Ichirō Igi, amateur de belles femmes, fait la rencontre de la jeune Akiko dans l'ascenseur de la tour Marine Tower de Yokohama. Ils passent la nuit ensemble et se séparent. Quelques jours plus tard, ils se retrouvent au même endroit, et Akiko fait une étrange demande à Igi : qu'il séduise sa sœur aînée Kyōko et lui fasse connaître les affres de l'amour. Akiko veut se venger de sa sœur qui l'a élevée avec une extrême sévérité alors qu'elle-même, selon Akiko, couche avec les clients de son bar.
Flora and The Sun est une œuvre à la croisée des chemins de différents courants du cinéma japonais au moment de sa sortie. Son esthétique stylisée, sa dimension cérébrale et torturée le rapproche de la veine la plus intellectuelle de la Nouvelle Vague japonaise, Nagisa Oshima en tête. Les situations scabreuses et la provocation son voisines de celles d'un Shohei Imamura qui provoque au même moment de beaux remous au sein de ce même studio Nikkatsu avec des brûlots tels que Cochons et cuirassés (1961), La Femme insecte (1963) et Désirs Meurtriers (1964). Enfin, il ne manque que de la nudité plus explicite au nombreuses séquences érotiques pour l'associer au courant du Roman Porno qui constituera un virage majeur pour le studio, et que le film anticipe largement. Il s'agit d'une adaptation d'un roman de Junnosuke Yoshiyuki et une sorte de libre interprétation du tableau Flora sur le sable de Paul Klee.Le récit nous plonge dans les méandres de la personnalité torturée de Ichiro (Noboru Nakaya), homme adulte qui ne cesse de vivre dans le souvenir de son père disparu 20 ans plus tôt alors qu'il était adolescent. Ce père était un peintre renommé et un séducteur invétéré dont le passif hante encore notre héros. En effet, l'épouse d'Ichiro fut modèle de son père à ses 17 ans, et depuis ce dernier entretient une jalousie post-mortem en étant persuadé qu'à cette occasion elle a couché avec l'artiste. Il la harcèle de question et ne croit jamais ses dénégations. Cette proximité et rivalité sentimentale morbide qu'il traque dans son couple, il va peut-être la trouver dans la liaison scandaleuse qu'il va entamer avec une étrange fratrie, les sœur Akiko (Mieko Nishio) et Kyoko (Kazuko Inano). En séduisant l'aînée et adulte Kyoko sur la demande vengeresse de la cadette et adolescente Akiko. Les sœurs entretiennent un même rapport suspicieux et moralisateur que lui-même avec son père, Akiko reprochant la sévérité de Kyoko envers elle tandis que son métier d'hôtesse de bar l'amène à entretenir des relations avec ses clients. L'approche formelle de Nakahira est des plus expérimentales, nous égarant dans les perceptions de plus en plus troubles d'Ichiro. Le goûts érotiques SM de Kyoko stimule ses bas-instincts et ravivent des fantasmes œdipiens (la pression sur un sein libérant une goutte de lait). Montage cut, bascules oniriques, transitions du noir et blanc à la couleur avec des inserts de peinture ajoutant à la symbolique et métaphore, Nakahira façonne un véritable espace mental tour à tour fascinant et abscons où l'on perd pied.
Ce dispositif parait moins rigoureux que celui par exemple dressé par Ko Nakahira sur Hunter's Diary (1964), mais l'inscription de ce dernier dans le thriller l'éloigne du vertige plus psychanalytique de Flora and the sun. Cela apparaîtra plus clair quand ce chaos débouchera sur une possible révélation scabreuse quant aux liens entourant tous les personnages. Plonger de plain-pied dans le stupre ou se reconnecter au monde, les choix sont incertains et la conclusion nous laisse tout autant dans l'expectative. Une œuvre intéressante mais dont la confusion assumée réclame sans doute plusieurs visions.
Sorti en dvd japonais
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