Judith Traherne, jeune femme de la
haute société, déborde d’activité entre ses chevaux, les voitures
rapides et ses soirées mondaines. Seuls de violents et fréquents maux de
tête freinent son enthousiasme. Après de sérieuses alertes, elle
consulte auprès du docteur Frederick Steele qui lui diagnostique une
tumeur au cerveau. Il lui conseille de se faire opérer très rapidement
ce qu’elle finit par accepter. L’intervention chirurgicale semble être
un succès, la jeune femme reprend sa vie légère et insouciante en
entretenant une relation sincère avec le docteur. Ils décident de se
marier mais Frederick cache à sa future femme la vérité, l’opération n’a
fait que reculer le mal et Judith est condamnée à court terme.
Dark Victory
constitue un des sommets de Bette Davis à la Warner avec une de ses
interprétations les plus poignantes et sensible. Le film est au départ
une pièce à succès de Broadway de 1934 et interprétée par Tallulah
Bankhead. Le potentiel dramatique fort de la pièce devait rapidement
intéresser le cinéma puisque David O. Selznick en acquiert les droits
dès 1935 et propose le rôle principal à Greta Garbo qui préférera
interpréter Anna Karénine
(1935). Il tentera également d'engager Merle Oberon mais celle-ci sous
contrat devra également renoncer. Bette Davis découvrant la pièce (et
l'interprétation de Tallulah Bankhead dont elle admet s'être inspirée)
s'entiche du sujet et demande à la Warner de racheter les droits à David
O. Selznick. Malgré de fortes réticences au vu du sujet profondément
déprimant le producteur Hal B. Wallis s'en charge donc, preuve du
pouvoir de la star à l'époque au sein du studio. Réalisateur fétiche
(avec William Wyler) de Bette Davis à la Warner, Edmund Goulding met en
scène ce qui sera la plus grande réussite de leur collaboration.
Dans la fresque L'Insoumise
(1938), Bette Davis interprétait une jeune héritière capricieuse et
oisive dont la frivolité était rattrapé par les soubresauts historique
de l'époque. Dark Victory par
son sujet et sa tonalité constitue en quelque sorte le pendant intimiste
de ce précédent succès, tant dans l'approche feutrée d'Edmund Goulding
que dans la prestation sobre d'une Bette Davis ne vampirisant pas encre
les films. Judith Traherne, jeune femme de la haute société vit donc une
existence aussi trépidante que futile entre fêtes mondaines et courses
de chevaux. Cette fuite en avant masque pourtant une angoisse quant à
une santé qui se fait de plus en plus défaillante, les migraines,
vertiges et malaise se multipliant malgré son déni. Frederick Steele
(George Brent), médecin spécialiste du cerveau, saura pourtant trouver
les mots pour la forcer à se soigner mais l'opération ne fera que
retarder le sursis d'une Judith condamnée. L'enjeu du film ne reposera
donc pas sur une éventuelle guérison miraculeuse, mais plutôt sur
l'acceptation de la fatalité et de la volonté de s'épanouir et de vivre
le meilleur du temps qui reste.
Cette question concerne tout autant
Judith que Frederick. Ce dernier au début du film cherche à fuir le
contact avec le patient, frustré par ses échecs dans les opérations du
cerveau pour se concentrer sur une médecine de laboratoire certes utile
mais plus abstraite et moins douloureuse. La romance est donc source de
retour à la vie pour le couple, le chemin étant plus long pour Judith
devant accepter sa fin proche. Bette Davis (sortant de liaisons avec
William Wyler et Howard Hughes et en instance de divorce avec ce mari
d'alors Ham Nelson) et George Brent (sortant lui-même d'un divorce avec
Ruth Chatterton) entamèrent une liaison passionnée durant le tournage et
cette intimité donne toute sa force émotionnelle au film. Frederick
redevenant le médecin concerné et Judith s'abandonnant enfin rassurée à
ses mains bienveillante offre une merveilleuse scène de rencontre et
l'ensemble de leurs séquences communes repose sur cette promiscuité
sensible.
Bette Davis est aussi poignante quand elle se perd dans
les excès que dans l'apaisement final tandis que George Brent offre une
sobre et passionnée. Parmi les seconds rôles Geraldine Fitzgerald est
également admirable en amie attentionnée alors que Humphrey Bogard et
Ronald Reagan pas encore star sont en retrait. Edmund Goulding évite de
bout en bout l'écueil du mélodrame appuyé, faisant preuve d'une retenue
remarquable même dans les instants incitants à l'excès (voir la réaction
de Bette Davis quand elle découvre son mal, la rage et le désespoir
contenu se ressentant plus que l'apitoiement) et en totale empathie avec
son héroïne cherche à reste digne. La dernière partie rend donc cette
fin inéluctable bouleversante car douce, sans colère et apaisée
(notamment par le score tout en sobriété de Max Steiner). Le meilleur du
temps imparti a été vécu avec passion et c'est dans un ultime plan se
floutant que l'âme de Judith peut s'échapper.
Sorti en dvd zone 1 chez Warner ou en bluray all zone et doté de sous-titres français
Au nom de la loi (Pietro Germi, 1949)
Il y a 5 heures
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