Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 26 mai 2019

Le Géant de Thessalie - I giganti della Tessaglia, Riccardo Freda (1960)


Roi de Thessalie, Jason part à la recherche de la toison d'or. Après avoir affronté une tempête, le navire des Argonautes accoste sur une petite île gardée par un monstre sanguinaire. Pendant ce temps, tout le monde convoite le trône de Thessalie ...

Maître du cinéma d’aventures italien durant les années 40, Riccardo Freda sut brillamment se renouveler avec la bascule des genres populaires de la décennie suivante. Il anticipe notamment la mode du giallo et du film gothique avec Les Vampires (1957). C’est cependant dans le péplum qu’il préfigure le renouveau du genre dans les excellents Spartacus (1953) et  Théodora,impératrice de Byzance (1954). Même si fantaisiste sur plusieurs points, les deux films s’inscrivent plutôt dans le pendant historique du genre. Entre-temps, Pietro Francisi a révolutionné le péplum italien (et du coup façonné une vraie identité face au péplum américain plus porté sur l’historique et le religieux) en l’orientant vers une dimension plus mythologique et fantastique avec son diptyque Les Travaux d’Hercule (1958) / Hercule et la Reine de Lydie (1959) où il fera du culturiste Steve Reeves une star. Si cette bascule est l’occasion de quelques fameux nanars, c’est surtout une possibilité d’emmener le péplum vers des territoires surprenants, notamment dans la série des Hercule avec un fascinant et gothique Hercule contre les Vampires de Mario Bava (1961) ou Hercule à la conquête de l’Atlantide de Vittorio Cottafavi (1961) avec sa réflexion eugéniste.  

Riccardo Freda cherche donc à rattraper ce wagon en réalisant Le Géant de Thessalie qui adapte l'épopée de Jason et ses argonautes avant le film de Ray Harryhausen qui sortira en 1963. Les scénaristes semblent ne pas avoir révisé leur mythologie grecque tant ça s'emmêlent les pinceaux. L'enjeu du voyage de Jason n'est donc plus de ramener la toison d'or pour reconquérir son royaume (du moins au départ) mais d'apaiser la colère de Zeus qui par mécontentement a plongé la Thessalie dans le chaos avec des éruptions volcanique quotidienne (qu'on ne verra jamais question de budget sans doute). En fait bien que gardant certains détails de l'histoire de Jason le film est surtout un décalque médiocre de l'Odyssée et plus précisément du Ulysse de Mario Camerini (1954, coproduction italo-américaine déjà sur ce registre mythologique) auquel il reprend des pans entier de séquences comme le passage avec les sorcières copié sur celui de Circé (et ce jusqu'à utiliser le même artifice avec la même actrice dans un double rôle comme Silvana Mangano qui jouait Circé et Pénélope) ou le final vengeur (seul moment un peu palpitant où Freda retrouve ses réflexe des films de cape et d'épée).

Sinon c'est incroyablement mou, cheap et mal joué. Roland Carey en Jason a le charisme d'une huitre et Massimo Girotti en Orphée, seul personnage intéressant sur le papier, est totalement transparent tandis qu’Alberto Farnese assure le minimum syndical en méchant. Cela n'arrive même pas à avoir le petit degré de naïveté qui donnerait du charme tant certains effet sont laids, voir l'affrontement avec un Cyclope (L'Odyssée encore) qui justifie son nom uniquement par l'œil sur son front, parce que sinon c'est un bon vieux recyclage de costume de gorille (Carlo Rambaldi qui annonçait la catastrophe de ses trucages sur le King Kong de John Guillermin (1976)). C’est donc bien raté dans l’ensemble et la relative bonne réputation du film chez les amateurs de péplum italien demeure étonnante. 

Sorti en dvd zone 2 français chez LCJ 

 Extrait


1 commentaire:

  1. Effectivement, bien peu de choses (rien ?) à sauver.Le Barroco economico fait ici un petit clapotis lors des prises navales de l'ARGOS qui semblent tournées dans une bassine de vaisselle. Quant à réviser sa mythologie, c'est à y perdre définitivement son grec.

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