Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 29 juin 2012

Joseph Andrews - Tony Richardson (1977)



Angleterre, XVIIIème siècle. Joseph Andrews, abandonné par ses parents, est recueilli par Lady Booby. Plus le temps passe et plus la jeune femme est séduite par le charme et la jeunesse du garçon. Bien décidée à l'initier aux plaisirs de l'amour, elle ne comprend pas quand celui-ci, éperdument amoureux d'une autre, refuse ses avances. Mis dehors, contre son gré, par Lady Booby, Joseph Andrews va vivre des aventures extraordinaires et va tout faire pour conquérir sa Belle...

14 ans après son génial Tom Jones, Tony Richardson adaptait pour la seconde fois Henry Fielding avec ce Joseph Andrews. On se souvient qu'avec Tom Jones, Richardson avait idéalement transposé la truculence, la provocation et la touche picaresque et morale de l'auteur avec une approche visuelle pop outrancière jamais vue dans un film en costume. Joseph Andrews est dans cette continuité et plus excessif encore, les dernières entraves de la censure freinant (un peu) la provocation de Tom Jones étant ici totalement dynamité. Tony Richardson réalise là l'anti Barry Lyndon par excellence. Rarement le XVIIIème aura paru aussi laid à l'écran (quand Tom Jones sous le délire gardait encore une certaine élégance classique de film en costume).

Donc ici le manque d'hygiène de cette période se rappelle à notre bon souvenir avec son défilé de figures rougeaudes, crasseuses et grotesque à la dentition gâtée chez les démunis quand pour les nantis l'avalanche de poudre sur les visages semble dissimuler les maladies de peau les plus diverses et faire ressembler ses membres à des spectres ridicule (les maquilleurs exagérant la chose avec du grain de beauté bien immondes placés n'importe comment). Les costumes et décors sont à l'avenant dans le mauvais gout volontaire, tout en couleurs criardes affreuses et en corset monstrueux perdant tout aura érotique.

Les seuls à traverser cet ensemble sordide en conservant leur beauté et leur innocence son notre héros Joseph Andrews (Peter Firth) et son aimée Fanny (Natalie Ogle). Leur traits fin et juvéniles, leur candeur en font presque des intrus dans ce cadre horrible et le récit cherche constamment souiller cette innocence à travers diverses péripéties toujours plus folles. Fanny manque donc d'être sauvagement violée plus d'une fois dans des circonstances de plus en plus extravagante (le summum étant atteint lors d'un cérémonie "religieuse" où des nonnes au formes généreuse entament un cantique paillard) tandis que Joseph subira les assauts de tout ce que le casting compte de personnage féminin, de la noble au port altier à la servante obèse repoussante (Beryl Reid géniale en Mrs. Slipslop).

Le roman de Fielding dénonçait la perversion des classes aisées sous couvert de vertus morales et de valeurs chrétiennes auquel il confrontait des figures idéalisées de pureté. Richardson saisit bien cela avec un couple de héros frisant la niaiserie et la transparence tandis que le reste de la distribution s'en donne à cœur joie. A ce petit jeu, Ann-Margret au charme toujours aussi ravageur tire une performance jubilatoire en noble tiraillée par le désir pour son valet Joseph dont la vertu la désespère. Il faut voir ces tentatives de séduction outrancières sans succès et le machiavélisme dont elle fait preuve pour séparer le couple.

Le traitement anarchique des meilleurs moments de Tom Jones est ici étendu à tout le film où Richardson use d'une mise en scène toujours aussi peu conventionnelle et truffée d'astuces narratives (les passages chantés et poétique qui alimentent en informations qui conduiront aux révélations lors de la chute) inventive. Par contre le charisme d'Albert Finney permettait d'être captivé par le destin du héros de bout en bout quand ici (même si c'est voulu) Peter Firth s'avère un peu insipide, l'innocence n'empêchait pas un personnage plus volontaire quand ici il passe au second plan face à Ann-Margret. Très plaisant tout de même notamment le final qui ose les transgressions généralement évitées dans d'autres adaptations quand se révèleront les liens familiaux entre tout ce petit monde.

Sorti en dvd zone 2 français chez Doriane Films

Extrait avec Ann Margret au sommet de sa (ses) forme(s) !

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