Sunny et Claus von Bülow forment un couple de
milliardaires distingués. Mais un jour, Sunny est retrouvée dans un coma
profond provoqué par une surdose d'insuline. C'est son second coma et
tous les soupçons se portent sur son époux. Déclaré coupable de deux
tentatives de meurtre lors d'un premier procès, Claus von Bülow fait
appel et obtient pour préparer le second procès le concours de l'avocat
Alan Dershowitz, lequel n'est pourtant pas spécialisé dans ce genre
d'affaires. Devant la complexité du dossier et les délais impartis,
Dershowitz fait travailler sur le dossier une véritable équipe composée
de professionnels et de ses élèves.
L'observation et la
fascination pour le mal est un thème au cœur de la filmographie de
Barbet Schroeder qui pour l'évoquer se partage souvent entre fiction
notamment le thriller ( JF partagerait appartement (1992), L'Enjeu (1998), Calculs meurtriers (2002)) et documentaire (Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974), L'Avocat de la terreur (2007), Le Vénérable W. (2016)). Le Mystère von Bülow
constitue un habile entre-deux en mettant en scène l'affaire von Bülow,
faits divers controversé du début des 80's aux Etats-Unis. Plus
précisément, Barbet Schroeder adapte le livre Reversal of Fortune: Inside the von Bülow Case
d'Alan M. Dershowitz, avocat qui assura la défense de Claus von Bülow
(et connu pour avoir défendu OJ Simpson quelques années plus tard)
accusé du meurtre de son épouse par surdose d'injection d'insuline.
Le
film par sa construction singulière évite les écueils du "film de
procès" en se partageant entre différents points de vue. Le plus
immédiat est celui de de Dershowitz (Ron Silver) qui se démène entre ses
propres doutes et la rigoureuse enquête judiciaire qu'il mène, autant
pour innocenter son client que sonder sa personnalité opaque. Cette
notion de point de vue fait ainsi basculer l'idée qu'on peut se faire du
crime, notamment les flashbacks dont les habiles variations donnent une
perspective constamment renouvelée. Les débuts de l'enquête de
Dershowitz et ses étudiants illustrent ainsi une pure vision des faits
tel que rapportés dans la première audience o fut condamné Claus von
Bülow.
Ces retours en arrière "à charge" sont troublés par l'énigmatique
présence de Claus (Jeremy Irons), dont l'ironie pince sans rire
témoigne autant d'un sang-froid suspect que d'une manière de masquer une
réelle détresse. L'esthétique relativement neutre des scènes "au
présent" bascule lorsqu'on plonge dans le quotidien de cette
aristocratie. L'écart du monde (manifesté dès l'ouverture avec ces vues
d'hélicoptère du domaine des von Bülow) se ressent dans les couleurs
froides, les intérieurs vastes et neutres et la dimension de musée de
cire de ce cadre luxueux où les relations du couple se désagrègent.
Glenn Close est fascinante en figure autodestructrice fébrile qui
endosse le point de vue le plus audacieux du film, corps immobile à
l'état végétatif qui s'amuse du drame en cours dans une photo de
mausolée bleuté signée Luciano Tovoli.
La proximité de la vie
maritale semble désagréger l'amour sincère initial que laisse deviner un
flashback à la flamboyance romanesque qui tranche avec la froideur du
reste. C'est de ce mal latent que découle l'atmosphère morbide qui ronge
les protagonistes et semble avoir mené au drame dont la culpabilité
véritable demeure incertaine. C'est là que se niche le mystère et Barbet
Schroeder jongle habilement entre la veine procédurière de l'enquête
porté par le jeu énergique de Ron Silver, et un spleen glacial que le
seul verdict ne saurait surmonter.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
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