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mercredi 23 octobre 2013

Le Mystérieux Docteur Clitterhouse - The Amazing Dr. Clitterhouse, Anatole Litvak (1938)

Psychologue brillant, le Docteur Clitterhouse (Edward G. Robinson) souhaite mieux saisir les motivations et sentiments des criminels, pour lesquels il voue une certaine fascination. Il se fait alors malfaiteur lui-même, à des fins purement académiques : il braque ainsi un coffre privé durant une soirée de la haute société et va jusqu'à s'associer avec la bande de Rock Valentine, un redoutable gangster joué par Humphrey Bogart. Mais l’expérience au départ innocente se change bientôt en véritable révélation lorsque le médecin réalise son attrait pour le crime…

Comédie noire et polar s'entrecroisent pour un résultat étonnant dans ce film qui offre un écrin idéal au génial Edward G. Robinson. Ce ton singulier vient sans doute de l'origine du film adapté d'une pièce anglaise de Barré Lyndon et jouée à Broadway dont la Warner et la Paramount se disputèrent les droits pour son adaptation cinéma. Le postulat très original y est pour beaucoup avec ce Docteur Clitterhouse (Edward G. Robinson), brillant médecin désireux de saisir de manière scientifique la psychologie du criminel. Il va pousser l'expérience jusqu'à d'abord effectuer quelques larcins et c'est ainsi qu'on le découvre en début de film lorsqu'il dérobe les bijoux de son hôte lors d'une soirée mondaine, coupant même l'herbe sous le pied au vrais voleurs s'apprêtant à entrer en action.

Dès le départ, la prestation malicieuse de Robinson tout en rictus moqueur nous indique que l'intérêt de Clitterhouse dépasse le cadre scientifique et qu'il jubile de ses exactions. Tous les protagonistes qui l'entourent se partage entre pantins hystérique (les richissimes victimes de ses vols), idiots incompétents (tous les personnages de policier) ou bienveillant mais trop limités pour comprendre l'importance de ses travaux comme son infirmière qui le démasquera. Sûr de sa force, il est donc temps pour Clitterhouse de pousser plus loin l'expérience et se mêler à de vrais truands. Là encore, sa distinction et intelligence vont le placer en position de supériorité lorsqu'il va intégrer le gang de la receleuse Jo Keller (Clair Trevor). Admiré par les malfrats simplets et ignorants et secrètement désiré par Jo Keller peu habituée à un homme de sa prestance, Clitterhouse va pourtant par son arrogance s'attirer un ennemi mortel avec le dangereux Rocks Valentine (Humphrey Bogart parfait de séduction et de menace).

Robinson par sa politesse et ses manières distinguées semble constamment en décalage dans ce cadre criminel et notamment par la façon dont il perturbe de pures situations de film noir, tirant le film vers la comédie. En plein cambriolage qu'il a minutieusement organisé, il interrompt ainsi ses acolytes pour les ausculter, prendre leurs pouls et scruter les pupilles afin de ne manquer aucune variante de leur comportement au moment fatidique.

Petit sourire en coin, toujours le bon mot pour ridiculiser son interlocuteur et d'une témérité frisant l'inconscience (la scène où il nargue un policier alors qu'il a les poches remplies de diamants volés), Robinson offre une performance d'autant plus jubilatoire quand on se souvient de son lourd passif de vrai gangster à l'écran (Le Petit César (1931)). La mise en scène assez sage d'Anatole Litvak s'orne de quelques idées formelles appuyant bien le propos notamment lorsque Robinson apparaît gigantesque et terrifiant à travers les yeux drogués de Bogart ou encore le final halluciné qui semble plier cet environnement à la personnalité égocentrique de Clitterhouse.

Clittehouse va pourtant devoir s'avouer le réel plaisir qu'il prend à ses exactions et sera rattrapé dangereusement de ses audaces. La vraie folie du personnage éclate justement par ce sang-froid à toute épreuve qui le verra franchir la ligne rouge en commettant un meurtre. Mais plutôt que de prendre un ton réellement plus sombre le récit scrute cette folie sous un angle ironique avec un surprenant épilogue judiciaire. C'est justement dans cette aisance et égo démesuré (où tout perdre vaut mieux que perdre la face) qu'éclatera la démence latente de Clitterhouse dans un final assez génial.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner

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