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jeudi 14 octobre 2021

L’Invraisemblable vérité - Beyond a Reasonable Doubt, Fritz Lang (1956)

Un journaliste engagé contre la peine de mort décide de monter un "coup" avec un écrivain. Ils fabriquent des preuves accusant ce dernier d'un crime afin de dénoncer une erreur judiciaire qui aurait pu condamner à mort un innocent.

L’invraisemblable vérité est le dernier film américain de Fritz Lang, qui fait écho aux deux premiers films du réalisateur sur sa terre d’accueil. En effet Furie (1936) et J’ai le droit de vivre (1937) abordaient frontalement les travers de la justice américaine à travers le lynchage, l’accusation à tort, ainsi que les ressorts sociétaux et juridiques amenant à ces écarts. L’Invraisemblable vérité est dans cette lignée en questionnant cette fois le principe de la peine de mort. Fritz Lang retrouve là le producteur Bert E. Friedlob avec lequel il s’était très bien entendu sur son film précédent La Cinquième victime (1956), ainsi que son acteur Dana Andrews. Le scénario de Douglas Morrow avait précédemment développé par Ida Lupino au sein de sa société de production, avant d’être récupéré par Bert E. Friedlob qui envisage immédiatement une nouvelle collaboration avec Lang. L’un des grands soucis du réalisateur sera de crédibiliser un maximum, tant dans le développement de son intrigue que par la description minutieuse des différentes étapes juridico-administrative, le postulat abracadabrantesque de son intrigue. 

La concision et l’efficacité de la mise en place réussissent remarquablement à justifier l’entreprise folle des personnages, entre goût du défi et soif de mettre à mal une institution injuste. La construction de la figure de coupable idéal pour Garrett (Dana Andrews) semble à la fois absurde mais parfaitement logique au vu de ce que l’on a déjà vu de certaines condamnations arbitraires aux Etats-Unis (plutôt concernant les afro-américains mais ce n’est pas le sujet du film). Ici il est plutôt question de la facilité pour un procureur ambitieux (Philip Bourneuf) d’extrapoler sur de vagues présomptions pour manipuler un jury crédule et façonner un condamné en puissance. Il est assez remarquable de voir lors des scènes de procès à quel points les preuves fabriquées par Garrett sont presque mises de côtés pour en trouver d’autres bien plus crédibles mais reposant sur du vide. Tout se joue donc sur la capacité de convaincre et l’image lors de scènes de procès que Lang montre comme un véritable show, une scène de théâtre où le plus charismatique et éloquent emporte l’adhésion.

Tant qu’ils pensent être maîtres du jeu, Garrett et son acolyte Spencer (Sidney Blackmer) semblent d’abord spectateurs amusés (amorcés dans la manière dont ils se mettent en scène lorsqu’ils photographient les preuves d’innocence devant servir plus tard) de ce spectacle qu’ils sont certains de démonter avant que le hasard rende concrète la supercherie. La démonstration de l’incurie de la justice est faite mais sans possibilité de retour en arrière et pour se payer au prix fort. Les postures sont plus fortes que les preuves fragiles et ce ne sera qu’en jouant ce jeu du show (lorsque la fiancée Susan va émouvoir l’opinion publique en se servant du journal de son père) que la machine de la justice vacillera. Une nouvelle fois l’artifice s’avère plus convaincant que la réalité, dans un jusqu’auboutisme logique lors d’un saisissant rebondissement final. L’ironie aurait pu être encore plus cinglante avec une conclusion à la morale plus ambigüe mais même avec ce semblant d’happy-end punitif, les rouages de la justice américaines auront été mis à mal avec brio par Fritz Lang – pourtant pas pleinement satisfait tant nombres de précisions juridiques auront été sabrées du scénario par son producteur, mais également de l'xploitation du film en format large 2.00 au lieu de son format 1.33 originel

Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Side

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