Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

jeudi 30 avril 2015

Twin Dragons - Seong lung wui, Tsui Hark et Ringo Lam (1992)


Séparés à leur naissance dans les années 60, des jumeaux grandissent dans deux contextes totalement différents. Le premier est élevé aux Etats Unis par ses riches parents et va devenir un musicien réputé, tandis que le second, recueilli par une prostituée, passe son temps à se bagarrer. De nos jours, Boomer commence à avoir des ennuis à force de vouloir aider son meilleur ami à sauver sa petite amie… qui ne sait pas encore qu’elle est sa petite amie. Au même moment, John Ma, son jumeau, arrive à Hong Kong pour un concert…

Twin Dragons constitue une réunion de talents aussi prestigieuse qu’improbable vu leurs registres opposés. A la réalisation Tsui Hark, réalisateur/producteur alors au sommet de l’industrie hongkongaise, Ringo Lam réalisateur de polar âpres, Jackie Chan roi de la comédie d’action et une Maggie Cheung (après avoir longtemps été la faire valoir féminine de Jackie Chan à ses débuts) vedette montante et prestigieuse depuis ses collaborations avec Wong Kar Wai (As tears go by (1988), Nos années sauvages (1991)) et Stanley Kwan (Center Stage (1990)). Malgré cette association Twin Dragons ne brille pas par son ambition et ne se démarque pas de la production habituelle de Jackie Chan. Cela s’explique par le fait que cette production est un film de charité où les différents talents s’effaceront devant un script taillé pour Jackie Chan.

Ce dernier après les dépassements de budget d’Opération Condor (1991) était interdit de réalisation par les producteurs mais occupait officieusement la fonction en s’entourant de faiseurs serviles comme Stanley Tong. Les tentatives avec des réalisateurs plus ambitieux seraient houleuses comme sur le polar Crime Story de Kirk Wong ou le film martial Drunken Master 2 ou le grand Liu Chia Liang sera carrément limogé. Twin Dragons vu son caractère caritatif et son script basique ne semble pas avoir généré ce type de tension et même si les pattes de Tsui Hark et Ringo Lam sont invisibles, le film constitue un divertissement très agréable.

Jackie Chan se dédouble ici en incarnant des jumeaux tragiquement séparés à la naissance. D’un côté Ma Yu, musicien érudit et virtuose ayant été éduqué aux Etats-Unis et de l’autre Casse-cou élevé à la dure loi de la rue de Hong Kong. Le premier vient donner un concert à Hong Kong tandis que le second se retrouve aux prises avec de dangereux malfrats locaux. L’humour naîtra des retrouvailles improbables des jumeaux et des conséquences pour leur entourage. La comédie romantique la plus déjantée peut se déployer avec nombre de quiproquo où chacune des petites amies sera attirée par les traits de caractères du jumeau de leur homme dont elles ignorent l’existence. L’aspirante chanteuse Barbara (Maggie Cheung) est ainsi plus sensible à la douceur de Ma Yu tandis que la plantureuse Tammy (Nina Li Chi) préfère la rudesse de Casse-cou. 

Tout ce petit monde s’entrecroise dans un joyeux vaudeville, Jackie Chan alternant le grotesque en Casse-cou et une plus grande sobriété en Ma Yu. Maggie Cheung parvient d’ailleurs à tirer son épingle du jeu avec le peu qu’on lui donne, son personnage étant plutôt attachant notamment lors d’une scène où elle s’exerce au piano. Hormis cette dimension romantique, le film use à fond de la supposée télépathie associée aux jumeaux pour pousser bien loin les gags outranciers, les situations mouvementées de casse-cou se répercutant dans le quotidien plus paisible de Ma Yu. 

Tout cela se déroule à un rythme trépidant et déploie toute son efficacité quand l’action se manifeste. On sera servi ici avec une poursuite en hors-bord digne des meilleurs James Bond, une course-poursuite en pleine ville totalement destructrice. C’est cependant le final qui sera le plus époustouflant avec cette longue bagarre dans un garage de test de voitures. L’action inventive (l’arsenal d’outil de l’atelier, les salles surchauffée ou glacial testant la résistance des véhicules) usant dans le mouvement des quiproquos qui ont précédés dans la pure comédie. 

Nos deux jumeaux alterne ainsi dans les différents environnements du garage, parfois face à des même adversaires troublés par la rudesse ou la couardise de leur adversaire dont il ignore la nature double. C’est très drôle tout en s’avérant sacrément spectaculaire (un plan sans coupe où une voiture crash test manque de s’empaler sur Jackie Chan qui l’évite à la dernière seconde) puis notre funambule prend tous les risques une fois de plus. Sympathique donc (et multipliant les caméos puisqu’on reconnaître entre autre Liu Chia Liang, John Woo, Chu Yuan, David Chiang, Tsui Hark) si l’on oublie les talents engagés au vu du résultat. 

 Sorti en dvd zone 2 chez Metropolitan

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire