Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 21 juin 2017

Phantasm - Don Coscarelli (1979)


Orphelin depuis peu, Mike découvre que des faits étranges se déroulent dans le cimetière de Morningside. Il remarque un croque-mort à l’allure sinistre porter des cercueils comme s’il s’agissait de simples boîtes de carton, puis de petites créatures encapuchonnées aux activités pas moins suspectes… Effrayé mais curieux, aidé de son ami Reggie, Mike cherche à savoir ce qui se passe réellement. Il n’est pas au bout de ses surprises.

Dans le renouveau du cinéma d’horreur américain de la fin 70’s et du début 80’s, Phantasm tient une place à part. Loin de la maîtrise filmique et narrative du Halloween de John Carpenter (1978), aux antipodes de la comédie noire poisseuse d’un Massacre à la tronçonneuse et bien éloigné de la frénésie cartoonesque et gore qui aura cours dans le Evil Dead de Sam Raimi (1981). Les deux premiers films de Don Coscarelli ne s’inscrivent pas dans le genre mais c’est en tournant une scène de peur dans le second, Kenny & Company (1976) qu’il y prend goût et décide d’orienter son film suivant dans cette direction. Ce sera donc Phantasm où s’entremêle l’attrait de Don Coscarelli pour le surréalisme, avec une inspiration assumée qui oscille entre la nouvelle La Foire des ténèbres de Ray Bradbury et le classique SF Les envahisseurs de la planète Mars de William Cameron Menzies (1953) pour l’enfance confrontée au surnaturel.

Le tournage à l’économie sera de longue haleine au vu de l’ambition du réalisateur mais ce manque de moyen sert finalement  l’atmosphère du film. Ce qui semble constituer des défauts et un certains amateurisme (montage abrupt, transition hasardeuse…) donne progressivement une tonalité de rêve éveillé au récit. L’étrange s’invite dans la réalité des scènes de jour, que ce soit ces ombres furtives se dissimulant derrière les tombes du cimetière voisin où l’intimidante présence du Tall Man (Angus Scrimm). Plus tard les scènes de nuit donneront dans une même bizarrerie suscitant une angoisse latente où Coscarelli cherchent clairement laisser croire à une réalité alternative. Celle-ci relève donc du songe par son abstraction narrative (personnage et situation répétitives et limitées, croyance immédiate de chacun à la menace surnaturelle) et formelle. 

Les environnements limités du récit (le cimetière, la maison et la demeure du Tall Man) amènent une claustrophobie et un sentiment de vase-clos onirique qui se ressent notamment dans les séquences nocturnes dont la photo vaporeuse et bleutée évoque un filtre au réel ou une ombre où se confine la menace innommable (tous les passages en voiture). Cette ambiguïté dans la perception est autant dû à explication psychologique (tout ce qui tourne au rapport entre les deux frères, le film parait assez autobiographique de l’admiration de Coscarelli pour son frère et sa peur de le perdre) que purement fantastique, la seconde découlant peut être de la première pour supporter un réel trop douloureux à accepter.

Toujours est-il que Coscarelli sait distiller quelques beaux moments de frayeurs, l’inventivité surmontant toujours les moyens limités (la transformation du doigt du Tall Man en infâme insecte) tandis que l’épure visuelle donne un cachet unique au film. Les choix des design de certains décors et notamment leur couleur (la salle des cercueils), les compositions de plan faisant apparaître la menace puis jouant sur l’attente au lieu d’une la peur plus directe (la cultissime scène où la massive silhouette du Tall Man se dessine dans l’arrière-plan de Mike et qui attend un court laps de temps avant de se lancer à ses trousse) participent donc à ce malaise ambiant. Toute la progression du film tend à retirer progressivement une couche de concret pour laisser voir un ailleurs furtif, puis entrevu dans une passionnante et alors très novatrice évocation des mondes parallèles ou inter dimensionnels – représenté par l’emblématique objet de la sphère. 

On est plus proche des travaux d’un Stephen King (le roman Insomnie semble s’être largement inspiré de Phantasm ente autre) que d’un Lovecraft auquel on aurait pu penser. La présence macabre d’Angus Scrimm (qui conçoit là un méchant emblématique du fantastique qui lui collera à la peau) ramène à un imaginaire gothique assumé (sa fonction de croque-mort, une brève allusion à ses origines) mais aussi quelque chose d’autre plus insaisissable, glacial et inquiétant. La seule frustration sera sur tout le potentiel possible et inexploité dans le postulat mais que Coscarelli creusera bien plus dans les quatre suites.

Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez ESC 

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