Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 20 juillet 2021

Night Hair Child - James Kelley et Andrea Bianchi (1972)

Elise (Britt Ekland) est une belle jeune femme mariée depuis quelques mois à Paul (Hardy Krüger), un écrivain célèbre. Alors que Paul est en voyage, Elise, qui est restée seule dans leur luxueuse propriété en Espagne, est surprise de voir arriver Markus (Mark Lester), le fils de Paul, âgé de 12 ans

Night Hair Child (également exploité sous le titre What peeper saw) est une petite curiosité en termes de thriller psychologique. On y ressent un mélange déroutant entre certains archétypes du mélodrame gothique et la provocation plus hédoniste des 70's. Le postulat évoque un Rebecca contemporain avec Elise (Britt Eckland), jeune femme fraîchement mariée avec un homme plus âgé (Hardy Krüger) dont elle va faire la connaissance du fils Markus (Mark Lester) âgé de douze. 

Les relations avec le beau-fils s'avèrent compliquées et dégradent par extension celle du couple pour une raison insidieuse. Il s'agit du mystère qui plane autour de la mort de l'ancienne épouse et mère dont l'évocation braque le père et le fils. On pense dans un premier à une pudeur et douleur contenue au vu des circonstances (Markus ayant découvert sa mère morte dans son bain) mais Elise soupçonne bientôt le père et surtout le fils d'être impliqué dans cette mort (la scène d'ouverture nous révélant que tout cela n'avait rien d'un accident).

Si l'on a évoqué Rebecca pour l'argument initial, le déroulement du récit lorgne lui plus vers Les Innocents de Jack Clayton (et donc Le Tour d'écrou d'Henry James) avec l'ambiguïté et le trouble ressenti dans la relation liant Elise à Markus. Les traits poupins de Mark Lester (et le film joue à fond de ce capital entretenu par les rôle charmant qu'il tint dans Oliver de Carol Reed (1971) ou Melody de Wari Hussein (1971)) contraste avec la froideur de sa présence, la maturité cruelle de ses paroles et la désinvolture de ses gestes (il va tout naturellement palper les seins de Britt Eckland lors de leur première rencontre). Dès lors on n’assiste jamais vraiment à une relation enfant/adulte, mais plutôt à un duel psychologique où chacun cherche à dominer l'autre en s'attribuant les faveurs de Hardy Krüger. Cela commence par des petits mensonges, des dissimulations, puis une manipulation plus perverse où l'on ne sait si l'on observe la vraie duplicité d'un enfant maléfique ou alors si l'on adopte le point de vue halluciné de cette jeune épouse ne trouvant pas sa place dans le foyer.

James Kelley peine à poser un rythme prenant et n'exploite pas assez son superbe décor de villa espagnole - notamment un grenier chargé de secrets où le giallo n'est jamais loin. Cependant il parvient avec talent à poser une atmosphère érotique étrange dans ce qu'elle a de plus dérangeant puisqu'elle concerne Elise et le jeune Markus. Ce dernier lorgne sa belle-mère à la dérobée, quand il n'exige pas carrément qu'elle se dénude devant en échange d'information sur la mort de sa mère. Ce sont ces écarts et ruptures de ton inattendus qui rendent le film prenant malgré de grosses longueurs, des moments flottants et certaines situations répétitives. 

Les vingt dernières minutes nous font ainsi totalement perdre pied par leur climat oppressant, psychédélique et cauchemardesque avant un final sacrément transgressif. C'est clairement un des meilleurs rôles de Britt Eckland qui si comme souvent laisse admirer plus qu'il ne faut sa plastique, offre aussi un personnage complexe et insaisissable. Imparfait mais vraie curiosité rare.

Sorti en dvd zone 1 (mais multizone) et bluray chez VCI et doté de sous-titres anglais

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