En 1932 à Chicago, un policier est tué lors d'un cambriolage d'une
épicerie. Frank Wiecek et Tomek Zaleska sont arrêtés et la justice
prononce à leur encontre une peine à perpétuité. Onze ans plus tard, la
mère de Frank, convaincue de l'innocence de son fils, lequel n'a jamais
cessé de la clamer, passe une annonce dans le Chicago Times, demandant
que des éléments nouveaux soient communiqués et offrant 5 000 dollars de
récompense. Le rédacteur en chef du journal demande au reporter P.J.
McNeal de mener sa propre enquête sur cette affaire...
Appelez nord 777
s'inscrit dans le courant réaliste du film noir ayant alors cours à la
Fox et pousse même le bouchon plus loin en transposant un réel faits
divers et ses conséquences. En 1932 en pleine prohibition la bataille
entre la police et le crime organisé est à vif, engendrant la mort de
nombreux policier. Lorsqu'à Chicago un policier est abattu lors du
cambriolage d'une épicerie, il s'agit de rapidement faire justice et
trouver un coupable, ce dont sera victime Joseph Majczek et son supposé
complice Theodore Marcinkiewicz. Ce n'est qu'après 11 ans de détention
et une enquête du Chicago Times qu'ils seront innocentés et libérés sans
que les vrais coupables n'aient été retrouvés.
Henry Hathaway maître de cette approche réaliste (notamment avec le précédent et excellent Le Carrefour de la mort
(1947)) suit l'ensemble avec un sérieux de tous les instants. L'absence
de musique, la voix-off façon bulletin d'information et le montage
rigoureux dresse donc le contexte initial et saisi la manière dont la
machine judiciaire va broyer l'innocent Frank Wiecek (Richard Conte). La
plus insignifiante contradiction dans la déposition suffira à donner à
l'opinion le coupable qu'elle attend. Onze ans plus tard le journaliste
McNeal (James Stewart) fleure l'article lucratif en remontant la piste
d'une petite annonce de la mère (Kasia Orzazewski) de Wiecek, convaincue
de l'innocence de son fils et cherchant des témoins pouvant
l'innocenter. McNeal aborde d'abord le sujet avec détachement et dans un
traitement sensationnaliste, avant de réellement s'impliquer quand il
sera convaincu à son tour de l'injustice.
Henry Hathaway annonce les
films-enquêtes à la manière du récent Spotlight avec une
narration sèche et dénuée du moindre effet de dramatisation. L'émotion
ne se manifeste que dans une même expression d'authenticité, que ce soit
la poignante première rencontre avec la mère s'épuisant en ménage ou la
réaction sobre et cinglante de Wiecek face au traitement de
l'information de McNeal qui expose sa famille. Hormis cela le récit
déroule méticuleusement tous les hauts et les bas de l'investigation
traversée de tâtonnement et quête d'indice laborieuse. Les
environnements parcourus par McNeal participent également à cette
volonté de réalisme, avec pour certains les lieux du fait divers
d'origine à Chicago. On pense notamment aux scènes dans le vrai
pénitencier de Joliet et surtout aux séquences urbaines quasi
documentaires pénétrant dans les bars tenus et remplies par la
communauté émigrantes polonaise.
La probable manipulation
policière et les obstacles rencontrés par McNeal ne feront pas l'objet
d'une menace et suspense malvenus, servant essentiellement à souligner
l'acharnement de McNeal magistralement interprété par James Stewart.
Henry Hathaway s'efface au service de son sujet, la vraie tension ne se
ressentant que dans le final où l'on touche au but et qui ne rend
l'exploit que plus fort par l'audace technique amenant la preuve
espérée. Une œuvre qui engendrera une grande descendance dans sa
célébration de l'exaltation journalistique dans ce qu'elle a de
meilleur.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
[Film] Les Jeux de la Mort, de Michael Elliot (1984)
Il y a 8 heures
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