Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 30 mai 2015

Héros à vendre - Heroes for Sale, William A. Wellman (1933)

Durant la Première Guerre mondiale, sur le Front français, Roger Winston reçoit l'ordre de détruire un nid de mitrailleuses allemand, avec une poignée d'hommes, parmi lesquels Tom Holmes, originaire de la même ville que lui. Tom est blessé en capturant un soldat allemand, mais Roger en reçoit les honneurs, bien qu'ayant agi lâchement, ce qu'il se garde d'avouer. Tom est évacué à l'hôpital, où il est soigné à la morphine. La guerre achevée, Roger obtient - dans la banque de son père - un emploi pour Tom, en échange de son silence...

Wellman aura signé à travers ses Pré-codes quelques-unes des œuvres les plus emblématiques de la Grande Dépression sévissant alors aux Etats-Unis comme Wild Boys of the road (1933) ou Frisco Jenny (1933). Héros à vendre est la plus audacieuse d'entre toute avec son altruisme visionnaire annonçant le Frank Capra de L'Extravagant Mr Deeds (1936) et sa description d'un anticommunisme qui n'a pas attendu le Maccarthysme pour sévir.

Vétéran de la Première Guerre Mondiale, Roger Winson (Richard Barthelmess) est dès cette expérience du front un héros spolié. Laissé pour mort lors d'une mission, son fait de gloire est attribué à son ami ayant fait preuve de lâcheté. C'est un homme meurtri qui revient aux Etats-Unis, accro à la morphine qui lui fut massivement administré pour atténuer la douleur de ses blessures. Livré à lui-même il ne rencontrera que l'incompréhension et l'injustice, notamment de son ami riche plus préoccupé de cacher le secret de sa lâcheté. Enfin guéri de ses fêlures, Roger va tenter de se reconstruire et va se confronter à l'évolution néfaste du pays, un capitalisme e une industrialisation qui fera des ravages lors de la Grande Dépression.

Grimpant les échelons dans une entreprise de blanchisserie, il promeut l'arrivée d'une machine à laver pouvant alléger la tâche des employés mais les accords pris ne seront pas respectés l'outil remplaçant peu à peu l'humain. Son altruisme ne s'accordant pas avec la froideur calculée de cette nouvelle ère capitaliste, Winson dérange les autorités qui cherchent à se débarrasser de ce "sale rouge". Wellman dans toutes ses œuvres sociales aura su se départir de toute idéologie et son héros à la sensibilité tout simplement empathique est à son image. Les vecteurs d'idéologies sont d'ailleurs violemment fustigés ici, que ce soit l'ingénieur allemand balayant ses préceptes communistes dès sa fortune faite ou le capitalisme représenté par son ami lâche balayé par le krach de 1929.

Richard Barthelmess, immense star du cinéma muet trouve ici un de ses meilleurs rôles d'une ère parlante où il aura plus de difficulté. C'est par l'émotion et la sincérité qu'il dégage que son personnage est incarné et touchant, dépassant le principe de l'idée qu'il représente. C'est peut-être d'ailleurs pour souligner cet aspect que Wellman aura rendu volontairement caricatural le personnage de l'ingénieur russe ou du banquier, coquille vide dévoués à leurs intérêts. Une réussite de plus pour Wellman.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner

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