Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 2 juillet 2023

Echoes of the Rainbow - Sui yuet san tau, Alex Law (2010)


 La famille Law mène une vie simple mais heureuse à Sheung Wan. Le plus jeune fils rêve d’être astronaute, d’épouser Petrina Fung et d’imiter la réussite scolaire et sportive de son grand frère. La corruption, la concurrence croissante et les violents typhons viennent troubler leur routine à Hong Kong.

Echoes and the Rainbow est une des rares exceptions voyant les tâches s’inverser dans le duo créatif constitué par Mabel Cheung et son époux Alex Law. Ce dernier est ordinairement dans l’ombre et au scénario des films réalisés par Mabel Cheung avec les désormais classiques du cinéma de Hong Kong que sont des œuvres comme An Autumn Tales (1987), Eight Tales of Gold (1989) ou The Soong Sisters (1997). Echoes of the Rainbow est donc seulement la troisième réalisation d’Alex Law, Mabel Cheung officiant en tant que productrice dans ce qui est un vrai récit autobiographique où Law cherche à rendre hommage à sa famille et à son frère aîné prématurément décédé.

Le film retrouve la veine rétro et le point de vue enfantin de Painted Faces (1988), sa première œuvre. Cherchant un quartier de Hong Kong ayant conservé l’architecture de la ville durant les années 50/60, la production opte pour un tournage dans le quartier de Wing Lee Street. L’immense succès commercial du film va permettre de préserver le quartier tel quel alors qu’il était menacé de destruction par des promoteurs immobiliers. Le patrimoine et l’identité profonde hongkongaise devient d’autant plus cruciale à préserver à l’époque en 2010, le rapport s’étant inversé avec la Chine continentale en comparaison du contexte du film se déroulant en 1969 - où il y a une forme de transition entre les migrants Chinois à Hong Kong et leurs enfants qui seront plus profondément attaché à la ville devenue un foyer et plus seulement un lieu de transit. Le film brasse ainsi une nostalgie et des problématiques contemporaines qui expliquent l’accueil du public local.

Alex Law déploie une tranche de vie tendre et attachante où il va dépeindre le quotidien de la famille Law à travers le regard du turbulent fils cadet (Buzz Chung en double de Alex Law). La voix off naïve nous dépeint avec humour les autres membres de la famille, le père cordonnier et bougon (Simon Yam), la mère gouailleuse et roublarde (Sandra Ng) et le frère aîné Desmond (Aarif Lee), véritable modèle en tant que sportif accompli et élève brillant. La scène d’ouverture où le jeune héros arpente le quartier un bocal sur la tête (il rêve d’être astronaute) et voyant des images d’archives du « vieux » Hong Kong à travers celui-ci annonce la couleur nostalgique et rêvée du film. 

La reconstitution sobre et réaliste se conjugue à une photo plus stylisée de Charlie Lam qui façonne un écrin qui prolonge l’aura de passé et paradis perdu pour l’enfant. Les commentaires facétieux du garçonnet, les gags bien sentis et les protagonistes truculents illustre un idéal d’enfance insouciante et idéalisée, accompagnée de situations chaleureuses qui donne corps à ce quartier et ces habitants comme les scènes de dîner où tous les commerçants de la rue sortent leur table et partagent ensemble leur repas. Alex Law avec des effets simples notamment dans les dialogues (le père demandant au fils ce qu’il a appris à son retour d’école, et la réponse répétitive et narquoise de ce dernier) à nous inscrire dans ce quotidien de façon très attachante.

Tant que l’on reste sur cette ligne de la chronique, c’est brillant tout en laissant émerger un spleen progressif lorsque le frère aîné prend peu à peu conscience de son rang social et des sacrifices de ses parents à travers sa romance avec une camarade nantie. La seconde partie plus explicitement dramatique verse malheureusement dans le mélo un peu forcé et prévisible, malgré l’émotion indéniable fonctionnant grâce à la mise en place initiale et à l’hommage sincère que souhaite rendre Alex Law à son frère. Un très joli moment donc malgré les scories de son dernier acte.

Sorti en dvd et bluray chez Spectrum Film

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