En Italie, pendant la Seconde Guerre
mondiale, les nonnes d'un couvent aident des enfants juifs à s'échapper
d'un camp de concentration. Mais des soldats allemands vont prendre la
relève de la garnison italienne en charge du camp...
Conspiracy of Hearts
est une œuvre humaniste puissante célébrant l'héroïsme de religieuses
durant la Seconde Guerre Mondiale. L'histoire se déroule en Italie et
une introduction quasi documentaire se charge de nous illustrer le
contexte d'alors. Mussolini de plus en plus affaibli et soumis à son
allié Hitler se voit destitué par son peuple. L'Italie sous occupation
allemande se voit alors déchirée par le combat entre les anciens alliés,
les partisans italiens menant la vie dure aux allemands qui disposent
pourtant encore de l'allégeance d'une partie de l'armée italienne. Les
affrontements causeront des morts nombreuses décimant les familles et
créant de nombreux orphelins où parmi eux les juifs seront évidemment
envoyés en camp de concentration. L'un d'eux en campagne avoisine un
couvent où les nonnes menées par la Mère supérieure Catherine (Lili
Palmer) font régulièrement évader des enfants juifs qu’elles font sortir
du pays. Le chef de camp italien Spoletti (Ronald Lewis) les laisse
tacitement faire mais tous va basculer avec l'arrivée d'une garnison
allemande bien plus impitoyable.
L'ouverture aura servi à nous
dresser l'équilibre des forces en présence mais le reste s'avère
beaucoup plus flou et pas forcément réaliste quant à la région d'Italie
où se passe le récit, la topographie du camp de prisonnier à peine
esquissé et les méthodes d'évasions parfois un peu simples (même
l'accord tacite et la garde auprès d'enfant est sans doute supposé moins
étroite). Ce qui intéresse Ralph Thomas, c'est le questionnement
humaniste de ces nonnes qui risquent ainsi leurs vies. Pour certaines
comme Mère Catherine ou la novice Sœur Mitya (Sylvia Syms) ce devoir est
inné même si elles s'interrogent chacune à leur échelle : Catherine sur
sa responsabilité dans les risques qu’elle fait prendre à ses sœur et
Mitya sur les élans amoureux de son cœur car sa vocation n'est pas
totalement affirmée. D'autres enfermées dans le dogme religieux mais ne
sachant voir au-delà sont contrariées par cet héroïsme forcé tel Sœur
Gerta (Yvonne Mitchell).
Le propos est subtil et malgré leurs actions
louables le scénario n'en fait pas des saintes immaculées mais des
femmes qui s'interrogent et craignent pour leur vie. La même finesse
s'impose également dans la description de l'ennemi allemand. Si l'on a
un sous-fifre nazi sadique et typique avec le Lieutenant Schmidt (Peter
Arne détestable à souhait), le Colonel Horsten (Albert Lieven) s'avère
plus complexe. Guère porté sur le fanatisme et l'idéologie nazie, il
sera toujours pragmatique dans sa volonté d'exécuter le plus
efficacement les ordres mais le moment venu s'avérera aussi impitoyable
tout en semblant toujours regretter les exactions auxquelles il est
contraint.
Le film dresse ainsi ce portrait contrasté tout en
ménageant de sacré moments de suspense dans les stratagèmes qu'emploient
les nonnes pour faire sortir, cacher et évacuer les enfants au nez et à
la barbe des nazis. Là aussi les enfants ne sont pas de simple figure
angélique sans parole à sauver, le traumatisme, le reniement de soi et
la peur de ceux-ci étant longuement exposée dans des moments douloureux
(cette fillette qui a oublié son prénom et ne pense plus que mériter le
sobriquet de "saletés de juive"). La scène où les nonnes les autorisent à
célébrer le Yom Kippour et où ils fondent en larmes au moment d'écrire
le nom de leurs disparus est un vrai déchirement.
Malgré le danger, le
film garde presque un aspect ludique par l'ingéniosité de ces nonnes
mais une dernière demi-heure insoutenable voit la réalité les rattraper
et l'inhumanité nazie se faire jour, l'habit religieux ne constituant
plus un rempart suffisant à la barbarie. Captivant de bout en bout, fin
et poignant une grande réussite portée par une Lilli Palmer habitée (le
fait qu'elle ait dû fuir l'Allemagne nazie avec sa famille car ils
étaient juif contribue sans doute à la vérité de son interprétation). Le
public anglais plébiscitera le film, en faisant un des cinq plus gros
succès de l'année.
Sorti en dvd zone 2 français chez Elephant Film
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