Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 1 mars 2021

Cops and Robbers - Dim ji bing bing, Alex Cheung Kwok-ming (1979)

 Trois malfrats agressent des policiers pour s'emparer de leurs armes et attaquer une banque. Rapidement, les cadavres s'accumulent.

Cops and Robbers est un des précurseurs d’un futur genre majeur du cinéma hongkongais, le polar. Même s’il n’est pas le premier film policier produit à Hong Kong, c’est vraiment le premier vrai aboutissement dans cette veine dans la production locale. Les tentatives précédentes n’avaient pas totalement convaincus dans un premier temps car elles étaient contraintes par le contexte de corruption policière qu’elles n’étaient pas autorisées à retranscrire à l’écran. L’autre raisons est le déclin du cinéma hongkongais dont les ténors ronronnaient dans des genres codifiés ne reflétant la réalité des spectateurs. Le polar prendra donc son élan avec l’émergence de la Nouvelle Vague hongkongaise constitués de jeunes cinéastes ayant fait leurs études à l’étranger et qui vont imposer une nouvelle approche formelle.

Cela passera par la télévision en plein essor et en quête de main d’œuvre bon marché qui donne sa chance aux jeunes loups (Tsui Hark, Patrick Tam, Ann Hui…) qui auront tout le loisir d’expérimenter. Parmi eux Alex Cheung qui se distingua notamment par la réalisation de la série policière CID pour laquelle il effectue un vrai travail de documentation en amont sur les conditions de travail des policiers, leur difficultés à équilibrer leur métier et vie de famille. Tous ces éléments lui serviront au moment de signer son premier film Cop and Robbers, le choix du polar se faisant avant tout pour des raisons budgétaires. 

Le scénario est assez basique et l’intérêt est plus dans l’énergie et l’atmosphère qu’Alex Cheung confère au récit. La volonté était notamment à travers le titre de montrer la porosité entre policier et malfrat vus comme les revers d’une même pièce (et traduire ce contexte de corruption évoqué plus haut). Ce n’est pas totalement abouti au vu de la caractérisation unidimensionnelle des voyous vraiment traités comme les « méchants ». C’est par contre plus intéressant dans le traitement des policiers avec une narration s’attardant plus sur leur quotidien intime et collectif, heureux ou difficile. 

On suit donc un père célibataire, une relation de couple tumultueuse où la fiancée vit mal les risques prix par son homme, tandis que les liens unissant l’équipe se ressentent au gré des parties de base-ball, sorties au restaurant ou en boite de nuit pour s’évader. Alex Cheung reprend (à la manière des autres réalisateurs de na Nouvelle vague hongkongaise) le style documentaire sur le vif développé à la télévision et nous fait arpenter une urbanité hongkongaise comme on ne l’avait pas si souvent vu jusque-là. Cela fonctionne dans les pures scènes d’atmosphères (très réussies scènes de boite de nuit, les déambulations nocturnes en voiture) et de façon plus brillantes encore lors des scènes d’actions.

Alex Cheung navigue entre l’action pure où il exploite brillamment un environnement comme cette poursuite et partie de cache-cache dans un bidonville, lorgne vers le thriller et la quasi épouvante lors des affrontements nocturnes. On doit grandement ce second point au méchant certes caricatural (le Scorpio d’Inspecteur Harry est un modèle de sobriété à côté) mais très intimidant et intéressant sur le fond. Cet antagoniste doit sa bascule criminelle à la frustration d’avoir été refoulé en postulant pour entrer à la police. L’inconséquence de ses actes s’explique donc par une vengeance envers le corps policier, et c’est comme une victoire pour lui de s’approprier leurs armes comme des trophées après chaque meurtre. 

C’est peut-être à travers ce personnage grossièrement dessiné que s’exprime peut-être l’ambiguïté voulue entre policier et bandits, la bascule vers l’un ou l’autre ne tenant qu’à un fil du destin. Alex Cheung capture donc quelque chose de l’ère du temps tout en sachant magistralement faire monter l’adrénaline et particulièrement lors d’une conclusion hargneuse et haletante à souhait. Le film sera un grand succès qui placera le polar sur la carte des genres phares de Hong Kong avant l’arrivée des John Woo et autre Ringo Lam. 

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Spectrum Films

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