Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

samedi 21 novembre 2020

Melinda - On A Clear Day You Can See Forever, Vincente Minnelli (1970)

Aux États-Unis, Daisy Gamble, jeune femme fantasque, doit accompagner bientôt son fiancé Warren Pratt à un important dîner d'affaires, mais sa forte dépendance à la cigarette risque de le compromettre. Elle fait alors irruption dans un cours à l'université, donné par le docteur Marc Chabot, psychiatre utilisant l'hypnose. Celui-ci l'accepte comme cliente et dès la première séance, alors qu'elle est endormie afin de lui auto-suggérer l'abandon progressif du tabac, Daisy révèle sa personnalité dans une vie antérieure, celle d'une aristocrate anglaise du XIXe siècle, Melinda Tentrees...

Melinda est l'avant-dernier film de Vincente Minnelli et arrive cinq ans après Le Chevalier des sables, plus long écart entre deux films pour le réalisateur qi prendra encore plus de temps pour signer l'ultime Nina (1976). Cela témoigne, à la manière d'autres maîtres de l'âge d'or hollywoodiens à la même période, d'une carrière finissante et que montre un peu ce Melinda anachronique. Le film s'inscrit parmi les superproductions dépassées d'une industrie à cours d'idée en attendant l'émergence du Nouvel Hollywood même si pour certaines l'accueil mitigé et l'échec commercial fut très injuste (Darling Lili de Blake Edwards La Fille de Ryan de David Lean). Le film est l'adaptation de la comédie musicale succès On a Clear Day You Can See Forever jouée à Broadway en 1965, et elle-même adaptée de la pièce Berkeley Square de John L. Balderston écrite en 1926. Alan Jay Lerner comme souvent pour Minnelli (Un Américain à Paris (1951), Brigadoon (1954), Gigi (1958)) et d'autres (My Fair Lady de George Cukor (1964)) transpose donc la comédie musicale à l'écran après avoir déjà signé le passage de la pièce à la comédie musicale. Malheureusement Lerner est un peu aussi un des symboles de ce Hollywood dépassé puisqu'à l'écriture de certaines de ces comédies musicales dispendieuses (Camelot (1967) et La Kermesse de l'ouest (1969) de Joshua Logan).

Melinda malgré ces scories n'en demeure pas moins un œuvre intéressante de Vincente Minnelli. On y retrouve notamment cette notion de monde alternatif et onirique prolongeant la psyché des personnages à travers les motifs de la comédie musicale mais ici c'est un élément littéral. Le psychiatre et professeur Marc Chabot (Yves Montand) tombe par un concours de circonstances sur Daisy Gamble (Barbra Streisand), étudiante particulièrement sensible à l'hypnose dont il va déceler une seconde personnalité lors d'une séance. Cela va servir de révélateur pour les deux personnages. Chabot froid et rationnel voit ces certitudes mises à mal par sa patiente extralucide, mais aussi ses sentiments lorsqu'il va tomber amoureux de l'autre incarnation fantasque de Daisy, Melinda, aristocrate et courtisane du 19e siècle. 

Daisy quant à elle, complexée et soumise aux conventions par son fiancé Warren (Larry Blyden) manque de confiance elle malgré ses dons et une présence lumineuse qui ne demande qu'à s'épanouir. La tonalité enjouée du début de film est très plaisante grâce au jeu pince sans rire de Montand et de l'excentricité de Streisand, ainsi le postulat est amené de façon très astucieuse. L'équilibre entre la modernité du campus puis les visions de la vie antérieure de Daisy fonctionne est assez inégal. Le cadre contemporain fonctionne mieux quand il en reste à l'arrière-plan (les tenues vestimentaires, coiffure, l'espace du campus) que lorsqu'il cherche lourdement à faire jeune (le personnage pseudo hippie de Jack Nicholson). Minnelli se trouve vraiment dans son élément dans les scènes de "flashback" fastueuses, à cheval entre un réalisme qui souligne l'extravagance de Melinda (cette robe rouge écarlate lors de la scène de procès) ou pure démonstration d'opulence qui illustre la superficialité intéressée qui régit cette haute société anglaise du 19e. 

 Minnelli se montre constamment inventif pour introduire les flashbacks, notamment ce fondu à travers la silhouette endormie de Daisy où va apparaitre celle fière et alanguie de Melinda. L'histoire reste prenante tant qu'elle en reste à cet argument de départ, d'autant que Minnelli arrive à faire avaler aux spectateurs les concepts les plus farfelus comme l'hypnose qui se fera par télépathie, source de pur scènes mystiques mais aussi de comédies (Daisy devinant les tentatives de Chabot et qui résiste à distance en s'agitant). Malheureusement l'élément comédie musicale à bien du mal à se marier à l'ensemble. 

Le décorum est là, les chansons ne sont pas mauvaises et l'interprétation est au rendez-vous (les splendide He Isn't You et What Did I Have That I Don't Have? de Barbra Streisand, Melinda de Yves Montand) mais on ne sent pas vraiment la plus-value au récit, cela ne fait que surligner et rallonger l'ensemble quand les seules scènes d'hypnose suffisent. En gros le film serait déjà une très bonne romance mystique sans les séquences chantées qui semble un peu introduites au forceps. Cela vient peut-être aussi des coupes imposées à Minnelli qui envisageait un film de 3h, et du coup la fluidité qui aurait pu/dû fonctionner dans un montage complet s'estompe ici. En l'état on alterne entre moments piquants et troublants et d'autres assez poussifs malgré le charme du Streisand/Montand.

Sorti en dvd zone 2 anglais chez Paramount et doté de sous-titres français

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire