Le Docteur Pretorius a inventé une machine qui permet de communiquer avec l'au-delà. Mais suite à un accident, son assistant est accusé de meurtre et n'a d'autre choix que d'activer à nouveau la machine. S'ensuivront de terribles conséquences.
From Beyond est une œuvre cherchant à prolonger la formule gagnante de Re-Animator (1985) succès d’horreur surprise adaptant la nouvelle Herbert West, réanimateur de H.P. Lovecraft. Après avoir envisagé une suite à Re-Animator (qui ne verra le jour qu’en 1990), il est décidé de reconduire la formule gagnante sur un autre écrit de Lovecraft, la nouvelle De l’au-delà publiée en 1934. Cette volonté de redite se manifeste par le retour de Stuart Gordon à la réalisation, Brian Yuzna au scénario et à la production, ainsi que Jeffrey Combs et Barbara Crampto( au casting. Le budget bien supérieur (et un tournage délocalisé en Italie) permettra la confection d’impressionnant effets spéciaux matérialisant l’innommable cher à Lovecraft.
From Beyond est une adaptation libre et surtout un prolongement de la nouvelle, avec pour principal changement le fait que le personnage du professeur Crawford Tillinghast (Jeffrey Combs) devienne cette fois davantage une victime et que le savant fou soit représenté par un nouveau protagoniste, le docteur Pretorius (Ted Sorel). Le film s’ouvre sur ce qui est en quelque sorte la fin de la nouvelle, avec un Tilinghast survivant devant répondre judiciairement de la mort brutale du docteur Pretorius. Dans les standards putassiers de l’époque, le scénario fait de la machine à la fois le vecteur d’une stimulation neuronale permettant d’entrevoir un « outre-monde » monstrueux, mais aussi le stimulateur de l’inconscient dans ses plus bas-instincts. L’introduction du personnage de la psychiatre Katherine McMichaels (Barbara Crampton), beauté froide déjà sexy sous ses airs rigides, n’existe que pour progressivement la dévergonder dans des situations outrées où elle fera tour à tour figure de victime puis d’initiatrice. Barbara Crampton, déjà peu avare de ses charmes dans Re-Animator, excelle dans ce registre et Stuart Gordon la caractérise habilement comme un volcan éteint ne demandant qu’à s’embraser mais simplement dans son registre professionnel (l’allusion à son opportunisme envers de précédents patients) puis dans une dimension plus intime et charnelle. L’idée est certes simple mais le fait de lui faire abandonner son look strict (chignon, lunettes et tailleur) pour une allure plus relâchée, naturelle (cheveux lâché et abandon des lunettes) jusqu’à carrément se délecter dans une combinaison SM amène une progression efficace. On comprend ainsi la bascule de personnage déjà dévoyé àl ’origine comme le Docteur Pretorius devenant totalement mégalomane et libidineux une fois absorbé par « l’au-delà ». La narration est très efficace pour nous faire assimiler tout ces concepts, dans le cadre d’un huis-clos à l’escalade cauchemardesque à travers des maquillages se lâchant dans le body horror mais aussi la connotation sexuelle des diverses créatures. Phallus, orifices et tentacules monstrueux forment un bestiaire des plus explicites matérialisant le refoulé et appelant à des plaisirs innommables lorgnant davantage sur le hentai japonais (Le Yoshiaki Kawajiri de La Cité interdite (1987) n’est pas loin par instants et ira plus loin dans ce que la censure américaine n’aurait pas permit à Stuart Gordon) que Lovecraft. Jeffrey Combs dans un registre moins grand-guignol, plus tourmenté et tragique que dans Re-Animator est très convaincant et amène une dimension tragique inattendue qui confère tout son intérêt à une dernière partie nous faisant sortir de la maison. En définitive, une tentative tout aussi réussie si ce n’est meilleure que Re-Animator, et un jalon de plus dans le très fourni corpus que consacreront par la suite Brian Yuzna (Re-Animator 2 (1990), Necronomicon (1996), Beyond Re-Animator (2003)), Stuart Gordon (Dagon (2001), l’épisode Le Cauchemar de la sorcière dans l’anthologie d’horreur Master of Horror) ainsi que l’acteur Jeffrey Combs (chez Stuart Gordon et ailleurs) à Lovecraft. Un classique du cinéma fantastique qui tâche des 80’s.Sorti en bluray français chez Sidonis
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