Chef des Cénobites, Pinhead s'arrache à sa prison, un totem qu'expose Monroe dans l'antichambre de son night-club. Après avoir fait de nouveaux adeptes et pris le dessus sur son sauveur, Pinhead affronte un adversaire inattendu et redoutable : l'homme qu'il fût avant de vendre son âme au diable et de basculer dans les ténèbres...
Hellraiser 3 marque une rupture logistique pour la saga puisqu’il s’agit du premier volet produit aux Etats-Unis. En raison des difficultés rencontrées durant la production de son film Cabal (le studio 20th Century Fox effectuant de larges coupes et sortant un montage non validé par Clive Barker, le film étant un échec en salle), Film Futures, la société de production de Clive Barker se trouve en difficulté financière. Les droits de la franchise sont ainsi en partie revendus à Dimension, filiale de Miramax (compagnie des frères Weinstein) consacrée au cinéma d’horreur. Si Hellraiser 3 se fait dans une relative sérénité, les conséquences seront fatales pour les opus suivants. Néanmoins l’ambiguïté, le mystère et l’atmosphère plus spécifiquement associée au cadre britannique s’estompent ici pour une approche plus explicite, simpliste et américaine.
Avant ces changements, un troisième volet était déjà envisagé par Barker qui comptait mettre le personnage de Julia (Clare Higgins) au centre de l’intrigue, mais le refus de l’actrice de reprendre son rôle change les plans. Malgré ce nouvel environnement et l’introduction d’autres personnages, le film est une vraie suite tenant compte des évènements de Hellraiser (1987) et des révélations de Hellraiser 2 (1988). Ce dernier levait en partie le mystère sur le passé de Pinhead en ranimant son identité humaine oubliée. Hellraiser 3 explicite par une approche psychanalytique grossière la dualité que Barker construisait par le prisme de l’imagerie et des relations SM dans le premier opus. Cette fois il s’agit d’explicitement illustrer le schisme entre Elliott, pan humain plus égaré que maléfique, et Pinhead pure incarnation démoniaque. La « boite », pure incarnation de cette attrait/répulsion pour le plaisir de recevoir ou infliger la douleur, devient un simple artefact sans impact. Les Cénobites étaient la matérialisation surnaturelle de ces affects humains contradictoires, mais le taiseux et inquiétant Pinhead est relégué ici au croquemitaine ricanant.Anthony Hickox est un réalisateur plutôt porté sur une horreur distanciée et référentielle, peu approprié pour le ton pesant attendu sur un Hellraiser. Malgré cette sensibilité différente, il se montre soucieux de s’inscrire dans la continuité des précédents films qu’il admirait, et cela fonctionne par intermittence. Sur le fond le manque de subtilité est criant, Hellraiser marquait la rencontre des désirs coupables enfouit en chacun avec un contexte de normalité rassurante. Une grande partie de l’intrigue se déroule dans un club de hard-rock et, la musique tout comme les tenues inhérentes à cette communauté fige le côté sombre de Hellraiser dans une concrétude ringarde. Il reste quelques éléments originels dans le personnage de Terri (Paula Marshall), jeune femme à la dérive et engoncée dans des relations toxiques avec les hommes – et cible idéale à devenir une Cénobite. C’est cependant formellement que Hickox apporte sa touche de façon marquée, les méfaits de Pinhead permettant de grandiloquentes visions blasphématoires, ou des fusions chair/métal presque cyberpunk et lorgnant sur le cinéma d’un Shin'ya Tsukamoto. Sans doute pas versé dans la sexualité plus aventureuse de Barker, Hickox effleure une certaine perversion sans oser y plonger de plain-pied durant quelques situations, notamment le climax où l’héroïne Joey (Terry Farrell) se trouve ligotée de cuir par Pinhead. Quelques cadrages et plans suggestifs trahissent la tentation d’aller plus loin, le film n’ose pas les débordements dignes de l’esprit malade de Clive Barker voire Tony Randel. Hellraiser 3 n’est pas une suite honteuse, mais elle manifeste le piège de normalité qui guette la saga en l’inscrivant dans un standard de son époque du cinéma d’horreur.Sorti en bluray français chez L'Atelier d'image
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