Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 9 juin 2015

Gregory's Girl - Bill Forsyth (1981)

Une petite ville d'Ecosse. Le timide et boutonneux Gregory ne pense qu'aux filles mais n'ose les aborder. Dorothy jolie et sexy, réussit grâce à son adresse à obtenir un poste dans l'équipe de football du collège. Eperdument amoureux d'elle. Gregory réussit à vaincre sa peur et lui propose un rendez-vous. Mais celle qui viendra n'est pas celle qu'il attend.

Gregory's Girl est une charmante chronique adolescente qui reste le grand classique du réalisateur écossais Bill Forsyth dont c'est le second film. Son premier essai That Sinking Feeling (1981) avait connu un succès d'estime avec ce récit d'un casse rocambolesque par une bande d'adolescent fauché. Pour ce faire, Forsyth avait recruté son jeune casting au sein du Glasgow Youth Theatre et l'on retrouve une grande partie de la distribution dans Gregory's Girl dont Robert Buchanan, Billy Greenlees, et bien sûr John Gordon Sinclair. Le budget très modeste du film oblige à un tournage austère où les costumes des acteurs seront leurs propres vêtements, y compris la jolie Dee Hepburn obligée d'emprunter son très seyant petit short blanc à sa sœur tandis que le mystérieux personnage déguisé en pingouin qui traverse sans but le récit n'est autre que le fils d'un des producteurs. Cette économie, ce naturel et spontanéité marquent le film pour le meilleur du début à la fin.

Dans une petite bourgade d'Ecosse, Gregory est un adolescent timide et emprunté qui comme tous les garçons de son âge est déjà obnubilé par les filles. Cet intérêt se traduira d'abord de la façon la plus "hormonale" lors de la scène d'ouverture où il reluque avec ses camarades une infirmière en train de se changer. C'est ensuite au cœur qu'il sera foudroyé lorsque la jolie Dorothy (Dee Hepburn) cherchera à intégrer la défaillante équipe de foot du lycée.

Très douée avec le ballon (Dee Hepburn très convaincante s'étant entraînée près de six semaines pour être crédible) Dorothy en vraie jeune fille moderne allie charme et allure sportive, Bill Forsyth érotisant joliment son élégante silhouette (ce premier entraînement où elle enlève son survêtement) en endossant le regard de Gregory émerveillé par son assurance et ses jambes nues. Dès lors Dorothy devient la coqueluche de l'école et suscite le désir d'autres garçons (et entraînant des moments cocasse comme quand elle sera embrassée y compris par les adversaires après avoir marquée un but en match) au grand dam de Gregory trop timide pour tenter sa chance.

John Gordon Sinclair est absolument irrésistible e très attachant en grand dadais ahuri, dégageant une candeur charmante dans son obsession amoureuse et la maladresse dans laquelle il se vautre en présence de Dorothy. Muet d'amour ou enchaînant les banalités tout en ne tenant pas en place (cette inconstance se reportant sur le terrain où il est un piètre gardien de but), l'acteur est confondant de naturel et l'empathie immédiate pour tous les grands timides. Bill Forsyth avait débuté sa carrière en produisant de court documentaires et cela se ressent dans son approche. A part son enjeu amoureux, le film est dénué de vraie intrigue et se constitue plutôt de moments épars mettant en scène Gregory ou encore ses camarades tout aussi empoté que lui quant à la séduction.

Hormis une brève rencontre avec le père de Gregory, les parents sont quasiment absents du récit l'immaturité étant systématiquement rattaché à nos jeunes garçons en rut. Les filles semblent déjà beaucoup plus à leur aise dans leurs aspirations mais également la séduction (voir la longue scène finale où Gregory est désarçonné), même au plus jeune âge avec Madeline (Allison Forster) jeune sœur de Gregory et conseillère de cœur. Une idée originale (reprise des lustres plus tard dans 500 jours ensemble (2010)) qui contredit d'ailleurs le cliché des rapports fraternels conflictuels avec des charmantes scènes pleine d'esprit entre Gregory e Madeline, sans ajouter un caractère adulte forcée à cette dernière qui reste une fillette de dix ans certes très intelligente.

Le film captive ainsi dans sa chronique adolescente et son traitement naturaliste, réussissant à surprendre jusqu'au bout. L'adolescence est plus ponctué de moment anodins et d'ennui qui marquent par la suite par nostalgie que de vrais pics émotionnel tel que décrits dans les trames des teen movie habituels. Dès lors Forsyth désamorce la réunion amoureuse attendue lors du final pour aller dans une autre direction. La versatilité adolescente est ainsi parfaitement saisie dans l'épilogue où l'objet de tous les désirs s'estompe pour laisser place à un autre que l’on n’a pas vu venir.

Les regards énamourés et le bégaiements pour celle si inaccessible laissant place à une complicité, un naturel et un plaisir commun qui amène une autre forme de romance plus significative de cette période de la vie. Un petit bijou qui deviendra un classique du cinéma anglais des 80's, remportant un grand succès y compris aux USA (où il est redoublé à cause des impayables accents écossais). Bill Forsyth lui donnera une suite tardive en 1999, Gregory's Two Girls.

Sorti en dvd zone 2 anglais et en bluray anglais doté de sous-titres anglais

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