Police Story 3 fut à sa sortie une relance majeure de la saga policière à la gloire de Jackie Chan. C’est le premier film de la saga à ne pas être réalisé par Jackie Chan. En effet la folie des grandeurs avait rendu très dispendieux les précédents essais à la réalisation de la star s’étant façonnée des écrins à la hauteur de ses ambitions dans un enchaînement assez magique (Le Marin des mers de Chine 1 et 2 (1983, 1987), PoliceStory 1 et 2 (1985, 1988), Mister Dynamite (1986), Opération Condor (1991)). Tout en restant très interventionniste (Kirk Wong en fera les frais sur Crime Story (1993), tout comme Liu Chia-liang sur Drunken Master 2 (1994)), Jackie Chan devra donc en partie déléguer à un réalisateur avec l’arrivée de Stanley Tong. Celui-ci, ancien cascadeur, va devenir un partenaire privilégié de la star dont il va contribuer à l’ascension auprès du grand public international avec Contre-attaque (1996), Jackie Chan dans le Bronx (1997).
Police Story 1 et 2 bénéficiaient d’intrigue assez sommaire de polar et de comédie, brodées autour des scènes d’actions désormais mythiques (la destruction de bidonville et le combat dans le centre-commercial de Police Story). Ce troisième opus semble un peu moins conçu dans ce sens, et l’intrigue tout comme les morceaux de bravoure semblent chercher à davantage renouveler la série. Le scénario introduit une figure relativement récurrente et finalement assez spécifique au polar HK, celle du flic infiltré. Si l’on ne plongera jamais dans les dilemmes existentiels et moraux des grands films du genre, c’est une manière de montrer que Ka-Kui (Jackie Chan) n’est plus le jeune chien fou des précédents films, et qu’une mission jouant d’un certain profil bas, d’intelligence et de duplicité est désormais de son ressort. Dans le sillage de Police Story, le sous-genre du girls with gun a fait durant quelques années les beaux jours du polar d’action à travers les sagas du Le Sens du devoir, Angel, Angel Terminators et des stars féminines ne s’en laissant pas compter comme Michelle Yeoh ou Moon Lee. Cette tendance irrigue Police Story 3 avec la présence de Michelle Yeoh, faisant là son grand retour sur les écrans après une retraite de trois ans durant son mariage avec le producteur Dickson Poon. Ce changement de ton se conjugue aussi à celui de l’environnement, l’enquête en immersion nous menant de la Chine continentale à Taïwan, en passant par la Malaisie. Cela donne un récit étonnamment plus rigoureux, malgré quelques facilités, pour montrer Ka-kui et l’inspecteur Yang (Michelle Yeoh) remonter la hiérarchie d’un dangereux trafic de drogues. Les quelques moments de vaudeville surgissent encore ici et là (le retour tardif du personnage de Maggie Cheung relaçant les enjeux) et Jackie Chan se montre encore capable d’hilarante facéties burlesques. Mais le personnage professionnel et terre à terre de Michelle Yeoh contamine globalement le film et vole plus d’une fois la vedette à Jackie Chan. Une grande partie du récit repose avant tout sur la tension et les faux-semblants, et l’action tout en restant impressionnante repose davantage sur la pyrotechnie que sur la sidération kamikaze des cascades d’antan. Le « cadrage » voulut de Jackie Chan par les producteurs se ressent, du moins jusqu’à un climax lâchant enfin les chevaux. Poursuites sur les toits, dans les airs, sur la route puis le toit d’un train, plaçant les obstacles les plus fous et autorisant les cascades les plus dantesques, l’attente est plus que récompensée. Dans ce chaos, Michelle Yeoh se taille la part du lion avec une cascade insensée la voyant sauter à moto sur le toit d’un train en marche (le traditionnel making-of au générique rendant l’exploit encore plus intimidant). Stanley Tong est un excellent exécutant ayant su amener des éléments renouvelant la formule, mais il manque toute de même un poil de cet inattendu grisant dans cette tonalité carrée. Le temps de quelques gags amusant, la future rétrocession est en ligne de mire et la dernière ligne de Jackie Chan annoncerai presque ses accointances futures. Police Story 3 est une très réussie relance de la franchise (davantage que ne le sera 11 ans plus tard le poussif New Police Story) et rencontrera un succès immense qui mettra sur orbite la carrière de Michelle Yeoh.
Sorti en bluray français chez Le Chat qui fume
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