Lombardie, XIIème siècle. Dardo, un
héros à la Robin des Bois, est accompagné de ses loyaux compagnons.
Ensemble, ils installent leur quartiers dans les ruines d'une église et
préparent une insurrection contre le tyrannique comte Ulrich, qui
retient prisonnier le fils de Dardo.
Jacques Tourneur signe un bondissant film d'aventures avec La Flèche et le Flambeau
qui démontre s'il était encore besoin l'étendue de son registre tout en
mettant définitivement sur orbite la carrière de Burt Lancaster ici
bien loin des rôles torturés qui le révélèrent dans Les Tueurs (1946) et Les Démons de la liberté
(1947). Ambiance médiévale bariolée à la sauce hollywoodienne, héros
sautillant et charmeur, on pense forcément à la vision du film au
classique de Michael Curtiz Les Aventures de Robin des Bois
(1938). La comparaison est logique vu que le rôle était initialement
prévu pour un Errol Flynn ayant pourtant déjà amorcé son déclin et
surtout car la Warner a recyclé ici nombre des décors du film de Curtiz.
On
est fort heureusement loin du décalque ici à tout point de vue. Si on a
la traditionnelle opposition entre dominant/dominé avec l'envahisseur
germanique et le peuple de Lombardie, le traitement est assez différent.
La révolte reste en sourdine jusqu'au réveil de l'individualiste et
insouciant Dardo (Burt Lancaster) uniquement préoccupé du bien-être de
son fils et dont l'antagonisme avec l'envahisseur repose avant tout sur
l'abandon du foyer de son épouse pour le perfide Comte Ulrich de Hesse
(Frank Allenby).
L'union de hors-la-loi en forêt ne se fait alors que
lorsque le fils de Dardo est enlevé par Ulrich, l'enjeu reposant autant
sur la reconstruction familiale que de la reconquête de la Lombardie. En
mère de substitution on aura une magnifique Virginia Mayo en marquise
hautaine peu à peu séduite par la rudesse de Lancaster, mais le rythme
file tellement vite que l'on prend guère le temps de développer cette
idée et si le couple dégage un charme certain la relation est tout de
même un poil mécanique par rapport en l'enchantement constant qu'amenait
le duo Errol Flynn/Olivia de Havilland par exemple.
Côté
spectaculaire on est servi avec un Tourneur inspiré et formidablement
aidé par un Burt Lancaster ravi de déployer ses aptitudes physique. La
star impose une présence unique avec ses allures de gros ours rigolard
et séducteur, aussi à l'aise dans la bagarre chaotique (formidable
première bagarre au château où il défait les assaillants avec tous les
objets lui passant sous la main) que dans la cascade virtuose où les
prouesses de trapézistes issue de son expérience du cirque (son acolyte
de l'époque jouant l'acolyte muet Piccolo et l'ayant suivi dans de
nombreux films) donne nombre de morceaux de bravoures ahurissant pour
l'essentiel exécuté par lui-même.
L'aspect outrancier et cartoonesque
des scènes d'actions, aussi impressionnantes qu'outrancières donne
d'ailleurs un côté bd des plus ludiques notamment dans le final
chaotique agrémenté de la troupe de forain (déguisement d'ours, coup de
poings dévastateur, chute en pagaille). Ne manque qu'Idéfix et la potion
magique (puisque même le barde insupportable à la Assurancetourix est
bien là) pour se croire dans Astérix et l'on peut supposer que le film a
pu être une inspiration de Goscinny et Uderzo. Tourneur loin d'être un
illustrateur plat des prouesses de sa star confère une formidable
énergie et urgence à l'ensemble (84 minutes à peine !) et montrant
preuve de son inventivité habituelle avec notamment un fabuleux duel
nocturne à l'épée. C'est sur une ultime cabriole de Lancaster qu'on
quitte ce divertissement idéal avec un grand sourire.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
[Film] The Substance, de Coralie Fargeat (2024)
Il y a 8 heures
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