Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 14 avril 2015

La Vie à l'envers - Some kind of wonderful, Howard Deutch (1987)

Keith est un adolescent artiste qui est amoureux de la plus belle fille du lycée. Lorsque celle-ci rompt avec son petit ami, il tente sa chance grâce à l'aide de sa meilleure amie, Watts, qui est, quant à elle, amoureuse de Keith.

John Hughes avait en partie fait ses adieux à son genre de prédilection, le teen movie, en 1986 avec un ultime classique La Folle Journée de Ferris Bueller et une très attachante production, Rose Bonbon réalisé par Howard Deutch. C'est à nouveau à ce dernier qu'il confie ce Some kind of wonderful dont il signe le scénario. Si l'on retrouve nombre de thèmes fétiches de Hughes sur le mal-être adolescent et la récurrence de certaines situations (notamment la grande scène de confession finale) le film est loin d'être une redite. John Hughes avait sur scruter les troubles de l'adolescence en jouant sur les clichés lycéens, faisant de ses personnages des archétypes amené à se révéler et à vraiment exister quel que soit l'image où ils étaient enfermés. Il avait poussé cette idée jusqu'à l'épure parfaite dans le conceptuel Breakfast Club (1985) n'avait raté le coche qu'une seule fois avec Une Créature de rêve (1985).

Hughes adopte un nouvel angle ici en faisant reposer l'antagonisme lycéen sur le conflit social. Keith (Eric Stolz) est un jeune adolescent féru d'art et amoureux d'Amanda (Lea Thompson) plus belle fille de l'école qui fraye avec les lycéens les plus nantis. Elle est donc inaccessible pour Keith à la fois à cause de son caractère timide et introverti mais aussi de sa condition modeste ne lui permettant pas l'étalage de frime (belles voitures, cadeaux luxueux) qui peut encore épater une fille de cet âge. Keith se cherche ainsi à la fois sentimentalement mais aussi de façon plus large quant à son avenir avec son père le harcelant pour qu'il poursuive les études sérieuses auxquelles il n'a pas eu accès alors que lui rêve d'école d'art. Il est rejoint dans sa marginalité par sa meilleure amie Watts (Mary Stuart Masterson), secrètement amoureuse de lui mais tout aussi complexée. Lorsqu’Amanda va rompre avec son détestable petit ami Hardy (Craig Sheffer), Keith va tenter sa chance et se confronter aux clivages sociaux du lycée.

Même s'il parfois de sa subtilité habituelle (Hardy cliché du gosse de riche arrogant, les gros durs du lycée finalement des tendres au grand cœur), Hughes renouvelle pas mal son approche avec cet angle social. Le lycée reste ce lieu de faux-semblant où l'on se cache derrière un masque mais ceux-ci sont moins voyants. Keith n'est pas un nerd quelconque juste un adolescent rêveur qui a du mal à trouver sa place et c'est cette simple discrétion et son milieu modeste qui semble l'exclure du champ d'Amanda. Celle-ci est issue du même milieu mais voit dans sa beauté un moyen d'attirer les garçons riches, et par conséquent de nouer amitié avec les filles de cette même souche. La romance entre Keith et Amanda ne semble donc que reposer sur des faux-semblants, le film étant volontairement frustrant en limitant toute interaction et alchimie possible pour le couple.

Et pour cause, toutes les rencontres ont lieu au lycée, à la vue de tous et il convient d'y conserver son masque. Keith amoureux et volontaire va peu à peu perdre ses illusions tandis qu'Amanda sera toujours fuyante, guettant le regard de désapprobation de ses "amies". Un certain cliché perdurera aussi dans la réaction des entourages, Keith devenant la fierté de tous les laissés pour compte du lycée pour avoir séduit Amanda tandis que ce rapprochement est insupportable pour les nantis. L'attachant personnage de la petite sœur (Maddie Corman) rééquilibre heureusement cela, fière et profitant de la nouvelle popularité de son frère mais prête compréhensive quand elle verra qu'il est manipulé.

Eric Stolz est parfait en héros candide et lunaire mais c'est véritablement Mary Stuart Masterton en amoureuse frustrée qui emporte le morceau. Visage poupin, allure androgyne et attitude gauche est touchante de bout en bout (la scène où elle entraîne Keith à embrasser), rendant poignante la dernière partie où elle doit servir de chauffeur à Keith et Amanda. Une nouvelle fois, l'isolation, l'absence de l'inquisition des camarades permet de se libérer et offrira une belle scène de confession dont Hughes a le secret. Les facilités qui ont précédés s'estompent en renvoyant les deux amoureux dos à dos, chacun ayant voulu profiter de l'autre (pour une vengeance amoureuse ou comme trophée à arborer) à sa manière.

L'épilogue se fait plus intimiste dans une jolie scène de rendez-vous dont l'issue ne cèdera pas à la facilité dans le couple final formé. Le film corrige ainsi une des grandes injustices de Rose Bonbon où Molly Ringwald avait imposé un final différent du scénario initial (là aussi comportant un triangle amoureux) car elle trouvait un de ses partenaire plus beau. La conclusion n'en est que plus belle et offre un prolongement logique à la progression des personnages amenés à s'unir ou au contraire apprendre à être seuls. En dépit de quelques facilités, une jolie réussite même si elle n'égale pas les propres réalisations de John Hughes.

Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount

 

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