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vendredi 28 juillet 2023

The First Slam Dunk - Takehiko Inoue (2023)


Le meneur de jeu de Shohoku, Ryota Miyagi, joue toujours intelligemment et à la vitesse de l'éclair, contournant ses adversaires tout en gardant son sang-froid. Né et élevé à Okinawa, Ryota avait un frère aîné de trois ans de plus. Sur les traces de ce dernier, joueur local célèbre dès son plus jeune âge, Ryota est également devenu accro au basket. En deuxième année de lycée, Ryota fait partie de l'équipe de basket-ball du lycée Shohoku, aux côtés de Sakuragi, Rukawa, Akagi et Mitsui, et participe au championnat national inter-lycées. À présent, ils sont sur le point de se mesurer aux champions en titre, les joueurs du lycée Sannoh Kogyo.

The First Slam Dunk est enfin l’occasion de rendre justice en animation à un véritablement monument de la pop culture japonaise. Slam Dunk fut un des piliers de l’âge d’or des années 90 du Weekly Shonen Jump, magazine de prébublication manga qui triomphait à cette époque avec des titres aussi emblématiques que Dragon Ball, Yu Yu Hakusho ou encore Racailles Blues. Slam Dunk était un manga sportif témoignant de la passion de son auteur Takehiko Inoue pour le basket, et dont le succès contribua à considérablement populariser la discipline au Japon. Ses héros renégats, têtes de mules et dur à cuire, son humour décapant et surtout la virtuosité croissante d’Inoue pour traduire l’intensité des matchs en fait encore aujourd’hui un mètre-étalon rarement égalé du manga sportif et nekketsu. Slam Dunk eut bien sûr droit à l’époque à son adaptation animée à la télévision, longue de 101 épisodes et diffusée entre 1993 et 1996. Cependant cette dernière s’avérait assez moyenne et loin des joutes effrénées du manga, en plus de ne pas adapter ce dernier jusqu’au bout. Le succès de Slam Dunk ne s’est jamais estompé depuis sa conclusion et le titre a traversé les générations au point de devenir aussi intemporel que Dragon Ball, la moindre réédition le propulsant de nouveau au sommet des ventes. Il ne restait donc que ce sentiment de frustration et d’inachevé par rapport à une version animée digne de ce nom, jusqu’à l’annonce surprise par Takehiko Inoue de la production d’un nouveau film dont il serait le scénariste et réalisateur. Le résultat nous arrive enfin avec The First Slam Dunk et il est époustouflant.

Le film adapte le dernier acte du manga soit le match opposant l’équipe de nos héros, celle du lycée de Shohoku, à celle de Sannoh. Sur papier cette conclusion constituait un climax absolument extraordinaire montrant un Inoue à son zénith graphique et narratif, nous tenant en haleine plusieurs volume sur ce match haletant qui résolvait tous les enjeux sportifs et dramatiques du manga. Comment égaler ce tour de force jouant sur le côté feuilletonesque du manga (ou d’une série d’animation) dans un film de deux heures ? Inoue y parvient en choisissant de déconstruire puis reconstruire sa création spécifiquement pour le médium cinématographique. Le manga avait pour héros Hanamichi Sakuragi, novice du basket aux aptitudes physiques hors-normes qui permettait au lecteur de s’initier à ce sport avec lui. Inoue change cette dynamique dans le film et met en avant le personnage Ryota, soit le moins caractérisé dans le manga du « cinq majeur » de l’équipe de Shohoku composé de sakuragi, le surdoué et ténébreux Rukawa, le capitaine et mentor Akagi, l’espoir déçu et voyou Mitsui. Il invente tout un background familial poignant à Ryota avec cette ombre du frère disparu, les rapports conflictuels avec sa mère, ses origines modestes, et met ces enjeux intimes en corrélation avec ceux sportifs du match dont la narration se fera en quasi-temps réel. Au fil des rebondissements du match, des moments galvanisants comme de renoncements, les héros du manga retrouvent de leur caractérisation en situation, renforcé par des flashbacks toujours bien amenés.

C’est un véritable tour de force qui parvient à conjuguer une pure dramaturgie sportive avec une autre plus classique et émotionnelle. Le film bénéficie de la volonté récente de Toei Animation d’offrir des écrins techniquement novateurs à leurs licences les plus emblématiques, la preuve avec dernièrement un impressionnant Dragon Ball Super : Broly. The First Slam Dunk bénéficie donc d’une animation virtuose frisant avec le photoréalisme pour traduire les joutes acharnées, la gestuelle véloce et les démonstrations de forces rageuses entre les deux équipes. La sueur est palpable, la crispation des muscles et des visages plus vraies que nature, la gestion de l’espace parfaite dans les avancées sur le terrain et chaque rebond est un duel mental et physique de tous les instants. 

Plus le film avance, plus Inoue se déleste des artifices extradiégétiques (flashbacks, musiques) pour nous plonger de plain-pied dans l’urgence du match, des vivas de la salle, des invectives et grognements des joueurs, le public dans les gradins se confondant avec les spectateurs de la salle de cinéma lorsque tous retiennent leur souffle dans le moindre combat d’un rebond – effet largement vérifié durant la séance de l’avant-première et son public très impliqué et participatif., . Le film parvient ainsi par cette approche sur le vif à être accessible pour le novice comme le connaisseur du manga qui le redécouvre sous un nouveau jour, tout en ayant peu à peu ses petites satisfactions de fans à travers les facéties de Sakuragi, ces dernières ne faisant plus office d’aparté comique mais de vrai moteur dramatique. Visuellement le film témoigne aussi de l’évolution graphique d’Inoue, le chara-design des personnages tout en respectant la charte du manga adoptant un style plus réaliste (entrevu sur la fin de Slam Dunk) avec des visages plus spécifiquement japonais à la manière de Real et Vagabond, ses œuvres à succès qui suivirent Slam Dunk

The First Slam Dunk n’est donc pas seulement une excellente adaptation, mais tout simplement un sommet tout médias confondus dans les tentatives de retraduire la tension d’une joute sportive au cinéma.

En salle

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