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samedi 25 janvier 2020

La Loi du désir - La ley del deseo, Pedro Almodóvar (1987)


Cinéaste et écrivain à la mode, Pablo Quintero mène une vie sentimentale et sexuelle des plus agitées. Son caractère difficile indispose Juan, son amant en titre. Pablo se livre alors à une drague effrénée, au cours de laquelle il rencontre Antonio, un adolescent illuminé qui se laisse séduire par l’artiste. Parti en vacances chez ses parents, Antonio suggère à Pablo de lui écrire sous un pseudonyme féminin. Mais, excédé par les exigences agressives d’Antonio, Pablo décide de rompre avec le jeune homme. Celui-ci se rend dans le village andalou où Juan passe ses vacances et le tue.

La Loi du désir est une œuvre où Pedro Almodovar se trouve à la croisée des chemins entre ses velléités dramatiques qui culmineront dans ses œuvres des années 90/2000 et l’exploration des environnements à la marge de ses premiers films. Matador (1985) en ajoutant un brillant élément de thriller était parvenu à tenir cet équilibre qui ne fonctionne pas complètement dans La Loi du désir. La qualité et parfois le défaut d’Almodovar consiste en la densité de ses intrigues leur circonvolutions inattendues. Donc ici chaque partie prise séparément aurait pu donner une œuvre formidable mais se retrouve compressée par la multiplicité des directions narratives.

Les amours complexes de Pablo (Eusebio Poncela) cinéaste gay mélangeant réalité et fiction, préfigure la maturité en moins certains questionnements du récent Douleur et gloire (2019). La passion et la jalousie poussant jusqu’à une forme de folie apaisée ou fatale parcourt la filmographie d’Almodovar mais trouvait une fois de plus (et de nouveau en partie sous les traits du jeune Antonio Banderas) une meilleure expression dans Matador alors qu’ici la romance initiale et avortée de Pablo n’existe pas suffisamment pour introniser celle plus possessive et oppressante avec Antonio Banderas. Enfin la relation fraternelle entre Pablo et Tina (Carmen Maura), leur passé familial douloureux trop tardivement évoqué et ses conséquences sur la transsexualité de Tina, tout cela était suffisamment chargé pour tenir le film dans son entier. On a donc constamment une fulgurance d’émotion qui fonctionne dans chaque sous-intrigue prise séparément, mais qui s’annulent et ennuie mise bout à bout. 

Fort heureusement la galerie de personnages (Antonio Banderas entre ombre et lumière est formidable) et le brio de ces moments isolés montre un Almodovar toujours inspiré. On pense particulièrement au final, séquence de tension extrême qui bascule vers une délicatesse hors du temps et poignante. Un Almodovar trop dispersé mais qui n’en demeure pas moins attachant donc. 

Sorti en dvd zone 2 français chez TF1 Vidéo 

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