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dimanche 24 mai 2020

Tyler Rake - Extraction, Sam Hargrave (2020)


Envoyé au Bangladesh pour sauver le fils d'un trafiquant de drogue qui a été enlevé, un mercenaire aguerri, Tyler Rake, réalise combien sa mission s'avère dangereuse et bouleversante.

Tyler Rake s’inscrit dans le courant récent du cinéma d’action américain qui consiste à s’inspirer de son équivalent indonésien ayant marqué les esprits ses dernières années par sa virtuosité et férocité. Les deux volets de The Raid de Gareth Evans (2011 et 2014) sont les étendards de cette tendance et ont assez rapidement fait des émules aux Etats-Unis avec la série des John Wick (2014, 2017 et 2019), Atomic Blonde (2017) et donc ce Tyler Rake. Tous ces films ont la particularité d’être réalisé par des cascadeurs, ce qui occasionne des spécificités formelles et défauts communs. Le point principal est la mise en avant du morceau de bravoure d’action au détriment de la narration. La progression narrative et la caractérisation de personnages peuvent bien sûr fonctionner dans une forme de mouvement permanent chez les meilleurs cinéastes d’action comme John McTiernan ou James Cameron. 

Le problème est différent ici puisque la scène d’action est pensée comme une simple démo technique et pas comme une façon de faire avancer l’histoire, la virtuosité de l’action en tant que telle étant le seul objectif des cascadeurs/réalisateurs. Les John Wick compensent cela par leur univers ludique, le charisme de Keanu Reeves et un récit minimaliste qui fait de chaque scène d’action une sorte d’installation artistique abstraite fétichisant la mise à mort graphique. C’est déjà plus problématique dans Atomic Blonde dont le cadre d’espionnage tourne à vide et semble seulement être un véhicule pour Charlize Theron, et n’existe que pour sa longue scène de bagarre en plan-séquence.

On en arrive donc à ce Tyler Rake dont le propos se veut plus profond avec ce récit de sauvetage et de rédemption du mercenaire incarné par Chris Hemsworth. Le scénario (adapté du comic  Ciudad d’Ande Parks) lorgne fortement sur le Man on Fire de Tony Scott (2004), cinéaste peu avare d’effets mais (à ce stade de sa carrière et sur ce film en tout cas) toujours au service des personnages. Le problème de Sam Hargrave (cascadeur aussi donc) dont c’est le premier film est qu’une nouvelle fois la narration/caractérisation passe par le dénominateur le plus simpliste et surtout de manière totalement détachée de l’action qui en apparait alors bien creuse. Tyler Rake traîne un trauma lourdement amorcé tout au long du film par un insert flouté surgissant à bon escient, dont l'explication intervient dans une longue scène de dialogue en plan fixe et la résolution par l’insert dont l’image se fait plus nette durant le final. Jamais cet aspect ne s’imbrique à une action par ailleurs pas si impressionnante que cela si ce n’est un long plan-séquence en milieu de film. Les velléités réalistes empêchent les extravagances les plus folles des John Wick, le manque d’implication émotionnelle nous laisse extérieur aux évènements et le spectacle n’est pas assez novateur (chose dont pouvait se targuer le modèle  The Raid malgré ses défauts) pour être mémorable.

Dès lors l’ensemble se suit mollement et il faut tout le charisme de Chris Hemsworth pour maintenir l’attention. Le cadre inédit du Bengladesh apporte un arrière-plan inédit à un type d’histoire que l’on a plus l’habitude de voir au Mexique ou en Amérique du Sud mais là aussi passé quelques plans d’ensemble, la patine numérique et le studio donne malheureusement un petit côté factice. Pourtant marier cette nouvelle esthétique d’action de manière pensée pensé n’est pas impossible puisque les frères Russo (au scénario et à la production) le firent dans le cadre corseté de Marvel avec leur Captain America : The Winter Soldier (2014) et Captain America :Civil War (2016) où Sam Hargrave était cascadeur, et seulement cascadeur. Pas très convaincant donc et donnant envie que cette mode de la « démo technique » passe vite. 

Disponible chezNetflix

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