Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mercredi 6 juin 2018

Ô toi ma charmante - You Were Never Lovelier, William A. Seiter (1942)

En Argentine, à Buenos Aires, le danseur Robert Davis (Fred Astaire), à la recherche d’un emploi, se présente chez le propriétaire d’un cabaret Eduardo Acuña (Adolphe Menjou) qui, occupé, refuse de le recevoir. Eduardo est préoccupé par sa fille, Maria (Rita Hayworth), qui au grand désespoir de sa famille ne veut pas se marier. Son père imagine alors un stratagème pour la faire changer d’avis. Il envoie des fleurs et des billets doux à sa fille en lui faisant croire qu'ils viennent d'un admirateur inconnu. Par un concours de circonstance, Maria est persuadée d’avoir rencontré son « inconnu » en la personne de Robert Davis et le présente à sa famille.

Le mythique duo Fred Astaire/Ginger Rogers au terme de 9 films en commun avait pris fin en apothéose avec le superbe La Grande Farandole (1939). Les films suivants de Fred Astaire chercheraient ainsi à retrouver cette complémentarité avec d'autres partenaires comme Broadway qui danse (1940) avec Eleanor Powell et surtout le diptyque L'amour vient en dansant (1941) et Ô toi ma charmante avec Rita Hayworth. Le succès du premier film et l'excellente entente entre Fred Astaire et Rita Hayworth entraîne dont la production de cet autre film dans la foulée. Le film s'inscrit dans un courant "latino" de la comédie musicale des années 40 puisqu'avec la Deuxième Guerre Mondiale et la fermeture du marché européen, l'Amérique du sud constitue un terreau commercial non négligeable pour les studios avec des films comme Sous le ciel d'Argentine (1940), Une nuit à Rio (1941) ou Week-end à la Havane (1941).

Le scénario (auquel participe Delmer Daves) se situe donc dans un Buenos Aire pittoresque qui sera l'occasion de numéros musicaux qui permettent à Fred Astaire de poursuivre les recherches chorégraphiques autour des danses latines initiée dans les films avec Ginger Rogers. La présence de l'orchestre de Xavier Cugat (qui joue son propre rôle dans le film) va dans ce sens et posera problème dans un premier temps à Jerome Kern pour composer des chansons dans cette veine.

La trame délaisse les intrigues autour du monde du spectacle des films avec Ginger Rogers pour une pure comédie romantique. On s'amuse ainsi de ce père intrusif (au point de s'occuper lui-même du trousseau d'une de ses filles future mariée) pris à son propre piège lorsqu'il va se muer en prétendant fantôme épistolaire pour dérider sa cadette glaciale Maria (Rita Hayworth). Le problème c'est que suite à un quiproquo elle va prendre le danseur Robert Davis (Fred Astaire) pour son prétendant anonyme au grand dam de son père. Du coup hormis une scène d'audition totalement virtuose de Fred Astaire, tous les numéros musicaux sont là pour nouer la relation amoureuse des deux héros passant de jouée à sincère. Cela se traduit dans le jeu et donc la gestuelle dansée des personnages.

Rita Hayworth passe d'une sophistication distante à une sensualité affolante passant de tenue recherchée mais glaciale à des robes stylisées épousant magnifiquement ses courbes pour traduire le trouble ardent et le désir de plaire de la femme amoureuse. Il en va de même pour Fred Astaire arrogant et désinvolte ne voyant la danse que comme une obligation pécuniaire avant de se muer en amoureux timide qui se déride dans des danses chaloupée. Rita Hayworth de par sa formation au plus jeune âge à la danse latine dans la tradition familiale s'avère la partenaire idéal d'Astaire pour le film.

Sa sensualité et son allure élancée en font un contrepoint crédible à Ginger Rogers plus véloce et nerveuse et on regrette que finalement les danses communes soient finalement assez rares avec Astaire même si on savoure un tonitruant The Shorty George. Autre sommet avec un délicieux I'm Old Fashioned où la complicité des deux acteurs fait merveille. William A. Seiter accompagne l'ensemble sans génie mais avec efficacité hormis un dernier numéro un peu paresseux pour la réconciliation finale. Un très bon moment en tout cas.

Sorti en dvd zone 2 français chez Columbia 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire