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mercredi 10 avril 2024

Haunted School - Gakkô no kaidan, Hideyuki Hirayama (1995)


 C'est la veille des vacances d'été. Alors que la petite Mika se promène dans la cour de son école, un ballon rebondissant tout seul semble lui indiquer un chemin ; elle le suit, jusqu'à ce que dernier entre dans une aile de l'école fermée depuis des années... Une légende dit que cette partie du bâtiment est hantée par un fantôme nommé Hanako. Sans aucune nouvelle de la fillette, Aki, sa grande sœur, décide de partir à sa recherche. Arrivée sur les lieux, elle y rencontre trois garçons, et leur demande leur aide pour retrouver sa petite sœur... mais, à peine entrés dans l'école, nos quatre bambins se retrouvent pris au piège, enfermés avec d'étranges fantômes qui vont leur jouer bien des tours...

Gakkō no Kaidan est la première itération cinématographique d'une très fameuse franchise de l'horreur et du fantastique japonais des années 90. Il s'agit au départ d'une série d'ouvrages de Toru Tsunemitsu, un professeur qui se plaisait à conter à ses élèves des histoires de fantômes. Ce loisir ludique évolue en voyant les récits de Tsunemitsu passer de légendes urbaines locales à des histoires plus spécifiquement centrées autour de l'établissement scolaire, alimentés par les histoires inventées par les élèves entre eux. Cette somme va être couchée sur écrit et faire l'objet de plusieurs recueils dont le premier est publié en 1990, et qui va rencontrer un grand succès. En 1994, une première mini-série de six épisodes est produite avant que le studio Toho lance cette version cinéma réalisée par Hideyuki Hirayama. 

Les livres et bien sûr le film participent à un mouvement voyant le folklore fantastique japonais s'inscrire dans l'ère moderne par un travail de préservation et de réinvention. Le mangaka Shigeru Mizuki avec son manga Kitaro le repoussant, puis ses dictionnaires des yokais (dans lesquels il répertorie, revisite les yokais traditionnels tout en en inventant de nouveaux) initie ce phénomène dans les années 60 et rend donne une dimension pop, familière et accessible au grand public (et plus précisément le jeune public) à ce bestiaire. L'autre élément reposera sur la dimension de légendes urbaines qui inscrit cette tendance dans le quotidien et marque l'essor de la j-horror dans de nombreux films, séries télévisées anthologiques. 

Dès la scène d'ouverture Gakkō no Kaidan témoigne de cet héritage par une séquence à la fois ludique et inquiétante, voyant un malheureux se faire approcher puis happer par un spectre à coup d'appels téléphoniques (qui évoque l'introduction du Scream de Wes Craven (1996) le fantastique en plus)). Cette entrée en matière s'avère être une histoire qu'un groupe d'écoliers se racontent sur les fantômes qui hanteraient l'ancienne écoles abandonnée qui jouxte la leur. Différentes circonstances amènent plusieurs enfants à être piégé le temps d'une nuit dans le fameux bâtiment, et de les confronter à des phénomènes surnaturels bien réel.

La structure du film est au carrefour de plusieurs influences. On pense dans un premier temps à une sorte de version pour enfant du célèbre House de Nobuhiko Obayashi (1977). Mais alors que ce dernier est un pur prolongement filmique des idées les plus folles de son auteur, dont la logique interne naît du seul inconscient, Gakkō no Kaidan avance davantage selon une formule. Le film est donc moins imprévisible et extravagant, apparaissant comme une variation japonaise des production Amblin des années 80, notamment par l'aspect spectaculaire et pyrotechnique des effets spéciaux. Les situations frisent donc constamment une horreur plus dérangeante et malsaine sans jamais y tomber, le plaisir reposant avant tout sur les dispositifs et les situations mises en place par Hideyuki Hirayama.

Le travail sur le visible et l'invisible s'articule d'abord en développant ce monde parallèle des esprits, d'abord par les histoires puis par des éléments insidieux jouant sur des objets. Un artefact semble rompre la frontière entre les mondes dont les différences semblent plus poreuses. Hirayama use d'objets familiers dont le mouvement semble surnaturel avec ce ballon aux rebonds étranges intriguant une fillette, les raccords en mouvements et arrière-plans inquiétants participes à ce glissement grâce à une caméra tour à tour omnisciente ou subjective. Une fois piégé dans l'ancienne école, cette porosité passe par les miroirs reflétant un outre-monde angoissant et en définitive c'est l'architecture, la topographie même du lieu qui acquiert des proportions insaisissables. Les pièces s'agrandissent, rétrécissent, glissent et deviennent de plus en plus difficiles à distinguer.

Il y a parfois des idées inexploitées mais ayant exercé leur influence (la salle de musique et son orchestre démoniaque, idée réutilisée récemment dans le manga Dan Dadan), d'autres assez géniales mais pas totalement poussées à leur paroxysme comme la salle de classe à l'envers. Les effets spéciaux, entre numérique balbutiant, stop-motion, créatures oscillantes entre monstre tokusatsu et body-horror, sont très réussis et offrent des situations extravagantes à souhait même si la dimension de film pour enfant freine le tout avant la bascule plus inquiétante (les mains happant un jeune garçon au sol). Les personnages sont assez archétypaux tout en restant attachants, dont un personnage de professeur immature lié au passé de l'ancien bâtiment. Il manque donc un petit quelque chose pour faire du film un classique, mais c'est une belle réussite néanmoins qui rencontrera un immense succès au Japon. Trois suites (sorties en 1996, 1997 et 199) et d'innombrables spin-off seront produits dans la foulée, dont une série d'animation au début des années 2000. 

Sorti en bluray japonais

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