Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 20 octobre 2014

The Legend of Billie Jean - Matthew Robbins (1985)

Billie Jean Davy est victime d'un succès envahissant auprès des garçons de son coin. Un jour, pour s'amuser, ils cassent le scooter de son frère. Le père du garçon refuse de payer...

The Legend of Billie Jean est un teen movie aussi audacieux que naïf revisitant le mythe de Jeanne d'Arc dans l'Amérique des 80's. Le récit nous plonge dans son versant white trash, machiste et décérébré où les plus faibles n'ont pas leur mot à dire comme va le constater notre héroïne Billie Jean (Helen Slater). Son physique avenant lui attire les attitudes désobligeantes de tous les jeunes coqs du coin qui se plaisent également à malmener son petit frère malingre Binx (Christian Slater).

 Un jour ce sera le dérapage de trop lorsque le meneur des brutes Hubies (Barry Tubb) vole et casse le scooter de Binx puis lui met une raclée quand il essaiera de le récupérer. Billie Jean va tenter de s'adresser à la police mais le détective Ringwald (Peter Coyote) prendra sa détresse à la légère sans intervenir. Elle décide donc d'aller récupérer le montant des réparations directement auprès du père d'Hubie (Richard Bradford) mais ce dernier s'avère être également une brute libidineuse qui va tenter d'abuser d'elle. La situation va violemment déraper, forçant Billie Jean, Binx et leur deux amis Putter (Yeardley Smith) et Ophelia (Martha Gehman) à se mettre en cavale.

Le film reprend cette idée adolescente et naïve qu'on retrouve dans des teen movie plus réaliste comme Breakfast Club, à savoir un monde des adultes oppressant et inapte à comprendre les aspirations des plus jeunes. Cela est amené ici dans un mélange de candeur et de réalisme parfois dur où entre désinvolture (le policier) et réelle malveillance (le père violeur) des adultes, un groupe d'adolescent va se trouver hors-la-loi. La demande assez simple de Billie Jean (les 600 dollars de réparations du scooter) est prise à la légère par ses interlocuteurs qui n'y voient qu'une lubie infantile quand elle ne demande qu'à être réellement prise en compte et respectée. Ce sera le manquement de trop pour la jeune fille qui après avoir vu Jean Seberg en Jeanne d'Arc à la télévision va se couper les cheveux, adresser une missive rageuse aux médias et devenir à son tour l'étendard des plus jeunes et des faibles.

Le film évite le piège de faire de Billie Jean une super héroïne adepte de l'auto justice, la force du personnage étant sa détermination et son charisme. C'est cela qui va toucher toute la communauté juvénile du pays qui va s'identifier à elle et l'aider dans l'aventure (tout comme la vraie Jeanne D'Arc sans être une guerrière galvanisait les troupes par sa seule présence). Le récit reste ainsi à une échelle intimiste adolescente où Billie Jean berne certes les autorités mais ne réalisera aucun exploit outrancier.

Elle sera l'élément déclencheur de jeunes gens se plaçant derrière elle pour trouver le courage de s'en sortir. On retrouve cette idée dans la très belle scène où des enfants font appel à elle pour aider un de leur camarade battu par son père. Billie Jean s'introduira donc dans la maison, fera face au père violent qui désarçonné par son aplomb et l'armée d'enfant l'accompagnant va la laisser emmener le garçon.

Tout l'équilibre du film tient dans cet instant, l'union de la cause commune adolescente se montrant capable de répondre à une réalité sordide. Les adultes (hormis le policier qu'incarne Peter Coyote) revêtent en retour toutes les tares quelles que soit leurs couches sociales. Richard Braddford incarne ainsi un infâme personnage macho pour qui il est inconcevable d'avoir un répondant de la part d'une femme, détruisant chaque occasion de rétablir la situation par pure fierté. Le chef de la police (Dean Stockwell) est quant à lui un ambitieux qui n'hésitera pas à amplifier la "menace" que constitue Billie Jean par pure dérive sécuritaire et au détour des rencontres on retrouve cette Amérique cupide et à la gâchette facile pour nos héros dont la tête est mise à prix.

Helen Slater trouve presque le rôle de sa vie avec cette icône fragile et imposante à la fois, la force de son regard et sa détermination faisant toujours vaciller les supposé plus fort qu'elle. Matthew Robbins se plaît à lui conférer une aura de plus en plus héroïque dans sa mise en scène (la première apparition avec les cheveux courts est un grand moment) et le score synthétique de Craig Safan prend des proportions grandiloquentes au fil de la progression du récit, porté par le tube FM rageur (et qui ne vous sort plus de la tête) de Pat Benatar Invincible. Cette mise en valeur est d'ailleurs à double tranchant, puisque les actions finalement assez modestes de Billie Jean vont être montées en épingle par des médias s'étant trouvé un nouveau pôle d'attraction auquel ils vont attribuer tous les maux ou bienfaits pour vendre du papier et faire de l'audimat.

Tout en incitant à la prise en main, le scénario parvient même au final à égratigner aussi les adolescents suiviste, copiant le look et les attitudes de Billie Jean comme ils le feraient d'une rock star avec tout un merchandising instantané surgissant pour faire fructifier la manne de l'icône. Entre l'universel et l'intime, la grandiloquence et la modestie on arrive à un résultat au premier abord assez simpliste mais dont la conviction et la sincérité finissent par marquer durablement. La Jeanne d'Arc des ados a même droit à son bûcher au final, brûlant l'icône pour laisser place à la jeune fille mais non sans avoir pris une ultime revanche rageuse. Un vrai film culte dont il est étonnant que personne n'ai songé à faire de remake, cela pourrait être très intéressant à revisiter dans la société actuelle.

Sorti en dvd zone 1 et en bluray all régions chez Milk Creek mais sans sous-titres
 

2 commentaires:

  1. Un petit côté Jean Seberg, elle aussi du côté d'Arc (ou dark, bien que blonde itou). 'Plaisir coupable' avec Miss Slater : "Supergirl", of course.

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  2. L'analogie est volontaire au sein même du film où l'héroïne adopte ce look après avoir Jean Seberg en Jeanne D'Arc à la tv et choisi à son tour d'être la Jeanne D'Arc des ados. J'aime bien aussi Supergirl et Helen Slater n'y est pas étrangère ^^

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