A Day in the Death of Joe Egg est
l'adaptation de la pièce éponyme à succès de Peter Nichols, immense
succès dès sa prière sur les planches anglaises en 1967, puis
international à Broadway et qui perdure aujourd'hui. L'histoire
s'inspire du vrai drame vécu par Peter Nichols et son épouse ayant dû
élever leur fille réduite à l'état de légume par un manque d'oxygénation
du cerveau. La pièce exploite ainsi toute la confusion de sentiments de
ces parents après des années de soins et d'amour sans amélioration,
tant au niveau personnel que celui du couple mais aussi par rapport à la
fillette.
Le film prend le parti totalement inverse de celui du futur Lorenzo
de George Miller (1992) où une forme de mysticisme transcendera les
doutes. Cela se ressent d'ailleurs dans la construction où l'on passe
d'emblée de la désolation présente du foyer avant que des flashbacks
heureux nous guident vers ce quotidien sinistre. Toute l'attention et
l'affection de Sheila (Janet Suzman) se dirigent désormais uniquement
vers sa fille inerte, cet espoir ayant depuis longtemps quitté Bri (Alan
Bates) prenant désormais tout avec cynisme. Peter Medak parvient à
surmonter la source théâtrale avec des apartés tragique et ironique où
Alan Bates endosse joyeusement tous les visages des interlocuteurs ayant
cherché à expliquer ou accepter le malheur à travers la médecine ou la
religion. Cette distance disparait même cruellement quand cette détresse
s'exprime dans un extérieur que la famille cherche à affronter malgré
tout comme dans une attraction de noël face aux regards curieux des
autres.
Le film ose exprimer les désirs les plus sombres qui peuvent
même par intermittence traverser l'esprit de ses parents las comme celui
de voir leur fille mourir, si ce n'est d'abréger eux-mêmes ses
souffrances. Cela sera malheureusement un peu trop surligné quand cela
passe par des protagonistes extérieur à la famille comme Pam (Sheila
Gish) mais elle exprime néanmoins bien ce dégoût neutre et extérieur
face à la laideur et l'apathie de la maladie- tandis que Freddie (Peter
Bowles) évoque lui une compassion excessive et coupable. Le film constitue aussi l'anti Mandy
d'Alexander Mackendrick (1952) avec un mal insurmontable qui sépare
irrémédiablement le couple, chaque signe positif (le frémissement étant autant un signe de vie qu'une convulsion) ne pouvant qu'être
déçu. Le final implacable ne laisse pas une once d'espoir et marque
durablement.
Sorti en Bluray et dvd zone 2 anglais chez Indicator et doté de sous-titres anglais
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