Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 30 novembre 2016

Miranda - Ken Annakin (1948)

Le docteur Paul Martin passe un jour de vacance à pécher seul sur la côte des Cornouailles, sa femme n'aimant pas la pêche. Il hameçonne Miranda, une sirène qui l'emporte dans l'eau jusqu'à une caverne sous-marine. Elle ne veut pas le laisser partir mais lorsqu’il lui promet de lui faire voir Londres, elle accepte de le libérer. Le docteur la déguise en handicapée dans une chaise roulante et la fait passer pour une de ses patientes. Il l'amène chez lui...

Miranda est une délicieuse sucrerie qui au premier abord semble aux antipodes des mélodrames vénéneux et provocateurs qui ont fait la gloire du studio Gainsborough. C'est pourtant bien cette touche vénéneuse typique du studio qui transcende la candeur surannée du postulat, adapté de la pièce éponyme de Peter Blackmore qui en signe également le scénario. Le docteur Paul Martin (Griffith Jones) ne parvient pas à convaincre son épouse Clare (Googie Withers) de l'accompagner pour une partie de pêche et va donc passer une journée de vacances en solitaire sur la côte des Cornouailles. Une prise inattendue va se trouver au bout de son hameçon avec Miranda (Glynis Johns), une magnifique sirène qui va l'entraîner dans son antre sous-marine. Seul moyen d'être libéré de cette prison dorée, emmener Miranda dans une civilisation dont elle rêve à travers les revues de modes récupérée des déchets de navire. Miranda passera ainsi pour une malade impotente, meilleure moyen de dissimuler sa queue.

Avec pareil synopsis, on s'attend donc à une découverte du monde émerveillée et innocente de notre sirène c'est avec Gainsborough cela prendra bien sûr un tour plus audacieux. C'est avant tout le pouvoir ensorceleur et synonyme de perdition pour les hommes de la sirène qui est ici retenu à travers une comédie de mœurs enlevée. Dès la première rencontre, le ton est donné puisque ce n'est par Paul qui remonte Miranda vers la surface mais bien elle qui l'attire vers les fonds marins. Glynis Johns incarne le mystère, la grâce et le désir à travers le regard envoutant, les poses lascives et une chevelure en cascade qui couvre bien sa poitrine nue (et sur laquelle un Paul envouté pose gracieusement sa tête). Arrivé à la civilisation, ce pouvoir charmeur va semer la discorde dans les différents couples du film, que ce soit les domestiques Charles (David Tomlinson) et Betty (Yvonne Owen) ou les amis du couple Nigel (John McCallum) et Isobel (Sonia Holm).

Glynis Johns ne joue jamais la carte de la vamp surnaturelle (comme pouvait le faire une Veronica Lake dans Ma femme est une sorcière (1942) mais au contraire happe les hommes par ce mélange d'innocence et de sensualité, sa voix douce et son regard tendre ce conjuguant à une présence subtilement charnelle. Le fait que tous les hommes soient obligés de la porter d'un lieu à un autre provoque une promiscuité constante où elle susurre les compliments qui les font rougir, où elle les provoque en les incitant à prononcer son nom de manière toujours plus passionnée. Les promesses de voluptés de la sirène constituent en fait une échappatoire pour les hommes dont la fantaisie naturelle semble comme étouffée par leurs compagnes trop terre à terre. On l'aura vu avec le refus de Clare d'aller à la pêche en ouverture, il en va de même pour Nigel, peintre dont la fiancée se désintéresse du travail et même le majordome Charles révèle un aspect plus rêveur que le suppose au départ sa relation terne avec Betty.

Ken Annakin apporte la flamboyance formelle à la Gainsborough pour amener le piquant attendu à l'ensemble aidé par la belle photo de Bryan Langley. L'appartement bourgeois du couple offre un visuel des plus soigné, tout comme l'antre délicieusement kitsch de la sirène. Chaque séduction de Miranda est révélé par un lieu : l'atelier du peintre - et la peinture concentrée de l'attrait charnel de la figure féminine, fréquent chez Gainsborough -, le zoo qui fait tomber les réserves du guindé Charles et surtout un très osé bain de minuit dans une crique entre Paul et Miranda (où on le voit distinctement dégrafer sa robe). C'est très amusant donc grâce à ces provocations masquées sous l'aspect mignon du film, et qu'Annakin truffe de quelques gags plaisant où le bocal à poissons voit ses hôtes diminuer a vu d'œil pour les plus observateurs, Miranda vole la denrée de poisson à des phoques où fait profiter de ses dons pour le chant dans un opéra.

Alors que le film semble néanmoins retomber sur ses pattes morales au final, une dernière image de Miranda nous signifie bien que l'adultère a été consommé. Avec qui ? Mystère ! Le film sera un des plus grand succès du box-office anglais en 1948, au point de générer une suite tardive (et réputée moins bonne, sans doute car hors du giron Gainsborough désormais fermé) avec Mad About Men (1954) où Glynis Johns reprend son rôle.

Sorti en dvd zone 1 chez VCI et sans sous-titres français 

Extrait

2 commentaires:

  1. "Splash" n'était donc qu'un remake !

    E.

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  2. " Alors que le film semble néanmoins retomber sur ses pattes morales au final, une dernière image de Miranda nous signifie bien que l'adultère a été consommé."

    Ha ha, je suis peut-être triviale mais je pense que physiologiquement parlant ...ça n'a pas dû être une mince affaire !! Et puis les écailles c'est froid !! Mais fi de ces détails, c'est l'amour qui transcende, of course.

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