Un dimanche avec pour
toile de fond le match de Rome-Naples dans le cadre du championnat d'Italie où
trois destins vont se croiser. Un vieil homme qui rêve de gagner aux paris, un
ancien footballeur qui navigue en eaux troubles et une jeune femme éconduite
qui cherche à faire assassiner son amant...
Un dimanche romain
est une comédie italienne typique du « néoréalisme rose », ce virage
populaire du néoréalisme imprégnant vérité du contexte et des protagonistes d’un
ton plus léger et comique. Le modèle du film est clairement le fameux Dimanche d’aout (1950) de Luciano Emmer,
œuvre chorale suivant différents personnages le temps d’une journée de congé
dominical. Le film d’Anton Giulio Majano n’égale pas le classique de Luciano
Emmer mais s’avère néanmoins une agréable réussite sachant varier les tons. Le
vecteur de toutes les péripéties sera un match de football opposant Rome à
Naples (deux villes ô combien fanatiques du ballon rond) tenant toute la ville
en haleine. Une voix-off quasi documentaire dresse un regard solennel et
distancié, promettant l’évasion possible en cette journée pour un peuple
italien ayant des soucis quotidien plus difficile à résoudre en semaine.
Le scénario est assez mécanique dans sa manière de répartir
chaque segment selon un genre susceptible de séduire une large palette de
spectateurs. Ce sera d’abord la romance avec la jeune Sandra (Maria Fiore) tentant
de convaincre son fiancé Giulio (Renato Salvatori) au chômage de ne pas se
rendre au match pour rencontrer son oncle susceptible de lui offrir un emploi.
On aura également la grosse comédie avec ce joueur de loterie sportive pariant
sur les matchs en vue d’améliorer sa situation et rêvant d’une somme
correspondant à ses besoins plutôt qu’un pactole lui faisant perdre la tête.
Enfin ce sera le mélodrame avec Inès (Sophia Loren) jeune veuve provinciale venue
tuer l’amant l’ayant « séduite et abandonnée », un riche avocat (Vittorio
Sanipoli) lâche et hypocrite.
C’est dans l’habileté à entrecroiser les
histoires que le film captive, l’émotion se faisant contrastée dans une même
séquence de façon habile. L’hystérie du stade en effervescence devant le match
est ainsi une caution comique capturant les figures loufoque comme ce prêtre
napolitain ayant raccourci sa messe pour être présent et se montrant d’une
mauvaise fois pas vraiment chrétienne à la moindre action litigieuse.
Parallèlement Inès est prête à défaillir d’épuisement et de tristesse en ces
même lieux et à l’extérieur du stade, Sandra attend de pied ferme son homme
ayant préféré le football à sa compagnie. Le résultat même du match aura des
conséquences comique pour notre parieur sportif moins détaché qu’il n’y parait
face à une possible fortune, et dramatique pour une famille dont l’avenir même
dépend d’une victoire napolitaine.
Chaque segment et rupture de ton est
constamment lié au contexte social et à l’avenir incertain des personnages
(désir de mariage, élever seule un enfant, trouver un nouvel emploi), symbole d’une
Italie en reconstruction où la vie est encore pénible. Si toutes les histoires sont plaisantes à suivre, c’est vrai
celle tournant autour de Sophia Loren qui marque. L’actrice avait déjà quelques
rôles à son actif mais c’est vraiment en cette année 1953 qu’elle gagne ses
galons de star. Jeune femme forte de caractère du monde du music-hall dans Une fille formidable de Mauro Bolognini, elle n’use pas de sa plastique affolante
dans Un dimanche romain et dévoile un
registre dramatique intense qui se confirmera avec les grands rôles à venir. Une
œuvre plaisante donc même si pas dans les classiques de cette époque si riche
pour le cinéma italien.
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC/M6 vidéo
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