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jeudi 6 février 2025

Bons Baisers d'Athènes - Escape to Athena, George Pan Cosmatos (1979)

 Pendant la Seconde Guerre mondiale, sur une île en Grèce, un camp de prisonniers de guerre alliés est dirigé par le major Otto Hecht, un Autrichien anti-nazi auparavant marchand d'art. Le travail des prisonniers consiste à déterrer des trésors archéologiques, normalement destinés à l'Allemagne, mais dont les plus belles pièces sont en fait revendues au marché noir par le Major. Les prisonniers sont bien traités mais s'allient néanmoins avec la résistance grecque pour prendre le camp et attaquer un monastère transformé en base secrète de lancement de missiles.

Bons baisers d’Athènes est une superproduction agréable et opportuniste dans sa manière de naviguer entre les genres et les époques dans ses différentes composantes. C’est un projet résultant du succès de L'aigle s'est envolé de John Sturges (1976) solide film de guerre financé par la compagnie ITC Entertainment de Lew Grade et produite par David Niven Jr (fils de l’acteur David Niven) et Jack Wiener. La même équipe décide donc de remettre le couvert avec une nouvelle superproduction sur fond de Deuxième Guerre Mondiale, avec cette fois à la mise en scène le nouveau venu George Pan Cosmatos ayant montré ses aptitudes à la fois dans un récit dramatique à contexte historique (SS Représailles (1973)) et surtout dans un récit spectaculaire avec le film catastrophe Le Pont de Cassandra (1976).

Le casting hétéroclite témoigne du grand brassage plus ou moins réussi que tente le film. On y trouve David Niven (ravi de contribuer à une production de son fils) en caution du vieil Hollywood, à l’inverse Elliott Gould ramenant clairement sa persona rigolarde de MASH (1970), Roger Moore soit James Bond himself en faux antihéros retrouvant bien vite ses vertus héroïques, Richard Roundtree en caution Blackploitation, Telly Savalas et Claudia Cardinale, Sonny Bono dans un rôle farfelu qui aurait pu être tenu par Topol. Le film surfe sur une sorte de revival du film de commando à la fin des années 70 avec des productions comme L’Ouragan vient de Navarone de Guy Hamilton (1978) – suite de Les Canons de Navarone de Jack Lee Thomson dans lequel jouait David Niven qui revient dans cette même région grecque pour Bons baisers d’Athènes-, Les Oies sauvages d’Andrew McLaglen ou justement L’Aigle s’est envolé – et reprend les codes du genre dans l’introduction en situation et stylisée de chacun des protagonistes. 

Il s’inscrit aussi durant sa première partie dans la tradition du film de camp de prisonnier, osant par notamment quelques clins d’œil audacieux avec ce caméo de William Holden (en visite sur le tournage pour voir sa petite amie Stéphanie Powers) reprenant son rôle de prisonnier du Stalag 17 de Billy Wilder (1950). Les quelques moments de quotidien capturés lorgnent ainsi sur cet aspect (on pensera forcément aussi à La Grande évasion (1963)), sur fond de pillage d’œuvre d’art par les nazis, mais le ton un poil trop décontracté se rapproche dangereusement d’une série comme Papa Schultz.

L’ancrage humaniste et dramatique repose ainsi davantage sur le peuple grecque avec nombres d’exécutions arbitraires effectuées par les troupes allemandes en pleine ville. L’interprétation pleine de conviction de Telly Savalas (davantage que celle de Claudia Cardinale tenancière de maison close soutirant des informations aux clients allemands) suffit à instaurer une vraie implication. La plus-value du film repose vraiment sur sa facture spectaculaire, exploitant superbement son décor de Rhodes dans le contemplatif (les nombreux et majestueux plans aériens filmés en hélicoptère) et l’action dont une impressionnante course-poursuite à moto dans la ville. 

Les ruptures de ton et les changements de genre ne fonctionnent pas toujours, notamment la chasse au trésor puis la super base nazie et le compte à rebours à la James Bond mais l’ensemble constitue un très solide divertissement durant lequel on ne s’ennuie pas. Il ne manquait pas grand-chose pour une profondeur plus marquée et une certaine subtilité (le parallèle entre la rédemption de l’officier allemand joué par Roger Moore et le cynisme intéressé d’Elliott Gould) mais là n’était pas l’objectif.

 

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