Un psychopathe harcèle une employée de banque. Il ne lui laissera la vie sauve qu'à la condition qu'elle détourne une forte somme d'argent à son profit. La victime fait appel à l'inspecteur John Ripley.
On associe volontiers toujours Blake Edwards à son genre fétiche de la comédie qu'il aura su aborder sous toutes les facettes : burlesque avec The Party et les Panthère Rose, romantique avec Diamants sur canapé, douce-amère dans Elle ou encore franchement grinçant dans SOB. Edwards a pourtant un registre bien plus varié et hormis le fantastique on trouve finalement tous les genres dans sa filmographie du western Deux hommes dans l'Ouest au film d'espionnage Top Secret ou du film de guerre (même pour rire) Qu'as tu fais à la guerre papa?. Experiment in terror (sorti à l'époque sous le titre Grip of Fear) est une de ses premières tentatives d'élargir sa palette avec ce thriller oppressant même si la vraie mue se fera avec le drame sur l'alcoolisme Le Jour du Vin et des Roses, un de ses chefs d'œuvre.
Loin d'être parfait Allo, Brigade Spéciale souffre de quelques défauts majeurs, essentiellement dû à un script à la construction souvent laborieuse et pas dénué de facilité. Il suffit donc de passer un coup de fil nocturne apeuré pour tomber sur un ponte du FBI qui vous déroulera les grands moyens, sans parler de la motivation pécuniaire du psychopathe qu'on a bien du mal à lier à sa perversion bien réelle ainsi que de nombreuses longueurs pour cette trame plutôt limitée qui s'étale sur plus de deux heures. La réussite du film tient donc essentiellement par l'atmosphère trouble et menaçante qu'il dégage, mettant le spectateur mal à l'aise plus d'une fois. Le générique nous montrant un San Francisco sur la basse pesante du score de Henry Mancini instaure d'emblée inquiétude qui va se manifester concrètement lors de la terrifiante séquence où Lee Remick est agressée par un psychopathe tapi dans les ténèbres de son garage.
Le souffle court et asthmatique, la voix à l'intonation perverses et les mains se promenant on ne sait où sur le frêle corps d'une Lee Remick incapable de bouger, Edwards donne là une introduction terrifiante de malaise.
Le film a du mal à maintenir cette tension par la suite mais est parsemé de moments de suspense redoutables. On pense à ce meurtre étrange dans une maison truffée de mannequin, ce moment où le tueur oblige Stéphanie Powers (dont le personnage alourdissait le récit jusque-là) à se déshabiller devant lui ou le final palpitant en plein match de base-ball. Edwards peine à maintenir l'intérêt (malgré une menace urbaine puissante lors de toutes les scènes nocturnes) entre ses morceaux de bravoures mais ces derniers sont si brillamment exécutés qu'il relance constamment l'ensemble.
L'impassibilité de Glenn Ford en agent du FBI s'oppose à l'anxiété d'une formidable Lee Remick (qui retrouvera Edwards dans la foulée pour Le Jour du Vin et des Roses) mais c'est véritablement Ross Martin en tueur qui les éclipse tous avec une présence plus limitée à l'écran. Le futur Artemus Gordon de la série Les Mystères de L'Ouest fait déjà montre d'un gout certain pour le travestissement et ici son regard torve, ses rictus pervers et son phrasé vicieux en font un méchant très impressionnant. Plutôt inégal donc mais audacieux et rondement mené.
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