Un riche fermier adopte un jeune
orphelin, William Bonney, surnommé Billy le Kid. Mais peu de temps
après, lors d'une attaque, le fermier est assassiné par quatre hommes.
Dès lors, Billy jure de venger son père adoptif et abat deux des
malfaiteurs. Son ami, Pat Garrett, tente de le dissuader d'assouvir sa
soif de vengeance, mais Billy tient à retrouver les deux autres
responsables...
Parmi les plus fameuses visions à l'écran de Billy the Kid,
Le Gaucher
est le premier film d'Arthur Penn qui exprime d'emblée ici sa
singularité et notamment celle qui aura cours dans ses deux autres
incursions dans le western avec le picaresque
Little Big Man (1970) et l'inclassable et très poussif
Missouri Breaks (1976). Pour situer par rapport à d'autres transposition célèbres, on peut situer le ton de
The Left Handed Gun entre le côté amusé du
Banni (1941) d'Howard Hughes (qui privilégie dans un ton de comédie le côté sale gosse immature du Kid) et le plus crépusculaire
Pat Garrett et Billy le Kid (1973) de Sam Peckinpah dont la vision crépusculaire démystifie la légende.
Le
scénario de Gore Vidal fait ainsi de Billy un adolescent immature et
psychotique. Sa folie et violence ne semble pouvoir s'apaiser que sous
l'aile de pères de substitution mais la tournure des évènements et son
caractère imprévisible rendront toute rédemption impossible. On a ainsi
au départ un jeune homme paumé et illettré qui semble pouvoir s'assagir
grâce à l'attention que lui porte l'éleveur Tunstall (Colin
Keith-Johnston) qui sera assassiné. Sa quête de vengeance et fuite en
avant le placera sous la bienveillance de Pat Garret (John Dehner) mais
aussi de son ami mexicain Saval (Martin Garralaga) mais son caractère
autodestructeur lui aliènera ses deux mentors dans un terrible crescendo
dramatique.
Penn l'illustre tout d'abord en soulignant la nature
enfantine de Billy, incompatible avec le climat de violence de l'Ouest.
Cela fonctionne par jeu et donne quelques amusants moments de comédie
(l'humiliation des soldats) où il fait figure de garnement rigolard et
adepte de la farce accompagné de ses deux acolytes. Mais c'est surtout
le côté irréfléchi et impulsif qui souligne cette immaturité où chaque
initiative de Billy à des conséquences désastreuses pour lui et son
entourage, que ce soit ce premier assassinat qui en fait définitivement
un hors-la-loi ou plus tard quand ses provocations lui font perdre la
possibilité d'une amnistie.
Le point le plus captivant reste
cependant l'expression à l'écran d'une forme d'addiction à la violence.
Le jeu tout en tics marqués et le phrasé hésitant de Paul Newman
(remplaçant un James Dean décédé et qui en bon adepte de la Méthode
aurait été tout aussi excessif) est donc particulièrement judicieux pour
figurer ce junkie qui ne dit pas son nom. Il faut voir son expression
exaltée lorsqu'il est provoqué par un agent du gouvernement, savourant
l'audace comme un drogué privé de sa dose depuis trop longtemps.
Lorsqu'il ira menacer un des tueurs de Tunstall, son regard dilaté et sa
gestuelle anxieuse trahissent à nouveau l'impatience du prochain shoot
d'adrénaline et fait beaucoup penser au jeu de Gian Maria Volonté dans
Et pour quelques dollars de plus
(1966) notamment le duel dans l'église où l'acteur semble également
vivre cette tension comme un trip (le scénario de Leone sans l'exprimer
dans le film faisait d'ailleurs du personnage un drogué). Paul Newman
traverse ainsi tout le film dans un voile inconscient et lointain où il
trahit et déçoit tous ceux qui l'aiment. Le réveil n'arrivera que trop
tard et le Kid ne saura trouver sa rédemption que dans le sang et les
larmes. Parallèlement on aura eu tout du long une réflexion sur la célébrité où se dessine pour le Kid une légende bien éloignée de l'être torturé que l'on accompagne à l'écran.
Visuellement Arthur Penn exprime parfaitement ces
thématiques avec une violence qui surgit également comme dans un
cauchemar brutal. On pense notamment au premier meurtre de Billy qui se
concrétise dans un fondu enchaîné sur la vitre où il a dessiné le plan
d'action. De même l'expression grotesque du shérif assassiné le visage
collé contre une vitre encore fonctionne aussi sur cette même idée. Une
vraie date et des débuts tonitruant pour Arthur Penn.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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