Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 18 décembre 2022

L'Hôtel New Hampshire - The Hotel New Hampshire, Tony Richardson (1984)


 Durant l'été 1939, Win Berry et sa future épouse Mary achètent un ours brun et une moto à un garçon nommé Freud. Plusieurs années après, Win et Mary, parents de 5 enfants, décident de restaurer une vieille bâtisse pour y établir un hôtel, le « New-Hampshire ».


L'Hôtel New Hampshire est l'avant-dernière réalisation de Tony Richardson pour le cinéma et lui offre l'occasion de renouer avec une certaine veine surréaliste et excentrique qui fit sa gloire dans son célèbre Tom Jones (1963), et qu'il tenta déjà de raviver de Joseph Andrews (1977). Il s'agit là de l'adaptation du roman éponyme de John Irving, alors au sommet de sa gloire après le succès littéraire de Le Monde selon Garp d'ailleurs adapté au cinéma par George Roy Hill en 1982. Cette facette surréaliste représente à la fois un idéal impossible et une impasse douloureuse pour les personnages du film. Depuis toujours, Win Berry (Beau Bridges) et son épouse Mary (Lisa Banes) entretiennent auprès de leur cinq enfants le souvenir merveilleux de la rencontre qui conduisit à leur mariage. Le film s'ouvre sur eux contant de nouveau ce moment où tombèrent amoureux alors qu'ils étaient employés à l'hôtel New Hampshire en 1939, croisant la route de Sigmund Freud (Wallace Shawn), adoptant un ours comme animal de compagnie et riant des clients ravivant les soubresauts du "monde réel" (les clients allemands antisémite). Ce moment de grâce s'interrompt lorsque Win doit s'engage pour la Seconde Guerre Mondiale mais est laissé en ellipse dans le conte dépeint par les parents à leurs enfants, même si le retour au réel se fait par la mort douloureuse de l'ours.

Bercé de ce passé idéalisé, les cinq enfants se heurtent à un quotidien nettement moins parfait dans leurs vie scolaire ainsi que leurs fêlures respectives. John (Robe Lowe) et Frannie (Jodie Foster) entretiennent une attirance incestueuse, Lily (Jennifer Dundas) semble figée dans l'enfance et n'a pas de croissance physique, Egg (Seth Green) est homosexuel... Le père vivant lui-même mal l'ennui d'un quotidien traditionnel décide donc d'acheter une bâtisse pour en faire un nouveau paradis, le nouvel hôtel New Hampshire de ses jeunes années. Le film possède un charme indéniable dans sa frénésie formelle, faite de suspension poétique, de visions étranges, mais aussi d'éprouvant sursauts de noirceur (le viol de Frannie, très cru) qui forment une dichotomie entre la rêverie à laquelle aspirent les protagonistes et l'éprouvante réalité où ils vivent. C'est son amour trop prononcé pour le livre qui finit par perdre Tony Richardson qui décident d'en transposer tous les épisodes de façon décousues. Cela fonctionne au départ tant que la narration donne dans la tranche de vie mais dès que les vrais drames frappent la famille, la narration elliptique ne rend ni justice au tourbillon surréaliste voulut, ni à installer l'émotion attendue lors de rebondissements pourtant tragiques. 

C'est la conviction des acteurs qui maintient l'implication mais les environnements, pays et protagonistes défilent sans que ne s'installe un fil rouge tenu. On comprend l'intéressante thématique où ni dans la réalité sociale de l'Amérique, ni dans une Europe rongée par les conflits idéologique, les protagonistes ne parviennent à recréer le paradis de l'hôtel New Hampshire, s’il n’a jamais existé. C'est un récit d'apprentissage de la désillusion qui court dans plusieurs livres de John Irving mais ici noyé sous les évènements et lieux qui s'enchaînent sans respiration, la mayonnaise ne prend pas. Certains personnages passionnants s'y voient du coup sacrifié comme une fascinante Nastassja Kinski dissimulant ses complexes sous une peau d'ours. Raté donc mais pas inintéressant, notamment grâce aux prestations de Rob Lowe et Jodie Foster pas encore tout à fait stars. 

Sorti en dvd zone 1 chez MGM et doté de sous-titres français ou alors disponible sur la plateforme Prime Vidéo mais uniquement en vf malheureusement

 

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