Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 24 mars 2015

Les Vierges de Satan - The Devil Rides Out, Terence Fisher (1968)

Le duc de Richleau, expert en démonologie, soupçonne son ami Simon et sa nièce Tanith d'être tombés sous la coupe d’une secte de satanistes. Il réussit alors à arracher le jeune homme des griffes de ce groupe satanique mais pas Tanith qui reste sous l'emprise du chef. Pour la sauver, le duc va devoir recourir à la magie blanche et se battre dans un combat à mort contre le mal.

Après avoir convoquée la peur à travers la menace extraterrestre (la trilogie des Quatermass), les vampires (la saga à succès des Dracula interprété par Christopher Lee) et autres loup-garou, la Hammer renouvelait brillamment son imagerie de la terreur avec The Devil rides out. En cette année 1968, la peur a pris le visage du diable et convoque la magie noire avec l’immense succès du Rosemary’s Baby de Roman Polanski. The Devil Rides out suit donc cette voie mais au drame feutré et ambigu de Polanski il troque une imagerie bien plus extravagante. Le film adapte un roman de Dennis Wheatley (déjà adapté au par la Hammer avec Le peuple des abîmes) sur un scénario du grand Richard Matheson.

L’affrontement entre le bien et le mal verra le duc de Richleau (Christopher Lee pour une fois dans le camp des gentils sans pour autant se départir de sa présence ténébreuse) tenter de sauver son ami Simon (Patrick Mower) tombé sous l’emprise d’une secte sataniste. Le scénario est remarquable dans son crescendo pour nous faire découvrir l’ampleur du pouvoir néfaste de la secte et de son gourou, magistralement interprété par Charles Gray. Pour ce faire, on aura un personnage novice par le regard duquel explore ce monde des ténèbres avec Rex (Leon Green). 

Les indices de l’assujettissement de Simon se font donc progressifs, une réunion de personnalités étranges chez lui faisant suite à son isolement de ses amis, un cercle aux symboles mystérieux dans une pièce de sa maison et un coq qu’on suppose destiné à un quelconque rituel sacrificiel. La conviction de Christopher Lee en expert bienveillant des forces occultes rend l’ensemble inquiétant et crédible, le côté explicatif (sans être redondant) des règles de ce monde se faisant par l’intermédiaire de l’incrédule mais rapidement convaincu Rex.

L’imagerie et la manifestation des pouvoirs de Mocata (Charles Gray) va croissante, tout d’abord sobre avec la perte de volonté propre des victimes du gourou et réduites à des automates. Si Terence Fisher instaure une vraie atmosphère inquiétante, le film souffre de petites longueurs dans cette première partie d’initiation. Le tout décolle réellement avec la scène de rituel en forêt, pur moment de folie païenne qui préfigure The Wicker Man (1973). L’extravagance et la luxure suintent de cette séquence pourtant sobre dans ses débordements par la seule force de la mise en scène de Terence Fisher (et des éclairages baroques de Arthur Grant) qui évite le kitsch avec brio tout en osant le paganisme le plus outrancier dans son approche onirique lorsqu’apparait le démon. 

Ce n’est pourtant qu’une mise en bouche comparée à l’affrontement où les spectres surgissent pour oppresser nos héros formant un cercle magique de protection. Terence Fisher alterne le too much assumé et terrifiant dans l’illusion maléfique (cette tarentule gigantesque) et la frayeur plus indicible et évocatrice lorsque surgit de nulle part ce cavalier de l’apocalypse dans une terrifiante contre-plongée. 

A l'opposé le final lumineux convoque la bienveillance de l’imagerie chrétienne pour mettre à mal le démon, le charme destructeur étant prononcé avec la plus grande douceur en contrepoint de la frénésie ambiante. Charles Gray (qui semble avoir convaincu les producteurs de James Bond d’être le futur Blofeld des Diamants sont éternels grâce à son interprétation) compose un méchant fabuleux, voix suave chargée de menace, regard bleu glacial et présence inquiétante, il est grandiose.

Il fallait bien cela pour offrir un répondant à Christopher Lee, les deux vampirisant le film par leur affrontement tandis que le reste du casting est assez fade. Un must donc avec un renouveau bienvenu du studio. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Seven 7

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