Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Après la mort de son père dans
l'incendie d'un bar minable qu'il tenait dans le sud des USA, Lily
Powers écoute les conseils d'un client qui l'encourage à quitter la
ville et à utiliser les hommes pour réussir au lieu d'être utilisée par
eux. Débarquée à New York, elle se fait engager dans une banque et
gravit les échelons de la hiérarchie, en même temps que les étages du
building, en séduisant les hommes, du chef du personnel au directeur,
les renvoyant au fur et à mesure qu'elle n'en a plus besoin.
Baby Face s'affirme comme une réponse de la Warner au sulfureux Red-Headed Woman produit par la MGM l'année précédente et où Jean Harlow gravissait en
usant de ses charmes les échelons de la haute société. Bien que marqué
chacun par le spectre de la Grande dépression, les deux films diffèrent
pourtant dans le ton et principalement à cause de la personnalité de
leurs actrices et héroïnes. Red-Headed Woman
justifiait par un ton rigolard et coquin les exactions de Jean Harlow
dont le capital sympathie faisait tout passer. Le ton sera bien plus
sombre dans Baby Face faisant
office de vrai manifeste féministe pour justifier l'attitude de Lily
Powers (Barbara Stanwyck).
Celle-ci a grandi dans la véritable fange
d'un quartier pauvre d'une ville du sud des États-Unis. Servante dans le
bar miteux de son père, elle y est régulièrement confrontée au machisme
et à l'attitude libidineuse des répugnants clients qui entre mains
baladeuses et remarques salaces donne une vision désastreuse de la gent
masculine. Les hommes s'avèrent des porcs indignes de confiance dont le
dégout de Lily remonte à loin, un dialogue suggérant que son propre père
a déjà abusé d'elle et ce dernier n'hésitant pas à la donner en pâture
aux les plus puissants et pouvant contribuer à ses affaires. Lorsque ce
géniteur indigne meurt accidentellement, le seul homme l'ayant jusque-là
soutenue la pousse à endosser son destin. Son attrait physique ayant
toujours fait d'elle la proie des hommes doit désormais devenir une arme
lui servant à les dominer et accéder aux sommets.
Dès lors les
airs aguicheurs, les robes moulantes et les regards brûlants
constitueront des pièges implacables dans lesquels tous les hommes se
laisseront prendre. Baby Face
s'avère moins ouvertement "sexy" que Red-Headed Woman et son
festival de nudité mais bien plus provocateur. Les hommes tels qu'ils
sont dépeints justifient ainsi pleinement l'attitude de l'héroïne. Lily
arrive en guenilles et sans le sou au pied de l'immense building qui
abrite la banque et la caméra d'Alfred E. Green arpente les étages de
l'extérieur au fil de son ascension. À l'intérieur, les chefs de
service, directeur et vice-président succombent à tour de rôle, leur
rang, âge et supposée morale étant balayés par le désir irrépressible
qu'éveille en eux Lily. Les tenues se font plus sophistiquées, la
séduction plus subtile et les cibles à conquérir toujours puis
puissantes.
Barbara Stanwyck est comme d'habitude formidable, la
froide détermination se lisant constamment sous les attitudes
provocantes et son propre passé difficile et misérable déteint aisément
dans la vérité que véhicule le personnage. La présence glaciale dissimule
pourtant un vrai dépit se révélant par intermittences, que ce soit ce
soir de Noël passé en solitaire où le Terrible fait divers qu'elle va
provoquer mais comme toujours l'inconsistance masculine fera disparaître
tout état d'âme. La rencontre avec un homme sachant ce qu'elle est
(George Brent) mais prêt à l'aimer au-delà du simple assouvissement
charnel pourrait peut-être faire vaciller l'ambitieuse. C'est en tout
cas ce que suggère le beau final même si justifié par la censure qui
refusa la conclusion initiale bien plus cinglante et amorale. Une
séquence retrouvée en 2004 et incluse lors de la restauration du film,
dommage qu'elle ne soit pas visible sur le DVD mais Baby Face demeure un des Pré-code les plus brillants de l'époque.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner
vous écrives : son père dans l'incendie d'un bar minable qu'il tenait dans le sud des USA, Lily Powers écoute les conseils d'un client qui l'encourage à quitter la ville et à utiliser les hommes pour réussir au lieu d'être utilisée par eux.
Il n'est pas inutile de préciser que ce père a le premier abusé d'elle et l'utilise pour attirer les hommes dans son bar, hommes auxquels il la vend. Un client bien intentionné lui donne à la lire : LA VOLONTE DE PUISSANCE de Nietzsche, qui lui passe au-dessus de la tête, mais dont elle comprend après l'explication de texte qu'il suffit de VOULOIR. Grimper les étages de la société n'est jamais aussi éloquent qu'à New York et l'étonnant est la célérité avec laquelle Barbara passe d'un étage à l'autre, provoquant finalement la chute de l'édifice (je dis tout cela sans avoir lu entièrement votre chronique, mais j'y reviendrai dans la soirée). Je dois impérativement aller renouveller mon stock de 5 films demain …
finalement, je lis votre chronique. (Il y a des jours où j'arrive droit au but dans vos colonnes). Nous sommes assez d'accord sur l'essentiel, mais je crois avoir dit ailleurs au sujet de ce film, que le rythme de l'ascension et la chute en faisaient presque une caricature. On ne voit que la charge (carica en italien), rien de la profondeur du personnage sinon en filigrane le souvenir de l'enfance sordide. Je préfère, sans doute parce que je suis sentimentale et n'en ai pas honte, THE PURCHASE PRICE. Brent y est photographié mieux que jamais et il est plus beau ici qu'aux côtés de Bette Davis, ou même dans BABY FACE. L'idée de s'acheter un mari pour 100 $ : the purchase price, et qui plus est, un fermier est délicieuse. Dans de semblables circonstances, bien des femmes se réfugient au couvent...
