Acceptant un poste de professeur sur
une petite île grecque, Nicholas Urfe fait la rencontre d'un homme que
l'on dit mort depuis des années.
Une sacrée bizarrerie 60's où l'on a aucun mal à deviner la présence de John Fowles au script (adaptant son roman
The Magus) tant les enchevêtrements narratifs étranges sont typique de l'auteur de
La Maîtresse du Lieutenant Français.
Cela démarre de manière relativement sobre avec l'arrivée de Nicholas
Urfe (Michael Caine) sur une petite île grecque où il a accepté un poste
de professeur. On devinera au fil de flashbacks que notre héros s'est
isolé là afin de fuir l'amour passionné d'Anne (Anna Karina), amante
française avec laquelle il entretient une liaison tumultueuse.
Il va
bientôt rencontrer un étrange et richissime personnage possédant une
villa dans les environs, Maurice Conchis (Anthony Quinn). Celui-ci va
avoir un comportement énigmatique et manipulateur envers lui,
poursuivant un objectif nébuleux dont Nicholas est le pivot. La
situation va encore se compliquer avec l'arrivée de la séduisante Lily
(Candice Bergen), dont la nature indéfinie amorce les ruptures de ton du
récit.
Lily est d'abord présentée comme un fantôme et amour de
jeunesse de Conchis que seul lui-même et ses pouvoirs de médium est
capable de voir ainsi que Nicholas. L'ambiance se fait donc étrange,
onirique et laisse à Guy Green le loisir de s'adonner à diverses
expérimentations visuelles plus ou moins réussies avant de démentir
cette piste initiale. On est progressivement perdus dans les multiples
twists, retournement de situations et changement d'identités et de
fonctions des protagonistes, la réalité s'altérant peu à peu pour nous
faire naviguer entre rêve et cauchemar.
Les enjeux sont tout aussi
incertains, on ne sait si c'est l'apaisement intérieur du torturé
Nicholas qui se joue (et l'aveu de ses sentiments envers Anna), le passé
douloureux de Conchis sur cette même île durant la guerre et
l'occupation allemande voire même une réflexion métaphysique sur le
cinéma et la fiction.
On sera au choix ou alternativement fasciné puis
agacé par l'ambiance très spéciale (on n’est pas loin du
Prisonnier)
où Guy Green est capable de littéralement envouter et émouvoir (toute
les scènes avec Anna Karina sont très touchantes dans leurs déchirements
amoureux) pour sombrer dans le ridicule dans la minute suivante
notamment lors de séquences érotiques supposées audacieuses.
C'est à
cause de son absence de réelle vision que le film est si inégal et la
prestation des acteurs s'en ressent. On ne sait au final jamais si l'on
doit détester ou apprécier Michael Caine, à tout miser sur son mystère
et charisme Anthony Quinn est tout aussi difficile à cerner (hormis lors
d'un des flashbacks tardif), Candice Bergen reste un bel objet jusqu'au
bout et finalement seule Anna Karina tire son épingle du jeu car
extérieure au jeu de dupe des autre personnages.
Entre d'autres mains le potentiel était sans doute là pour une plus grande réussite mais
The Magus est
si surprenant par son ton psychédélique et ses ruptures de ton qu'il
demeure une curiosité valant le détour et visuellement soignée (superbe
photo de Billy Williams magnifiant autant les paysages grecs que les
décors étranges aux effets poupées russes toujours surprenant).
L'accueil critique sera en tout cas catastrophique, Caine en faisant son
pire film avec
L'Inévitable Catastrophe et
Ashanti (sans doute n'avait-il pas encore tourné
Les Dents de la mer 4 quand il déclarait cela) tandis qu'il nous vaudra cette sortie hilarante de méchanceté de la part de Woody Allen :
If I had to live my life again, I'd do everything the same, except that I wouldn't see "The Magus".
Sorti en dvd zone 1 chez Fox doté de sous-titres anglais et d'une vf
Extrait bien grâtiné
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