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mardi 5 mars 2024

Présumé Innocent - Presumed Innocent, Alan J. Pakula (1990)


 Rusty Sabich, procureur quadragénaire, doit s’occuper d’une bien étrange affaire. Une ravissante jeune femme vient d’être assassinée. Elle était sa collègue, mais aussi sa maîtresse, et venait de le quitter. Il est donc à la fois témoin, enquêteur et suspect.

Présumé innocent est un solide thriller judiciaire, adapté d’un roman du roman éponyme de Scott Turow dont les droits furent âprement disputés par les studios et ce dès le stade des épreuves. La Warner emporte le morceau pour proposer cette production prestigieuse porté par un Harrison Ford dans une de ses meilleures prestations. Il incarne ici un procureur menant l’enquête sur le meurtre d’une collègue (Greta Scacchi) dont les indices convergent vers lui alors qu’ils ont précédemment entretenu une liaison. L’atout et le défaut du film provient de son homogénéité globale, l’ensemble se tenant bien sans qu’un élément thématique, formel ou narratif ne se dégage vraiment.

La droiture de Ford s’effrite non pas par la suspicion pesant peu à peu sur lui, mais par l’obsession amoureuse qu’il entretient pour la disparue, au grand dam de sa femme (Bonnie Bedellia). Cela est introduit habilement, la personnalité trouble de la victime se dessinant dans l’image renvoyé par les autres durant l’enquête (une séductrice ambitieuse) avant qu’un flashback ne la mette en valeur. Harrison Ford est vraiment excellent en amoureux vacillant, notamment la scène introduisant le premier flashback où il fond en larmes au souvenir de son amante. L’intrigue ne cherche en aucun cas à entretenir l’ambiguïté autour de son héros (tout en semant subtilement les indices quant à sa conclusion) et révèle en creux la corruption de tout un système politico-judiciaire à travers l’affaire. C’est paradoxalement la corruption larvée de ce système qui donne une possible issue de secours au héros quant sa droiture initiale en faisait le coupable idéal.

C’est donc une intéressante étude de caractères, un drame bien conçu et des scènes de procès à l’efficacité indéniable maintenant l’attention dans l’ensemble. Mais il manque un soupçon de trouble, de viscéralité et de mystère dans cette trame illustrée sagement par un Alan J. Pakula qu’on a connu plus inspiré dans ce registre (Klute (1971) en tête dans ce mélange de thriller et drame psychologique, A cause d'un assassinat (1974) pour la machination). Même le twist final ne parvient pas à sortir de ce sentiment d’encéphalogramme plat, et sans passer un mauvais moment pour autant le film tient vraiment à l’implication d’un Harrison Ford très habité. 


 Sorti en bluray français chez Warner

 

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