Un puissant trafiquant
de drogues revient à Hong Kong après un exil thaïlandais de quelques années.
Décidé à récupérer son ancien territoire, il va se retrouver confronté à
l'implacable Ida, une flic prête à tout pour l'abattre.
Angel Terminators
est un fleuron du Girls with guns, un
des sous-genres les plus féroces du cinéma hongkongais. La matrice du genre est
certainement le Police Story de
Jackie Chan (1985) avec son croisement de polar, d’arts martiaux et de cascades
survoltées. Le Girls with guns se
propose donc de décliner la formule avec des héroïnes en lieu et place des
habituels protagonistes masculins. L’un des films qui lancera cette vogue est Le Sens du devoir 2 de Corey Yuen (1985)
qui fera de Michelle Yeoh LA star d’action féminine à Hong Kong. Le Girls with guns fera donc dans les
années suivantes les belles heures du cinéma d’exploitation local, mettant en
valeur nombre d’actrices charismatiques comme Cynthia Khan ou Cynthia Rothrock.
Angel Terminators
sort alors que le genre arrive à bout de souffle à Hong Kong mais trouve nombre
d’amateurs à l’international avec un Occident en pleine découverte du cinéma de
la péninsule. On le remarque dans la distribution peu prestigieuse devant et
derrière la caméra. A la réalisation on trouve Wai Lit, ancien acteur dont le
passage à la mise en scène n’a guère marqué les esprits jusque-là. Sharon Yeung
et Kara Hui sont des combattantes accomplies, la seconde formée notamment par
le fameux chorégraphe et réalisateur Liu Chia-liang et débutera dans quelques
célèbres productions de la Shaw Brothers comme Le Sabre Infernal (1976). Elle a cependant le malheur d’arriver au
moment du déclin du studio et va végéter de longues années à la télévision,
entrecoupées de quelques productions modestes. Carrie Ng est une figure connue
de la série B hongkongaise, mais le plus souvent reléguée à des seconds rôles
et essentiellement pour sa plastique avantageuse. Cet ensemble de « second couteaux » semble donc
presque jouer son va-tout dans le
spectacle urgent et hargneux qu’est ce Angel
Terminators.
On y suit donc la lutte acharnée entre la policière Ada
(Sharon Yeung) et le chef mafieux Jin Zhang (Kenneth Tsang) de retour après lui
avoir échappé sept ans plus tôt et bien décidé à reprendre son royaume. Le scénario
dans son déroulé est assez simple et prétexte à introduire les grosses scènes d’action.
Il se démarque cependant par sa profonde noirceur qui s’illustre dans la
caractérisation des personnages et la noirceur des situations. Le méchant
Kenneth Tsang apparait ainsi à la fois revanchard de son empire à reconquérir
et mélancolique d’un amour (Carrie Ng) abandonnée dans son exil et qui a depuis
refait sa vie. Il va cependant recourir à un vice et une violence équivalent
pour refaire sien l’un et l’autre, l’amour comme le business ne se démarquant
pas comme symbole de pouvoir. Après un ensemble de péripéties jouant la
partition classique du chassé/croisé gendarme et voleur, la dernière partie surprend
cependant par son profond nihilisme.
On distingue quelques cascades périlleuse ici et là (dont
une descente de lampadaire en glissant à toute vitesse) mais qui ne sont jamais
mise en exergue pour souligner la « performance » à la manière d’un
Jackie Chan ou Michelle Yeoh. Ces morceaux de bravoure se fondent au contraire
dans l’urgence du récit qui multiple les gunfights et les combats furieux dans
un croisement de chorégraphies virtuoses et chaotiques filmées avec une
nervosité de tous les instants. Pas de place pour l’approche stylisée et
opératique d’un John Woo ici avec des corps tombant ensanglantés sous les
balles, se ployant pour recevoir ou infliger des coups rageurs. Sharon Yeung en
fliquette teigneuse impose un sacré charisme et (comme le souligne les bonus du
dvd) rend, contrairement aux tentatives maladroite récentes de féminisme dans
le cinéma d’action récent, toutes ces aptitudes naturelles et sans surlignage
inutile puisque se fondant dans l’approche pied au plancher du film.
C’est sa
déchéance qui amène l’aparté plus dramatique du film qui ne rendra que plus
fort le final vengeur. L’antagoniste la plus redoutable est d’ailleurs aussi
féminine avec la japonaise Michiko Nishiwaki, non artiste martiale mais sportive
accomplie (notamment dans le bodybuilding) à la présence magnétique (déjà appréciée d’ailleurs
dans Le Sens du devoir 3 (1988))
rendant chacune de ses apparitions mémorables. Le climax est donc dans l’apothéose
de cette approche nerveuse, sombre et féroce qui voit Sharon Yeung en finir de
façon aussi jubilatoire que dramatique avec le méchant. Une belle réussite qui
entraînera une suite l’année suivante, Angel Terminator 2.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Spectrum Films
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