œuvre dont la sortie en période de noël tombe clairement à point.En salle
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