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vendredi 17 janvier 2020

Violet Evergarden : Eternité et la poupée de souvenirs automatiques - Violet Evergarden Gaiden : Eien to Jidou Shuki Ningyou, Haruka Fujita et Taichi Ishidate (2020)


L’histoire se déroule dans un monde d’après-guerre où des jeunes femmes appelées Poupée de souvenirs automatiques aident des personnes à mettre sur papier leurs sentiments. Nous suivons le quotidien de Violet Evergarden, ex-soldate sans émotion, Ainsi, elle explore différentes émotions issues des gens qu’elle rencontre. Mais son passé trouble la rattrape.

Violet Evergarden : Eternité et la poupée de souvenirs automatiques est la première production à sortir du studio Kyoto Animation depuis le tragique incendie criminel qui fit de nombreuses victimes et détruisit leur locaux. La production était presqu’arrivée à son terme ce qui permet de maintenir la sortie malgré une activité forcément ralentie et la haute tenue formelle de l’ensemble n’en est que plus admirable. Violet Evergarden est au départ une série de lights novels écrite Kana Akatsuki (et illustrée par Akiko Takase) publiée au Japon depuis 2015. Kyoto Animation sous son label KA Esuma Bunko a publié les deux romans avant de s’attaquer à l’adaptation pour une série de 14 épisodes.

Le récit se déroule dans un monde parallèle évoquant fortement l’Europe meurtrie de l’après Première Guerre Mondiale. On y suit le destin de Violet, ancien enfant soldat inapte à la vie civile, d’autant que son supérieur et mentor dont elle était amoureuse a tragiquement disparu lors de leur dernière mission. A l’image de ses deux bras amputés et remplacés par des prothèses métalliques, Violet n’est pas équipée au départ pour une existence normale du fait de ce passif douloureux. Toute la série s’attache donc à la voir reconquérir son humanité, ou du moins se montrer capable de l’exprimer à travers son nouveau métier de poupée de souvenir automatique. Il s’agit dans cet univers d’un service permettant aux quidams de pouvoir se faire écrire une lettre pour un proche auxquels l’on n’arrive pas (ou l’on ne peut plus) à exprimer) son sentiment de vive voix. Chaque épisode voyait donc Violet mettre en confiance et accompagner le nouveau client pour l’amener à mettre sur papier ce ressenti, explorant des thématiques variées et poignantes dans cette société en reconstruction. Plus elle parvenait à traduire sous cette forme épistolaire la volonté de ses clients, plus Violet apprenait également à se connaître elle-même et à surmonter ses épreuves passées.

Malheureusement ce bref résumé en dit bien plus sur les thèmes et le background de la série que le film lui-même. On pourrait alors argumenter qu’il se destine avant tout aux aficionados de la série. Cependant l’approche du film laisse clairement supposer une volonté d’ouverture à un public plus large. L’histoire abandonne initialement le principe épistolaire pour une mission peu originale (Violet doit accompagner une jeune fille noble dans l’apprentissage des bonnes manières) avant de vriller sur un touchant récit de quête et retrouvailles fraternelles. Le postulat de la série est donc simplifié pour le néophyte, mais paradoxalement tout le contexte et la caractérisation des personnages ne sont pas réintroduits pour lui. Le passé guerrier de Violet, le principe des poupées de souvenirs automatiques, tout cela et bien d’autres élément essentiels restent évasifs (un dialogue succinct sur la personne que Violet aimerait revoir) ou sans réelle explications. 

Du coup l’on se demande un peu à quel public s’adresse vraiment le film. L’amateur de la série trouvera l’histoire certes attachante, mais bien loin de la mélancolie et la noirceur dont les meilleurs épisodes faisaient preuve. De plus l’apprivoisement entre Violet et ses employeurs amenait une construction narrative très originale amenant à la rédaction de la lettre que l’on ne retrouve pas ou peu ici. Quant au grand public, trop d’éléments cruciaux s’avèrent parcellaires pour qu’il savoure pleinement l’émotion recherchée. Il faut combler les trous cela à travers quelques éléments intéressants, comme le mimétisme entre Violet et cette fillette orpheline et illettrée qui vont s’accomplir en « donnant du bonheur au gens » par la rédaction et la transmission de ces précieuses lettres.

L’aspect le plus satisfaisant est la forme, déjà excellente dans la série et transcendée pour le cinéma. Les lumières éthérées, la direction artistique des décors et costumes (oscillant en influence germanique, anglo-saxonne et française avec cette inspiration Belle Epoque, on entraperçoit même une simili Tour Eiffel en construction), le subtil dosage entre réalisme et onirisme, tout cela est d’une splendeur de tous les instants dans un cinémascope superbe. Donc les fans à défaut d’être totalement captivé sauront savourer une esthétique encore plus élaborée, et les nouveaux venus seront très certainement curieux d’en savoir plus sur cet univers en allant découvrir la série. 

En salle provisoirement et ensuite sur Netflix 

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