A Paris, sous la monarchie de Juillet,
Henriette Deluzy-Desportes est gouvernante chez le duc et la duchesse de
Praslin, qui la soupçonne, à tort, d'entretenir depuis quelque temps
une liaison passionnée avec son mari. Henriette, pourtant, ne pense
qu'au bonheur des enfants qui lui sont confiés.
Un grand
et beau mélodrame historique typique des productions Warner des années
30 mais qui sait faire oublier son réel faste pour souligner sa
dimension profondément intimiste. C'est d'ailleurs par cette voie
intimiste que s'amorce le récit lorsque l'institutrice Henriette
Deluzy-Desportes (Bette Davis) est cruellement prise à partie par ses
nouvelles élèves. Celles-ci ont découvertes le scandale qui accompagne
l'enseignante et lui rappellent impitoyablement par de pénibles
allusion. Pas loin de céder au découragement et au désespoir, Henriette
décide de leur raconter son histoire.
Quelque années plus tôt, Henriette
quitta son poste de gouvernante en Angleterre pour être engagée chez le
duc (Charles Boyer) et la duchesse () de Praslin pour s'occuper de
l'éducation de leurs enfant. Elle ne tarde pas à découvrir la chape de
plomb régnant sur la maison avec le caractère névrosé et égoïste de la
duchesse dont le besoin d'affection étouffant la fait constamment
tourmenter son époux et délaisser ses enfants qui la craignent. Par sa
bienveillance, sa gentillesse et bonté, Henriette va amener
progressivement la paix et le bonheur dans ce foyer, s'attirant
l'affection des enfants, la reconnaissance et sans doute bien plus du
duc et surtout la haine et jalousie inconsidérée de la duchesse.
Le
bonheur revêt constamment une facette factice et illusoire tout au long
du film, soulignant son caractère éphémère dans cette histoire
forcément destinée à se conclure tragiquement. Les leçons et jeux dans
la salle d'étude truffées d'accessoires et jouets, le sous-bois au décor
studio de conte de fée lors des vacances à Melun, tout concours à
appuyer ce côté rêvé du bonheur qui se refusera à Henriette. Le plus
significatif sera la symbolique de cette romance tout à la fois ardente
et retenue entre le duc et Henriette avec cette neige qu'ils observent
tomber ensemble puis la boule de neige qui rappellent le côté étouffé de
leur amour impossible.
Charles Boyer et Bette Davis, tout en gestes
sobres et en regards ardent s'aiment dans une passion aussi silencieuse
qu'intense et qui ne daigne transparaître que dans leur préoccupation
commune des enfants. Ce qui donnera quelques magnifiques séquences comme
la longue maladie du petit garçon renforce leur proximité, le très beau
score de Max Steiner appuyant bien cette émotion sobre.
Face à leur
sobriété, Barbara O'Neil compose un personnage autrement plus outrancier
avec cette détestable épouse abusive dont où la pure méchanceté se mêle
à une sorte de folie malveillante. Cette aura négative agit comme une
sourde menace tout au long du film, amenant la séparation puis le
terrible drame final.
La dernière partie réoriente l'ensemble
vers la facette film historique avec la longue partie juridique (et les
vrais évènements utilisés dans le livre de Rachel Field ici adapté) et
la façon dont l'affaire menace la fragile Monarchie de Juillet. Cette
ampleur rend l'ensemble un peu moins prenant mais l'émotion demeure avec
les poignantes dernières scènes entre Charles Boyer et Bette Davis. Le
regret se mêle à l'espoir de jours meilleurs dans un bel épilogue pour
une Henriette enfin apaisée.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
[Film] Ghost Nursing, de Wilson Tong (1982)
Il y a 3 heures
C'est assez curieux que la très garçonne Bette Davis ait pu faire carrière à Hollywood.
RépondreSupprimerElle peut parfois dégager une certaine dureté mais elle a su être très féminine dans nombre de ses rôles comme celui-ci, "L'insoumise" et bien d'autres où elle est un pur personnage romanesque. Même physiquement dans le Litvak elle dégage une vraie fragilité et douceur et est très bien mise en valeur je trouve.
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé ce film la première fois que je l'ai vu! Il faut que je le revoie en DVD, j'en ai gardé un excellent souvenir! Bette Davis pouvait admirablement bien jouer des garces, mais son meilleur rôle de femme vulnérable est le sublime "Now Voyager"! Je te le recommande! Sinon, tu pourrais critiquer "La Vie d'Adèle"? Je viens de le voir à Washington et je suis encore sous le choc!
RépondreSupprimerJe note pour "Now Voyager" pas vu ! Beaucoup aimé "La Vie d'Adèle" j'étais assez mitigé en sortant de la salle (et pas grand fan des précédent Kechiche) mais j'y repense souvent et le film m'a assez marqué en fait. La première partie est magnifique j'avais plus de réserves sur la seconde mais ça s'estompe grandement en y réfléchissant mieux. Je vais sûrement le voir une seconde fois et il j'écrirais certainement dessus ici patience ;-)
RépondreSupprimerMerci Justin! C'était spécial pour moi de le voir dans une salle américaine, surtout avec l'interdiction la plus haute, la NC-17. D'habitude, j'ai beaucoup de résistance pour le cinéma de Keschiche qui est trop dans la confrontation entre personnages et trop étiré, mais pour une fois, sa méthode à marché amplement pour le film. Je suis encore partagée pour les scènes de sexe, même si je me dis qu'on peut pas réduire 3 heures de pur cinéma intense, réaliste et magistral à une dizaine de minutes. Au final, le film m'a marquée pour son extraordinaire générosité, l'interprétation d'Adèle E. et l'histoire qui s'éloigne des sentiers battus. La première partie m'a enchantée par sa démonstration du trouble amoureux, le sentiment d'inadéquation dans la vie d'ado et le film devient plus calme au milieu, jusqu'à la magistrale scène de rupture. Je vais le revoir avec une amie, donc mon avis peut changer. "Now Voyager" est mon Bette Davis préféré, Titanic de Cameron a beaucoup pris à ce film, mais c'est un sublime mélodrame!
RépondreSupprimerOui c'est vrai que pour la censure les américains ont plus de scrupules avec le sexe que la violence mais bon là c'est vrai que les scènes sont très crues (c'est les seuls moment d'ailleurs où on pense à la polémique autour du tournage d'ailleurs). J'ai les mêmes réserves sur leur longueur mais pas la première la plus intense qui vient après une longue tension sexuelle qui explose complètement là. celles qui suivent sont un peu de trop.
SupprimerAllez j'y retourne ce weekend (il va falloir les caler ces 3 heures ^^ !)