Orphelin depuis peu,
Mike découvre que des faits étranges se déroulent dans le cimetière de
Morningside. Il remarque un croque-mort à l’allure sinistre porter des
cercueils comme s’il s’agissait de simples boîtes de carton, puis de petites
créatures encapuchonnées aux activités pas moins suspectes… Effrayé mais
curieux, aidé de son ami Reggie, Mike cherche à savoir ce qui se passe
réellement. Il n’est pas au bout de ses surprises.
Dans le renouveau du cinéma d’horreur américain de la fin 70’s
et du début 80’s, Phantasm tient une
place à part. Loin de la maîtrise filmique et narrative du Halloween de John Carpenter (1978), aux antipodes de la comédie
noire poisseuse d’un Massacre à la tronçonneuse
et bien éloigné de la frénésie cartoonesque et gore qui aura cours dans le Evil Dead de Sam Raimi (1981). Les deux
premiers films de Don Coscarelli ne s’inscrivent pas dans le genre mais c’est
en tournant une scène de peur dans le second, Kenny & Company (1976) qu’il y prend goût et décide d’orienter
son film suivant dans cette direction. Ce sera donc Phantasm où s’entremêle l’attrait de Don Coscarelli pour le
surréalisme, avec une inspiration assumée qui oscille entre la nouvelle La Foire des ténèbres de Ray Bradbury et
le classique SF Les envahisseurs de la planète Mars
de William Cameron Menzies (1953) pour l’enfance confrontée au surnaturel.
Le tournage à l’économie sera de longue haleine au vu de l’ambition
du réalisateur mais ce manque de moyen sert finalement l’atmosphère du film. Ce qui semble constituer
des défauts et un certains amateurisme (montage abrupt, transition hasardeuse…)
donne progressivement une tonalité de rêve éveillé au récit. L’étrange s’invite
dans la réalité des scènes de jour, que ce soit ces ombres furtives se
dissimulant derrière les tombes du cimetière voisin où l’intimidante présence
du Tall Man (Angus Scrimm). Plus tard les scènes de nuit donneront dans une
même bizarrerie suscitant une angoisse latente où Coscarelli cherchent
clairement laisser croire à une réalité alternative. Celle-ci relève donc du
songe par son abstraction narrative (personnage et situation répétitives et
limitées, croyance immédiate de chacun à la menace surnaturelle) et formelle.
Les environnements limités du récit (le cimetière, la maison et la demeure du
Tall Man) amènent une claustrophobie et un sentiment de vase-clos onirique qui
se ressent notamment dans les séquences nocturnes dont la photo vaporeuse et
bleutée évoque un filtre au réel ou une ombre où se confine la menace innommable
(tous les passages en voiture). Cette ambiguïté dans la perception est autant
dû à explication psychologique (tout ce qui tourne au rapport entre les deux
frères, le film parait assez autobiographique de l’admiration de Coscarelli
pour son frère et sa peur de le perdre) que purement fantastique, la seconde
découlant peut être de la première pour supporter un réel trop douloureux à
accepter.
Toujours est-il que Coscarelli sait distiller quelques beaux
moments de frayeurs, l’inventivité surmontant toujours les moyens limités (la
transformation du doigt du Tall Man en infâme insecte) tandis que l’épure
visuelle donne un cachet unique au film. Les choix des design de certains
décors et notamment leur couleur (la salle des cercueils), les compositions de
plan faisant apparaître la menace puis jouant sur l’attente au lieu d’une la
peur plus directe (la cultissime scène où la massive silhouette du Tall Man se
dessine dans l’arrière-plan de Mike et qui attend un court laps de temps avant
de se lancer à ses trousse) participent donc à ce malaise ambiant. Toute la
progression du film tend à retirer progressivement une couche de concret pour
laisser voir un ailleurs furtif, puis entrevu dans une passionnante et alors
très novatrice évocation des mondes parallèles ou inter dimensionnels –
représenté par l’emblématique objet de la sphère.
On est plus proche des
travaux d’un Stephen King (le roman Insomnie semble s’être largement inspiré de
Phantasm ente autre) que d’un
Lovecraft auquel on aurait pu penser. La présence macabre d’Angus Scrimm (qui
conçoit là un méchant emblématique du fantastique qui lui collera à la peau)
ramène à un imaginaire gothique assumé (sa fonction de croque-mort, une brève
allusion à ses origines) mais aussi quelque chose d’autre plus insaisissable,
glacial et inquiétant. La seule frustration sera sur tout le potentiel possible
et inexploité dans le postulat mais que Coscarelli creusera bien plus dans les
quatre suites.
Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez ESC
38
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire