Si l'Angleterre et plus particulièrement le Swinging London fut tout au 
long des 60's le carrefour de la pop culture, il y a un domaine où la 
censure anglaise veillait néanmoins toujours au grain, le sexe. Au 
cinéma la libération sexuelle se manifestait donc surtout au spectateur 
par les sorties de productions étrangères témoignant plus fournies en 
situations équivoque et nudité diverses. Le premier film anglais à jouer
 de cette carte de l'exploitation avec argument commercial sexuel sera 
donc Her Private Hell que l'on doit à la volonté de Robert Schulman, propriétaire de salle ayant sorti en Angleterre des œuvres "arty" comme Cléo de 5 à 7 (1962) ou L'Année dernière à Marienbad
 (1961).
Le film emprunte un postulat commun à de nombreuses œuvres de 
l'époque célébrant le Swinging London tout en le dénonçant par ce 
mélange d'esthétique sophistiquée pop et d'atmosphère lugubre. Un an 
après le Blow Up d'Antonioni 
(1966), nous replongeons donc ici dans le milieu de la mode londonienne 
avec l'arrivée de la jeune italienne Marisa (Luciana Modino) émigrée 
afin de mener une carrière de mannequin. Dès l'arrivée de Marisa au 
studio où elle est scrutée telle une brebis plongée parmi les loups, on 
comprend que la frêle italienne ne sera qu'une proie à déchiqueter pour 
ce milieu. Pour les dirigeants de l'agence (, c'est une marionnette à 
exploiter à leur guise tandis qu'elle sera un objet sexuel que se 
dispute les deux photographes rivaux avec le manipulateur  Bernie 
(Terence Skelton) et le jeune et ambitieux Matt (Daniel Ollier).
La
 scène d'ouverture aura donné le ton avec un long générique s'attardant 
sur membres nus entrelacés, poitrines dévêtues et fesses rebondies. La 
grande question sera donc qui couche avec qui avec une naïve Marisa 
manipulée et passant d'un amant à un autre. Le grand atout est la mise 
en scène inventive de Norman J. Warren conférant une vraie atmosphère 
inquiétante à l'hédonisme ambiant notamment l'arrivé de Marisa dans la 
villa où décors étranges, ombres menaçantes et musique oppressante 
distille un malaise immédiat et annonce la carrière intéressante à venir
 du réalisateur dans l'horreur (L'esclave de Satan (1976), Le Zombie venu d'ailleurs (1978), Inseminoid
 (1981)).
Malheureusement il n'a pas grand-chose à défendre ici et 
malgré l'attrait visuel l'intrigue creuse semble juste être prétexte à 
des interludes érotiques plutôt osé pour l'époque mais qui ennuie vite. 
 Les personnages sont trop creux pour que le ton glauque voulu fasse son
 effet malgré la vraie cruauté de l'ensemble et comme attendu l'épilogue
 tombe avec roublardise sur ces pattes par son message moral après tous 
les débordements passé. Un ennui poli et un petit cachet historique pour
 avoir ouvert la boite de Pandore dans le cinéma anglais.
Sorti en dvd zone 2 anglais et doté de sous-titres anglais 
[Film] Cold Meat, de Sébastien Drouin (2023)
Il y a 4 heures




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