Pour le côté accéléré peut être caricatural (ça ne m'a pas fait cette impression) c'est aussi inhérent au genre du Pré Code avec sa narration très rapide (tous les films du à peine une heure) qui va à l'essentiel quitte accumuler les péripéties surtout que là la belle idée visuelle et le symbole de l'immeuble fonctionnent parfaitement. C'est un peu une convention, ça surprend mais ça donner une vraie énergie et fougue à la narration. J'avais moins accroché Purchase Price dont j'ai parlé aussi sur le blog mais j'avais vraiment été subjugué par la prestation de Barbara Stanwyck qui illumine complètement le film. J'en parlais là http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2013/08/the-purchase-price-william-wellman-1932.html
O.K. Purchase Price est plus trivial, alors que BABY FACE est une parabole. Oui, c'est vrai : ces films sont très courts — ce que j'apprécie énormément — Oui, Stanwyck donne vraiment le meilleur d'elle-même ici, elle s'épanouit au fur et à mesure qu'elle s'accoutume à son nouvel environnement. Dans L ANGE BLANC elle a un gentil crétin pour amant et un redoutable adversaire dans la personne de Gable : elle n'est jamais aussi jolie que quand elle est heureuse (mon leitmotiv…)
vous écrives :
RépondreSupprimerson père dans l'incendie d'un bar minable qu'il tenait dans le sud des USA, Lily Powers écoute les conseils d'un client qui l'encourage à quitter la ville et à utiliser les hommes pour réussir au lieu d'être utilisée par eux.
Il n'est pas inutile de préciser que ce père a le premier abusé d'elle et l'utilise pour attirer les hommes dans son bar, hommes auxquels il la vend.
Un client bien intentionné lui donne à la lire : LA VOLONTE DE PUISSANCE de Nietzsche, qui lui passe au-dessus de la tête, mais dont elle comprend
après l'explication de texte qu'il suffit de VOULOIR.
Grimper les étages de la société n'est jamais aussi
éloquent qu'à New York et l'étonnant est la célérité avec laquelle Barbara passe d'un étage à l'autre, provoquant
finalement la chute de l'édifice (je dis tout cela sans
avoir lu entièrement votre chronique, mais j'y reviendrai dans la soirée). Je dois impérativement aller renouveller
mon stock de 5 films demain …
finalement, je lis votre chronique. (Il y a des jours où j'arrive droit au but dans vos colonnes). Nous sommes assez d'accord sur l'essentiel, mais je crois avoir dit ailleurs au sujet de ce film, que le rythme de l'ascension et la chute en faisaient presque une caricature. On ne voit que la charge (carica en italien), rien de la profondeur du personnage sinon en
RépondreSupprimerfiligrane le souvenir de l'enfance sordide. Je préfère, sans doute parce que je suis sentimentale et n'en ai pas honte, THE PURCHASE PRICE.
Brent y est photographié mieux que jamais et il est plus beau ici qu'aux côtés de Bette Davis, ou même dans BABY FACE. L'idée de s'acheter un mari pour 100 $ : the purchase price, et qui plus est, un fermier est délicieuse. Dans de semblables circonstances, bien des femmes se réfugient au couvent...
Pour le côté accéléré peut être caricatural (ça ne m'a pas fait cette impression) c'est aussi inhérent au genre du Pré Code avec sa narration très rapide (tous les films du à peine une heure) qui va à l'essentiel quitte accumuler les péripéties surtout que là la belle idée visuelle et le symbole de l'immeuble fonctionnent parfaitement. C'est un peu une convention, ça surprend mais ça donner une vraie énergie et fougue à la narration. J'avais moins accroché Purchase Price dont j'ai parlé aussi sur le blog mais j'avais vraiment été subjugué par la prestation de Barbara Stanwyck qui illumine complètement le film. J'en parlais là http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2013/08/the-purchase-price-william-wellman-1932.html
RépondreSupprimerO.K. Purchase Price est plus trivial, alors que BABY FACE est une parabole. Oui, c'est vrai : ces films sont très courts — ce que j'apprécie énormément — Oui, Stanwyck donne vraiment le meilleur d'elle-même ici,
RépondreSupprimerelle s'épanouit au fur et à mesure qu'elle s'accoutume à
son nouvel environnement. Dans L ANGE BLANC elle
a un gentil crétin pour amant et un redoutable adversaire dans la personne de Gable : elle n'est jamais aussi jolie que quand elle est heureuse (mon leitmotiv…)