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mercredi 15 septembre 2021

L'Héritier de la Violence - Long zai jiang hu, Ronny Yu (1986)


 Brandon mène une vie tranquille entre ses deux emplois et sa fiancée May. Un jour,il est pris au piège par son ami dealer Michael qui le fait accuser du meurtre d'un policier corrompu. Après huit ans de prison, Brandon découvre que sa femme et son fils ont été kidnappés. Il part à la recherche de Michael pour retrouver les siens...

L’héritier de la violence naît d’une volonté opportuniste des producteurs de la compagnie D&B d’avoir en tête d’affiche Brandon Lee. Brandir le fils du Petit Dragon Bruce Lee en tête d’affiche est un effet d’annonce marketing sans faille, à peine plus de dix ans après sa disparition. Il se trouve que Brandon Lee vivant alors aux Etats-Unis aspire justement à une carrière d’acteur et a entamé une formation à l’Actors Studio de Lee Strasberg. Aspirant à être reconnu pour ses talents dramatiques et ainsi éviter la comparaison avec son père, il rejette la proposition dans un premier temps. Le réalisateur Ronny Yu saura le convaincre en lui expliquant l’opportunité énorme qu’il a de déjà se voir proposer un premier rôle, quelles que soient les raisons mercantiles derrière. 

Le résultat sera donc L’Héritier de la violence, solide série B d’action. 1986 c’est l’année de la sortie du fondateur Le Syndicat du crime de John Woo qui lancera la grande vague du polar hongkongais. L’Héritier de la violence est dans un sillage intermédiaire mélangeant quelques éléments de film de triades, de polar et de film d’action où s’ajouterai les arts martiaux en milieu urbain. L’histoire est très basique mais dotée d’une dramaturgie solide avec ce triangle amoureux qui tourne mal. Brandon, jeune homme paisible se voit trahit par son ami (Michael Wong) fils de mafieux jaloux de sa relation avec sa petite amie. Le contraste avec le doux patient et travailleur Brandon et l’irascible Michael se joue sur cette différence de classe. Le flashback sur la première rencontre avec la petite amie le souligne, Michael habitué à avoir tout, tout de suite se lançant dans une séduction balourde quand Brandon touche la jeune femme en l’aidant dans sa tâche de serveuse.

Cette nature d’enfant gâté contrarié ajouté à ces accointances avec le crime amène donc Michael à des solutions extrême pour satisfaire son désir. Brandon amené sur ce chemin de la vengeance lui tourne pourtant le dos lors des scènes de prison et le retour à une vie modeste à sa sortie.  La simplicité de l’histoire, la caractérisation plutôt réussie des personnages, nous happe suffisamment pour oublier que finalement l’action est assez pingre pendant plus de la moitié du film. On ne fera qu’entrevoir les aptitudes de Brandon et Ronny Yu cultive cette frustration pour stimuler les bas-instincts du spectateur quand les limites seront franchies et que notre héros laissera enfin sa rage exploser. La dernière demi-heure est ainsi d’une furie stupéfiante après la tonalité de drame qui a précédé. 

Ronny Yu, initiateur de quelques polars urbains nerveux avant l’émergence de John Woo et consorts, sait y faire malgré les moyens limités pour mettre en scène quelques morceaux de bravoures brutaux. La pyrotechnie est de mise lors de poursuites en voitures et explosion kamikazes, les ennemis tombent comme des mouches lors de l’assaut final de la maison à deux contre cent dans un chaos de mobilier brisé. Et enfin lors des scènes de combat Brandon Lee va pouvoir étaler ses talents martiaux de la plus belle manière. Le style est moins ample, cherche moins à faire « joli » que celui de Bruce Lee à travers des coups brusques, lestes et dévastateur. 

Le jeu est également plus vulnérable, moins frimeur tout en affichant une détermination sans faille. On voit réellement un vrai acteur en germe malgré le rôle et postulat limité et Brandon Lee propose vraiment sa propre identité, détaché de son père (dont les talents dramatiques étaient très relatifs si ce n’est inexistant). Ces promesses seront tenues plus tard dans The Crow (1994) sans que Brandon Lee puisse malheureusement les concrétiser ensuite dans d’autres registres que l’action. Dans tout les cas, savourons cette série B rondement menée. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Metropolitan

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