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mardi 7 janvier 2014

Un monde pour nous - Say Anything..., Cameron Crowe (1989)

Eternel optimiste, Lloyd Dobler ne souhaite qu'une chose dans la vie : conquérir le cœur de Diane Court, jeune fille resplendissante et inaccessible. A la surprise générale, Diane répond aux avances de Lloyd. Mais le père de celle-ci, un homme divorcé et possessif, n'approuve pas la relation naissante entre les deux adolescents. Lloyd va comprendre que pour gagner définitivement le cœur de Diane, le pouvoir de l'amour n'est pas suffisant.

Beau premier film de Cameron Crowe dont le ton oscille entre la tonalité de teen movie de ses premiers scripts comme Ça chauffe au lycée Ridgemont (1982) ou The Wild Life (1984) et les questionnements existentiels de jeunes adultes de Singles (1992). On sent déjà toute la tendresse du réalisateur dans ce film initial tout en finesse. C'est la remise des diplômes dans un lycée de Seattle, un moment où l'on fait ses adieux à ses camarades et s'interroge sur leur avenir. Diane Court (Ione Skye) est la major de la promotion et a sacrifié ses années d'insouciance pour atteindre son but puisqu'elle a obtenu une bourse pour une université anglaise.

 A l'inverse Lloyd Dobler (John Cusack) est un peu perdu et ne sait que faire une fois le lycée terminé. Tout au oppose les deux personnages, Diane vivant dans une banlieue pavillonnaire cossue avec son père à l'écoute de tous ses désirs quand Lloyd est hébergé par sa sœur mère célibataire dans un cadre bien plus modeste. Pourtant Lloyd fou amoureux de Diane va tenter sa chance et contre toute attente elle va accepter son invitation pour se rendre à une fête.

Malgré cette opposition, Cameron Crowe reste fin et ne tombe pas dans la caricature, ne forçant par l'imagerie du milieu privilégié de Diane comme celui de Lloyd modeste sans forcément être sordide. Cette subtilité amène parfaitement les questionnements du film soulevé dès cette séquence de fête et e premier rendez-vous. Diane se confronte presque pour la première fois à cet environnement lycéen dont elle est restée à distance avec les blagues de potaches, les chagrins amoureux et les beuveries, découvrant ainsi d'attachant camarades auxquels prise avec lesquels elle n'a jamais cherché vraiment à sympathiser.

C'est l'occasion de prendre conscience qu'elle a un peu raté cette jeunesse et se rapprocher du timide Lloyd. John Cusack en jeune amoureux emprunté au débit hésitant est très attachant et Ione Skye (qui n'a malheureusement pas fait grande carrière par la suite contrairement à son partenaire) dégage un charme fou et une présence lumineuse. L'amitié puis la romance entre les deux personnages est l'occasion d'une confrontation sociale où le père (John Mahoney) de Diane va finir par s'opposer à cette relation. Ainsi lors d'une scène de dîner les aspirations floues de Lloyd feront pâles figures face à l'avenir tout tracé de Diane, créant un moment gênant et une cruelle condescendance vis à vis de Lloyd.

Crowe privilégie pourtant l'esprit libre et aventureux de Lloyd (proche de son propre parcours) et va progressivement dévoiler les bases douteuses de la réussite annoncée de Diane avec les agissements douteux de son père. Diane remettra ainsi en cause ses sacrifices passés et le rapport à son père, là aussi Crowe évitant là une fois encore la caricature.

Loin d'être un tyran, John Mahoney incarne ici un père aimant et complice qui même dans la facette plus sombre que l'on découvrira est dévoué à sa fille. Le conflit évite le pathos et est finalement une manière de grandir pour la trop sage Diane, le jeu intense mais mesuré d’Ione Skye amenant parfaitement cette facette.

L'histoire d'amour offre de jolis moments et une bel alchimie entre les deux jeunes acteurs dans des moments anodins et au romantisme feutré : Lloyd apprenant à Diane à conduire, celle-ci tombant sous le charme par un instants tout simple où Lloyd lui évite de marcher sur des morceaux de verre ou encore cette première étreinte voyant John Cusack tremblotant d'émotion. Sans doute le meilleur film de Cameron Crowe avec Presque célèbre (2000), celui où l'émotion est la plus juste et sobre, loin du trop-plein et de la mièvrerie qui entache parfois d''autres réussites sympathique comme Jerry Maguire (1996) ou Rencontres à Elizabethtown (2005)

Sorti en dvd zone 2 français chez Fox

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