Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

dimanche 20 février 2011

Vertiges - Per le antiche scale, Mauro Bolognini (1975)


En Italie, dans les années 1930, le professeur Bonaccorsi, psychiatre réputé, mène des recherches sur la folie, dans l'asile où il travaille comme médecin, en Toscane. Il a trois maîtresses, Bianca (son assistante), Carla (épouse d'un collègue) et Francesca (épouse du directeur de l'asile). Une nouvelle venue, le docteur Anna Bersani, est là pour une période de stage ; très vite, elle s'oppose aux théories de Bonaccorsi...

Deux ans après Liberté mon amour, Bolognini poursuivait son étude des années fascistes sous un angle inattendu avec Vertiges. Inspiré des écrits du médecin Mario Tobino, le film nous plonge dans le quotidien d'une équipe médicale dans un asile d'aliénés.

A leur tête, on trouve Marcello Mastroianni, médecin-chef totalement investi et convaincu de trouver une explication "biologique" à la folie, et menant des recherches afin d'en détecter le germe. L'équilibre des lieux bascule dès l'arrivée d'une assistante universitaire jouée par Marthe Keller, à l'approche plus psychanalytique et freudienne. Son regard extérieur va mettre à jour les dysfonctionnements divers, notamment les rapports étranges qu'entretient Mastroianni avec les autres femmes en fonction dans l'asile. Sa supposée bienveillance est sérieusement remise en cause par diverses révélations et un comportement révélant au détour d'un dialogue "tous les syndromes de la schizophrénie".

C'est là le grand thème du film, celui d'une Italie malade où la frontière entre la folie et un esprit sain est plus ténue qu'il n'y paraît, l'isolement et la société de déséquilibrés mentaux finissant par être contagieux. Bolognini multiplie les indices tels le générique d'ouverture nous montrant une fête costumée où Mastroianni apparaît grimé au milieu de ses patients sans que l'on fasse la différence ; ou encore les malades en voie de guérison (même si les rechutes inattendues sont légions) assignés aux tâches ménagères. Mastroianni est brillant d'ambivalence et Bolognini offre trois superbes portraits de femme avec Marthe Keller, Françoise Fabian et Barbara Douchet, chacune figurant la droiture, la fidélité ou la décadence, vertus les plaçant sous le joug ou en opposition à Mastroianni.

Les seconds rôles sont superbes également, Pierre Blaise (inoubliable héros de Lacombe Lucien) en homme enfant lucide mais fragile et surtout une magnifique Adriana Asti en femme de chambre en demande maladive d'amour physique. Bolognini confère la même minutie à son asile (le film fut tourné dans un vrai asile, la présence des fous orientant la performance des acteurs) qu'aux décors d'époque plus chatoyants que ses autres films, l'extérieur étant à peine entraperçu pour un huis clos oppressant. La conclusion se fait d'ailleurs cinglante quand on quitte enfin les lieux : le discours vindicatif des tuniques noires apparaît à peine plus sensé que celui des fous qu'on a cotoyés tout le film. C'est pourtant bien celui qui régentera la politique du pays et le menera à sa perte...

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta

Extrait avec un petit souci de son on dirait...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire